Albert MARCŒUR : Figure libre

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Albert MARCŒUR

Figure libre

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Il est de retour ! La graine d’un certain esprit «in opposition made in France» continue de provoquer ses ravages avec, toujours, ce sens de la radicalité humble, de la narration rigoureuse et piquante et de l’artisanat perfectionniste. Mais c’est par la porte virtuelle qu’il faudra désormais profiter des naïvetés corrosives d’Albert MARCŒUR, qui ne veut plus s’encombrer de relais marketing aléatoires. Cela ne l’empêche pas d’avoir un regard aiguisé sur les perversités de la société médiatique, religieuse et marchande et de stigmatiser dans son nouvel album des «cas de figure» exemplaires. Bien qu’ayant élu domicile dans l’ombre du web, MARCŒUR ne lâche pas ses proies, et ses fantaisies sémantiques et ses trouvailles sonores se portent au mieux ! Albert MARCŒUR dit beaucoup de choses dans son dernier opus, mais il a tenu à ajouter des points sur les «i» dans l’entretien qu’il a bien voulu accorder à RYTHMES CROISÉS.

Autant Sport & Percussions – votre précédent album si l’on excepte M.a.r. et cœur comme cœur, qui est un recueil d’inédits – affichait une instrumentation minimaliste, en tout cas plus resserrée (guitares, basses, batteries, percussions), autant Plusieurs cas de figure se distingue par sa palette riche en couleurs du fait de la présence de l’Orchestre national d’harmonie. Pourquoi avoir eu recours à un orchestre ? Qu’est-ce qui a généré cette rencontre ?

Albert MARCŒUR : L’Orchestre national d’harmonie a été créé pour cet album. Il est constitué de membres d’orchestres d’Harmonie Côte-d’oriens et d’élèves du Conservatoire national de région de Dijon que j’ai rencontrés et avec qui j’ai travaillé lors de la création d’une pièce commandée par le département pour deux harmonies et un groupe électrique (1997-1998). J’ai pu imaginer, tenter plein de combinaisons sonores bois/cuivres/instruments électriques. J’ai pu également, pendant les répétitions, sentir, jauger les intérêts, les curiosités de chacune et chacun.

Les musiciens amateurs qui jouent dans les fanfares ou les orchestres d’harmonie se classent en 3 catégories :

1. ceux qui n’en ont rien à foutre ;
2. ceux qui font ça pour passer le temps, occuper leurs loisirs, donner un sens à leur vie,… non j’exagère ;
3. ceux qui ont le feu au cul.
J’ai eu envie de travailler bien évidemment avec la troisième catégorie.

Au cours du temps, il semble que vous ayez délaissé l’impulsion rock au profit d’une approche plus classique. Est-ce par nostalgie du temps passé au conservatoire dans votre jeunesse ?

AM : L’atmosphère créée par les guitares de Stéphane SALERNO engendre un système de pensée rythmique différent des processus rythmiques du rock traditionnel. Les résonances, les frisures des cordes, les matériaux qui vibrent, les sympathiqueries et enharmonies diverses ; on a tout c’qu’il faut déjà ! On a des basses, des accords, des percussions, des attaques, qu’est-ce qu’on peut demander de mieux !?

Pourquoi la musique rock aurait-elle toujours besoin d’une batterie, d’une basse, de sons saturés électriquement… ? Sûrement, la présence de l’Orchestre national d’harmonie a dirigé mon esprit vers des couleurs climatiques éloignées à priori des ingrédients (du) rock…

Quant à mes influences classiques, je ne les utilise pas par nostalgie, ni pour amortir les dépenses occasionnées par des études coûteuses au Conservatoire, ou pour rentabiliser le temps de vie passé sur les chaises du même Conservatoire. Je n’ai aucun pouvoir sur elles. Elles sont là et même si elles s’en vont faire un tour, à un moment, parce qu’on n’a pas besoin d’elles, elles vont prendre l’air, boire un coup et réapparaissent à la première occasion moins crispées, plus sournoises, accompagnées souvent d’autres influences rencontrées au bar ou dans la rue.

Plusieurs chansons dans votre dernier album brossent le portrait, plutôt corrosif, de plusieurs personnalités médiatiques (Robert Hossein, Anne Sinclair, Brigitte Bardot…). En quoi celles-ci constituent-elles des «cas de figure» ?

