DENEZ – An Enchanting Garden / Ul Liorzh Vurzhudus

363 vues
DENEZ – An Enchanting Garden / Ul Liorzh Vurzhudus
(Coop Breizh)

denez-an-enchanting-garden-ul-liorzh-vurzhudusSi on excepte la compilation parue en 2011, le précédent album original de Denez PRIGENT, Sarac’h, remontait à l’automne 2003. Plusieurs fois annoncé, le nouveau CD tant attendu a finalement vu le jour en ce printemps 2015.

Avant même son écoute, certains changements notoires sont à remarquer. En premier lieu, seul le prénom de l’artiste figure désormais sur la pochette. Ensuite, le titre de l’album est décliné en anglais et en breton. Enfin, la distribution est dorénavant assurée par la Coop Breizh.

Ce silence discographique ne signifiait pas pour autant que Denez restait inactif. Durant toutes ces années, il a en effet composé de nombreux chants, qu’il a ensuite pu tester sur scène, permettant ainsi à son public de les découvrir avant même qu’ils ne soient gravés.

Si Me zalc’h ennon ur fulenn aour, en 1997, avait surpris par ses audaces électroniques, Denez s’en était peu à peu détaché dans ses enregistrements suivants. Cette fois, c’est un album entièrement acoustique qui nous est proposé. Cela n’enlève en rien la richesse musicale de l’habillage, ni à la modernité du propos.

Les musiciens qui entourent Denez, Cyrille BONNEAU (doudouk, flûtes irlandaises, bombarde, biniou, saxophone), Jonathan DOUR (violon, violoncelle), Alain PENNEC (accordéon diatonique), Antoine LAHAY (guitares), Jérôme SEGUIN (contrebasse), Thomas OSTROWIECKI (percussions) et François VERLY (piano, tablas), enveloppent cet opus, enregistré dans les mêmes conditions qu’un concert mais sans public, de diverses influences sans jamais couvrir le chant et la voix.

Le titre de l’album se traduit par « Un jardin merveilleux », jardin dans lequel chaque morceau serait en quelque sorte une des fleurs. Mais le CD aurait pu s’appeler Beajet m’eus (« J’ai voyagé »), titre d’un des morceaux, car c’est à une invitation au voyage que Denez nous convie. Le premier titre, Kredin ‘raen, est d’ailleurs une adaptation d’un traditionnel grec. Les compositions présentées ensuite (Beajet m’eus, Ar Biniou Skornet) prennent des couleurs provenant de différentes cultures (orientales, klezmer) sans que la musique bretonne ne s’en trouve éloignée (Peñse Nedeleg) et surtout sans que l’ensemble ne donne l’impression d’un quelconque collage.

Denez est l’un des plus grands interprètes de gwerzioù, les complaintes bretonnes, qui font souvent référence à la mort, thème présent ici sur An Trucher hag an Ankou (« Le Tricheur et la Mort ») ou encore sur An Tri Seblant (« Les Trois Présages »). Ce titre, d’une durée de plus de dix minutes, réussit d’ailleurs, par son aspect progressif, la prouesse de ne jamais baisser en intensité.

L’émotion tout au long de l’album se trouve amplifiée par la présence active du doudouk, instrument arménien fort peu usité en matière de musique bretonne, mais qui prouve ici qu’il peut y trouver sa place. Le jeu des percussions très variées (bendir, daf, cajon, djembé, hang, tambourin, cymbales, cloches, riq, shaker) apporte des ambiances évolutives d’une plage à l’autre.

Pour la première fois, Denez s’essaye à l’anglais pour un titre cette fois plus formaté chanson, An Old Story, au son d’un piano aux envolées jazzy. Ce morceau se trouve ensuite décliné en breton, Gwechall Gozh, sur un mode plus traditionnel.

Ce disque était si attendu qu’il aurait pu décevoir. Mais, pour son retour, Denez PRIGENT signe là un album très réussi. An Enchanting Garden est dédié à sa compagne Stéphanie, disparue peu de temps avant sa parution.

Label : www.coop-breizh.fr

Didier LeGoff

Lire notre entretien avec Denez PRIGENT

YouTube player
Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.