BivOAc****

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BivOAc ****
(Buda Musique)

629-680-largeBivOAc… Compte tenu du nom qu’il s’est choisi, qui désigne un éphémère campement de fortune, on aurait pu croire que ce groupe ne durerait pas, qu’il ne serait même qu’une aventure sans lendemain. (Mais dans ce cas, il se serait nommé « Baisenville »…)

Mais voilà ça fait maintenant dix ans que le trio écume les festoù-noz et salles de concerts de Bretagne. Oui, déjà une décennie que le maître souffleur de forge (accordéoniste diatonique, kôa !) et chanteur faussement naïf Ronan ROBERT, l’indomptable violoniste Raphaël CHEVALIER et le fiévreux saxophoniste baryton et joueur de bombarde (bombardier ?) Ronan LE GOURIÉREC déroutent et martyrisent les danseurs de leur son unique et débridé. Celui-ci prend toujours appui sur la matière bretonne mais la malaxe de groove, la triture de swing, la troue de béances improvisées, la tire à hue et à dia dans d’autres directions, du côté des Balkans, du jazz envoûté de John COLTRANE, du rock enchevêtré de Frank ZAPPA, des pistes d’envol de Jimi HENDRIX, sans jamais perdre le rythme de la danse.

Constitué de compositions originales (dans tous les sens du terme), le répertoire de BivOAc alterne instrumentaux virtuoses et débridés et chansons loufoques et absurdes (mais engagées) convoquant l’esprit d’un Bobby LAPOINTE, d’un Boris VIAN, voire d’un Albert MARCŒUR.

En dix ans, le groupe a peu enregistré : juste un album studio (Koa Ya Koa), un live (En concert) et cet album-ci, également enregistré live, mais avec une surprise de taille. En effet, à l’heure où la crise touche durablement le monde du spectacle, entrave les créations, réduit les formations des groupes, BivOAc a fait rien moins, pour fêter sa première décennie, que d’agrandir son espace rudimentaire. Faut-il y voir la preuve que certaines entreprises ne connaissent pas la crise ?

Toujours est-il que le BivOAc d’origine tripartite est devenu une hydre à sept têtes, le transformant en BivOAc **** ! Il y a décidément des SDF qui ne se refusent rien…

Bon, BivOAc s’est agrandi, c’est un fait ; ça ne l’a pas rendu plus « luxueux » pour autant. Le trio de base n’a pas fait appel à un philharmonique, auquel cas il serait devenu un hôtel quatre étoiles ! Mais pas de vernis inutile ici. La labellisation quatre étoiles en question correspond à l’ajout d’un trio de souffleurs, Laurent CARRÉ (saxophone ténor), Jean-Luc POMMIER (trombone) et Geoffroy TAMISIER (trompette), plus un batteur (mais pas n’importe lequel), Jean-Marie NIVAIGNE.

Ces nouvelles couleurs s’avèrent particulièrement idoines à perpétuer l’esprit du trio, transformant ce dernier en une fanfare manouche ou à un cirque de gens du voyage. Car il s’agit bien d’accentuer et d’approfondir le dynamisme échevelé, l’inventivité cocasse et le goût de l’aventure en terrain libre qui caractérisent BivOAc.

Dire qu’il sera, sous cette forme, plus fréquentable pour des danseurs et des auditeurs avide de purisme serait évidemment un gag. Les nouveaux « partners in crime » du trio de base partagent, on s’en doute, ses appétences esthétiques et soniques. Par conséquent, ce BivOAc **** prend plutôt des allures d’espace de convivialité pour amateurs de musique bretonne déridée et délurée.

La nouvelle bande en a bien sûr profité pour repeindre quelques grands classiques du groupe. Le Capitaine de soirée, Crack ma poule / Les Rigadots, J’ai perdu ma montre et Moâ, Toâ, Koâ ont ainsi décuplé leurs dimensions, du fait d’espaces d’expression légués aux nouveaux arrivants.

Mais cette formule améliorée en BiVOAc **** offre aussi l’opportunité de présenter de nouvelles compositions, telles que Case à baryton (un kas ha barh, bien évidemment !), le cercle circassien Décroisons les doigts, des Ronds à l’Ouest, la scottish d’actualité J’aime pas les OGM, moi, et une trilogie de gavottes des montagnes à connotation africaine : Swing d’Addis, Balafon.. ou pas et Danse à Bamako.

Comme on le voit, la randonnée musicale du groupe ne s’arrête pas aux circuits balisés et continue de s’étendre sur des terrains buissonniers truffés de rebondissements. Cela nécessitait bien un supplément de viatique et de confort. Le BivOAc *** bat son plein et vous emporte dans ses drôles de danses, c’est le moment de chausser ses crampons !

Stéphane Fougère

Site : www.collectifalenvers.org

Label : www.budamusique.com

https://www.budamusique.com/fr/catalogue/view/search/bivoac/837/bivoac/?of=0

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