AM : Ce sont des «cas de figure» exemplaires de la prostitution et de la démagogie dans tout ce qu’elle revêt aujourd’hui d’hypocrisie et d’envie de dégueuler. Je sais que je ne devrais pas m’occuper de ces choses, mais c’est plus fort que moi. Anne Sinclair, journaliste d’investigation, femme du ministre de l’industrie, du commerce et des finances ou le contraire, nous montre dans une revue que je ne citerai pas parce y’en a tellement dans ce genre-là…, nous montre son appartement, pas si bourge que ça en définitive, alanguie, ses ongles de doigts de pied vernis rouges, son jean bien moulé, son chapeau sexe et son sourire enjôleur encore jeune. On est sous le charme et, à ce moment de l’envoûtement, le désir de voir une partie plus intime de la personne contemplée se fait sentir. Et la prochaine fois, on aura envie de voir sa moule, à Anne. C’est logique dans le processus évolutif de la retape. Dans Anne chez elle, je ne pouvais employer cette expression grossière, de mauvais goût. J’ai trouvé son pelage pubien plus convenant, disons.

Et de tomber nez à nez, page d’à côté, sur son ministre de mari, une cocotte dans les mains, tablier de cuisine avec une légende du genre «Il cuisine bien nos impôts» ou «La recette d’une bonne économie»… ! La cocotte était vachement chaude, il avait les moufles, ça devait cuire en vrai et je crois me souvenir d’une expression contenant le verbe mijoter.

Robert Hossein, lui, est un cas exemplaire de figure, occupant pas seulement les trottoirs, mais la chaussée du domaine de la racole. Brigitte Bardot, c’est le cas de figure le plus pathétique. C’est pour ça, on va laisser sécher la première couche. Plus envie de polémiquer là-dessus. Ça me fait pitié !

Doit-on voir derrière ces portraits corrosifs une critique de l’état des lieux de la culture à l’heure actuelle ?

AM : Je n’ai pas d’éléments et d’information suffisants pour dresser un état des lieux de la culture, juste s’apercevoir de 2, 3 conséquences inattendues.

J’ai juste voulu faire remarquer que, dans le domaine de la prostitution, nous avions déjà accompli pas mal de travail et que les réunions autour du thème «Jusqu’où peut-on encore aller ?» ne cessent d’augmenter. Les adhérents répondent toujours favorablement aux dernières trouvailles et on peut dire que la censure et l’éthique ne gonflent pas trop les couilles. Et ça peut progresser encore comme ça un petit bout de temps. On assistera au délabrement inexorable de la communication puplicitaire : la république des hommes régie par la raie des femmes publiques, on va vite se lasser !

La chanson De Pierre à Jean-Paul prend à partie la religion chrétienne. S’agit-il là d’une haine inspirée par des souvenirs d’enfance ?

AM : Il y a sur le site une note concernant De Pierre à Jean-Paul : «C’est une virgule sans prétention, pour exprimer à ma façon mon aversion des religions au large, et du catholicisme plus précisément, que je connais mieux, pour l’avoir pratiqué, pas longtemps, mais assez. Et me permettre, modestement d’en parler. Gamin, je voulais être pape. Je voulais m’appeler Innocent XIII. Seulement, y’en avait déjà eu un. J’ai dit : « ça fait rien, j’vais prendre Innocent Treize II ».

Certains chrétiens ont eu le privilège d’approcher le Pape ; certains ont baisé ses pieds et en sont encore tout retournés. Les Papes ne puent pas des pieds. Ils ne portent pas de chaussettes. Les pieds nus dans les sandalettes ; l’air circule, la peau respire. Les pieds des Papes puent en revanche la merde ; à force de regarder en l’air Dieu le Père, qui ne les prévient jamais car ce sont les seuls moments où Dieu le Père s’accorde un sourire.»

Mon enfance a été parsemée, minée, parseminée de bondieuseries traditionnelles comme n’importe quel bambin de culture, de religion et d’âges identiques. Pas plus, ni moins. Je me souviens juste des deux abbés qui me caressaient. Mais sur les deux, y’en avait un qui caressait mieux que l’autre. Je m’en suis vite rendu compte ; j’allais le voir plus souvent, au détriment de l’autre qui s’en est aperçu et qui a cafté, l’enfoiré ! Donc mon abbé préféré s’est fait muter dans un bled au fin fond de j’sais pas où. Je ne l’ai jamais revu. C’est lui qui m’a fait découvrir mes penchants homosexuels, qui a mis au grand jour tout ce que je croyais tabou ; c’est lui qui a éveillé tous mes sens sensibles, sensitifs et sensoriels.

