DUPLESSY & THE THREE VIOLINS OF THE WORLD – Marco Polo

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DUPLESSY & THE THREE VIOLINS OF THE WORLD – Marco Polo
(Autoproduction)

mathias-duplessy-3-violons-du-monde-marco-poloFondateur en 2005 d’un trio portant son nom, le multi-instrumentiste Mathias DUPLESSY, qui s’est amplement illustré par ailleurs comme compositeur de musiques de films et comme accompagnateur ou producteur de quelques sommités jazz et world telles que BEVINDA, Monica PASSOS, Sophia CHARAÏ, Sara ALEXANDER, etc., avait déjà montré sa propension pour une musique itinérante, sans attache fixe mais avide de grands horizons, les plus lointains tant qu’à faire.

Pour ce nouveau projet, c’est au bout de la Route de la soie qu’il est allé planter sa tente nomade. Ses acolytes (les 3 VIOLINS OF THE WORLD) représentent en effet chacun une tradition musicale asiatique très marquée, soit l’Inde pour le sarangiste Sabir KHAN, la Chine pour le joueur de erhu GUO Gan et la Mongolie pour le joueur de morin-khuur Enkh JARGAL. Tous trois ont la particularité, outre de jouer d’un « violon » typique de la tradition qu’ils représentent, d’être issus d’une lignée de maîtres musiciens, pouvant même remonter jusqu’à neuf générations dans le cas de Sabir KHAN.

Et tous ces violoneux sont à la fois ancrés profondément dans leurs traditions respectives et ouverts à des expériences d’hybridation: GUO GAN a par exemple joué avec Didier LOCKWOOD, et on l’a vu plus récemment aux côtés de la chanteuse vietnamienne Huong THANH, tandis que Enkh JARGAL a sillonné l’Europe et les États-Unis avec le harpiste Rüdiger OPPERMANN et se commet actuellement dans le trio bulgaro-franco-mongol VIOLONS BARBARES.

Avec pareils compagnons, Mathias DUPLESSY pouvait sans complexe envisager de donner naissance à un projet de fusion world asiatique particulièrement débridé dans lequel les frontières stylistiques des traditions mises en jeu seraient pulvérisées. Mais au contraire (et peut-être ceci est-il dû à la jeunesse du projet, qui n’est né sur scène qu’en 2009, ce qui a laissé peu de temps pour composer un répertoire vraiment commun), ce premier album de DUPLESSY & THE 3 VIOLINS OF THE WORLD laisse une bonne place à l’expression des empreintes stylistiques propres aux musiques traditionnelles indienne, chinoise et mongole par le biais de pièces solistes mettant aussi en évidence les talents individuels de nos violoneux, et leur perception de leur tradition.

Sabir KHAN nous offre ainsi un Raga (son « alap » plutôt) aux vertus typiques de la musique savante indienne, GUO Gan se livre à un solo de erhu évoquant les rythmes d’une course de chevaux (Horse Race), tandis que le morceau soliste de Enkh JARGAL (Naiz) met en lumière sa maîtrise du morin-khuur et son chant aigu propagateur de visions des steppes arides centre-asiatiques.

D’autres pièces sont jouées en duo, offrant l’opportunité à nos violoneux et à leur mentor de croiser leurs sonorités et leurs bagages traditionnels. Sur Dream, la guitare de DUPLESSY entrelace le morin-khuur de Enkh JARGAL, alors que le sarangi de Sabir KHAN et le er-hu de GUO Gan s’accordent une aimable conversation dans Tea Girl.

Arabi, écrit par Sabir KHAN, permet de réunir tous les violons du groupe ainsi que la guitare de DUPLESSY.

Les quelques autres pièces dans lesquelles les membres du quartette s’investissent tous ensemble sont curieusement non pas des compositions collectives mais des reprises de thèmes tout ce qu’il y a de plus occidentaux, provenant du répertoire d’Erik SATIE (Gnossienne n°1), de celui d’I. ALBENIZ (Asturias) ou encore d’Ennio MORRICONE (Marco Polo, un choix au demeurant très judicieux eu égard au contexte général). Les versions proposées valent évidemment le détour et rendent compte du potentiel de nos 3 VIOLINS quand ils s’écartent de leurs bornes traditionnelles et laissent s’exprimer leur âme de musiciens-bourlingueurs d’ici et maintenant.

Cette création de Mathias DUPLESSY se positionne donc à cheval entre l’hommage démonstratif aux trois musiques traditionnelles dans lesquelles sont enracinés les « trois violons », la rencontre et le dialogue entre violons (et guitare) et l’investigation en commun d’un territoire plus familier aux Occidentaux mais revisité aux couleurs des sonorités asiatiques qui fait jouer à plein la logique du brouillage de pistes.

C’est ainsi une musique itinérante, profondément nomade, plus qu’une musique fusionnelle que nous livre Mathias DUPLESSY et ses trois aventuriers du violon ; et leur album, bien que court, n’est pas avare de reliefs ni d’horizons susceptibles de faire chavirer les âmes avides de mirages orientaux.

Site : http://www.mathiasduplessy.com/

Stéphane Fougère

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