J’ai voulu savoir d’où venait cette propension à distribuer les connaissances et à être les garants de l’épanouissement sexuel des enfants. J’ai cherché, j’ai trouvé et essayé de résumer à ma façon. Je me suis juste permis d’attribuer les exactions diverses relevées au cours des siècles, aux papes qui m’arrangeaient pour des nécessités sonores ou rythmiques. Mais croyez-moi, ce n’est pas très grave si c’est pas Urbain qui tripotait, mais Benoît.

Dans chacun de vos morceaux, les mots sont utilisés pour leurs facultés phonétiques, leurs composants sonores. Est-ce à dire que vous les appréhendez comme s’ils étaient des instruments à part entière ?

AM : Bien sûr. Je les considère ainsi quand ils prennent forme et s’enchaînent dans ma tronche, quand je les écris, quand je les interprète ou les fait interpréter et quand je les mixe à la fin, comme des instruments, pas à des kilomètres devant afin de bien saisir le message. Il m’est insupportable d’entendre des voix, dans quelque genre que ce soit en gros plan sur le devant de l’écran. Ça fait basculer mon équilibre, j’ai besoin d’une canne !

Est-ce les textes qui déterminent la musique ou le contraire ?

AM : Parfois je travaille sur un texte et une impression sonore va pointer son nez. Quelquefois j’écoute en boucle 4 pistes d’instruments que je viens de mélanger et une idée de dialogue ou un texte déjà écrit va me venir à l’esprit. Parfois, les deux surgissent en même temps. Dans Ulysse et Linus , c’est la musique qui m’a fait penser aux 2 gamins qui se répondent. Dans Le Pyjama, c’est la relecture du groupe de mots «pour les ébats» qui m’a fait fredonner la petite mélodie de basse et d’accordéon qui suit. De Pierre à Jean-Paul, texte et musique conçus ensemble. Dans Album de Photos, la guitare de SALERNO, avec ses arpèges, ses silences m’a aiguillé tout de suite sur les feuilles intercalaires en papier de soie qui frémissent sous le doigt humide. L’orchestration a été réalisée ensuite une fois le texte terminé et l’album de photos reformé.

Qu’est-ce qui a motivé la création de votre site ?

AM : Motivations artistiques.

Envie de créer un espace audiovisuel, une salle d’expositions, un magasin, une agence de renseignements, une aire d’écoute, de lecture et de communication au même endroit, à la même adresse. Envie de retravailler avec «Les Imaginaires», qui avaient réalisé la plage multimédia dans M.a.r. et cœur comme cœur.

Motivations politiques.

Orverdose des labels sous licence, des licences avec des labels indépendants dépendant de compartiments eux-mêmes sous licence dans des maisons mères, elles-même dépendant de je ne sais quelle major subordonnée à je ne sais quelle multinationale. Trop d’intermédiaires, de chefs de produit, de directeurs de marketting.

Les maisons de disques aujourd’hui ne sont plus que le rêve culturiâtre de grands magnats de la presse et de la communication, à la recherche d’un monopole audioculturel pendant les réunions avec les actionnaires et d’un émoi de conscience philanthropique avec les reporters de Libération.

Tout ceci est démesurément démesuré, pas vraiment à ma mesure, disons. Moi, j’veux être tout seul, pas dans l’hypermarché mondial de la world musique universelle.

Motivations esthétiques.

Virage de tous les éléments graphiques polluants ayant petit à petit occupé l’espace visuel d’un conditionnement d’album. Je veux parler les logos multiples et variés voisinant avec le code-barre qu’on balade dans toute la surface du verso afin de lui trouver une place et conclure : «c’est finalement comme ça que c’est le moins chiant !». Mais ça, ça concerne plus l’album.

Et sur la galette, l’insigne compact/disc/digital audio !… le magnifique emblème (on ne peut pas appeler ça un logo) de la SACEM. Et les mentions «droits réservés» autour du CD. Grâce à Label Frères, grâce à Crapule ! (réalisateur du digipak), tout ça n’est heureusement que de l’histoire ancienne. Ces dernières motivations ont un rapport avec le site par rebondissement.

En faisant de ce site le seul lieu de vente de vos disques, ne risquez-vous pas de tomber encore plus dans l’indifférence aux yeux du «grand» public, ou de pénaliser le public «non équipé» ?

AM : Je ne comprends pas bien la première partie de cette question. Il a dû y avoir une inversion dans vos fiches ou peut-être souhaitez-vous en secret entendre MARCOEUR inonder nos ondes. Je vous conseille ou plus exactement il me semble raisonnable d’oublier ce scénario.

Je pense que le système de vente en ligne est voué à se développer, à se démocratiser. Les procédés de paiement dans le net et les systèmes de sécurité divers qui les entourent ne sont pas plus à craindre que ceux qui gèrent nos opérations bancaires hors net. Il faut aujourd’hui et une bonne fois pour toutes admettre que rien ne marche bien tout en sachant que ça marche mieux qu’avant, que rien n’est fiable à cent pour cent mais c’est pareil, que ça le devient franchement, que les périodes de garantie diminuent à vue d’oeil, que le matériel informatique et électronique évolue de manière étourdissante et s’obsolétise de plus en plus rapidement. Il en résulte qu’il est très difficile d’acheter bien, d’acheter juste. Des conseils judicieux, avisés, visionnaires et professionnels sont indispensables.

Public sous-équipé ou non-équipé, aujourd’hui peut-être ; demain ça m’étonnerait fort. Tout le monde a intérêt à ce que tout le monde s’équipe. En ce jour du 25 novembre 2001, on peut s’équiper sans délirer, bien sûr, mais honnêtement pour 5000, 6000 FF. Ça n’était pas pensable il y a seulement 5 ans.

Vous avez commencé à rééditer vos premiers disques en CD, avec une formule assez inhabituelle pour se procurer des titres inédits. Pourquoi cette formule ?

AM : Télécharger quelque chose d’inédit sur le net est un acte bandant, jouissif même, pour certains. Après avoir navigué dans le site, passé commande d’un album, l’internaute reçoit un numéro de transaction grâce auquel il télécharge l’inédit. Ce qui nous a plu dans cette histoire, c’est d’offrir des inédits spécialement mixés et masterisés pour l’occasion (spécialement écrits dans le cadre des 2 derniers).

Nous avons reçu la semaine dernière un mail d’un internaute japonais qui venait de commander le dernier album (Plusieurs cas de figure), qui avait donc téléchargé son inédit correspondant (La Salle d’attente) et qui nous demandait, vu qu’il possédait déjà les autres albums, si les inédits correspondant à ces autres albums allaient être édités. Label Frères a répondu que s’il éditait les inédits, il faudrait trouver un nouvel inédit qu’on pourrait télécharger après la commande de ces inédits édités ensemble. Il faudrait surtout trouver un nom à ce nouvel album : «inédits enfin édités + quelques éditions inédites».

Des concerts avaient été prévus à La Maroquinerie à Paris, à l’époque de la sortie de M.a.r. et cœur comme cœur et ont été manifestement annulés. Pourquoi ?

AM : Les concerts à La Maroquinerie étaient prévus du 26 au 30 janvier 1999. 7 jours avant le 26, en pleines répétitions, Michel PINTENET, codirecteur-programmateur-responsable, ex-codirecteur-programmateur-responsable du «Passage du Nord-Ouest», nous annonce que les concerts sont annulés, la commission de sécurité ayant décalé sa visite, il lui était impossible d’ouvrir sa salle sans autorisation de ladite commission. Un professionnel de la programmation-direction-responsabilité, se faire blouser de la sorte, ça nous a semblé bien gros ; mais la législation des commissions de sécurité est rigoureuse et intransigeante. Donc, pas d’autorisation, pas de concerts !!

La vérité est légèrement différente. Après vérification auprès de la préfecture de police, nous apprîmes que c’est Michel PINTENET en personne qui a donné l’ordre de déplacer la fameuse visite de sécurité. Pourquoi ? Parce que les travaux de la salle n’étaient pas finis. Ah oui, j’ai oublié d’en parler au début, il s’agissait d’une toute nouvelle salle de concerts que CEUX QUI MARCHENT DEBOUT devaient inaugurer deux jours avant nous. Donc, parce que les travaux n’étaient pas finis… ou en panne !!

Nous n’avons rien intenté en justice. Ce genre de procès dure des siècles et dans ce genre de procédure, avec un tel individu, les siècles ont tendance à s’éterniser. De plus, nous n’avons pas l’habitude de régler ce genre d’affaire de la sorte.

Depuis l’annulation de ces concerts, envisagez-vous de monter un nouveau spectacle ?

AM : Monter un spectacle nécessite en ce qui nous concerne un investissement important (création, réalisation, répétitions, matériel, communication…) et nous n’avons pas envie de faire de la scène coûte que coûte parce qu’il faut être présent sur le devant de cette scène, ou parce que, comme le dit très bien Isabelle DORDIN, l’artiste donne vraiment la mesure de son talent et de ses qualités sur scène.

De plus, si nouveau spectacle il y avait, il contiendrait pas mal d’éléments de la palette sonore de Plusieurs cas de figure (orchestre d’harmonie/2 accordéons/choeurs/guitares/basses, batterie, percus/samples).

Ce qui prime pour moi, dans l’élaboration d’un spectacle, c’est ce qui est émis, ce qu’on va donner à entendre, à écouter. Et quitte à faire, autant l’installer dans un confort visuel approprié.

Quelle est votre attitude par rapport à la représentation et à l’interprétation scénique de vos compositions ?

AM : Fantaisie, dignité, intransigeance, sensibilité, imagination, retenue, précision. La bonne dose (mixage, ton, interprétation). Sentiment et contrôle. Pas d’excentricités et de solutions au rabais.

Votre goût pour l’«artisanat» dans le processus créatif a été souvent évoqué. Les nouvelles technologies (le sampling…) ont-elles bouleversé votre démarche créative ?

AM : L’informatique a modifié, en transformant parfois, les notions physiques de base de la structure sonore allant jusqu’à endommager certains préceptes de l’arithmétique musicale. Le son ne se balade plus comme sur une bande magnétique de gauche à droite. Il est dans l’espace, immobile. Toutes les données, les infos le concernant sont automatiquement stockées, et mémorisées, et il s’exécute à chaque fonction que vous lui demandez.

J’ai assisté à l’éclosion des multipistes analogiques et j’avais pris l’habitude d’entendre mon son défiler de gauche à droite. Si on accélérait la bande, la tonalité montait. Si on passait la bande à une vitesse inférieure, la note baissait, bien sûr. Là, non ! Le son n’a plus de valeur temporelle. Il a pris place dans la tour tel un document dompté ayant été répertorié et analysé dans tous les sens et prêt à endurer les folies des logiciels de bidouillage et les idées farfelues des musiciens d’aujourd’hui.

Il ne faut toutefois jamais oublier que la technologie est au service de la musique, qui a besoin de pas mal d’autres choses pour exister. Je n’ai jamais abandonné certaines méthodes traditionnelles, encore moins tous les instruments acoustiques et électriques dont je ne pourrais pas me passer. L’ordinateur, c’est un +. Mais un + vraiment + !

Bien que n’ayant jamais intégré la structure du «Rock In Opposition», vous avez été en relation avec certains des musiciens qui en ont fait partie, notamment Lars HOLLMER… Êtes-vous encore aujourd’hui en contact avec eux ?

AM : Label Frères a des contacts avec Cuneiform Records, Marquee Inc, ReR Megacorp, qui sont des résurgences labelliques de «Rock In Opposition». Guigou CHENEVIER est passé nous dire bonjour en revenant d’une tournée dans le Nord de l’Europe avec Nick DIDKOVSKY. J’ai envoyé Plusieurs cas de figure à Fred FRITH, qui enseigne maintenant aux États-Unis. Il y a quelques années déjà, j’avais passé un moment très agréable en compagnie de Lars HOLLMER et Eino HAAPALA, juste après leur concert avec LOOPING HOME ORCHESTRA à Vandoeuvre-lès-Nancy.

Entretien réalisé par Stéphane Fougère et Patrick Robinet
(Article original publié dans
TRAVERSES n°10 – janvier 2001)

Site : http://www.marcoeur.com

Lire notre chronique de l’album Plusieurs cas de figure

 

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