Festival Interceltique de Lorient 2012

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FESTIVAL INTERCELTIQUE 2012

Année de l’Acadie

Après une édition 2011 dédiée aux diasporas, le 42e Festival Interceltique est resté sur la même dynamique en mettant cette fois à l’honneur un pays seul, mais issu lui aussi de la diaspora, l’Acadie. La province canadienne avait déjà eu l’occasion d’être invitée en 2004 et depuis elle s’est bien installée dans le paysage lorientais au point d’être devenue aujourd’hui une nation celte à part entière.

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La baisse de la fréquentation constatée déjà l’an dernier s’est poursuivie cette année. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer, sachant que le Festival Interceltique ne fut pas le seul à souffrir de ce reflux. La crise économique et la météo capricieuse qui a sévit ces dernières années n’ont pas incité les vacanciers à choisir la Bretagne comme lieu de vacances. On estime néanmoins à environ 650 000 le nombre de personnes ayant fréquenté le FIL durant les dix jours, de plus sous un soleil qui a su cette fois se montrer généreux. Mais les personnes qui décident d’assister à un spectacle choisissent plutôt les scènes gratuites, ce qui représente, il faut le savoir, près de soixante pour ans des animations

Il faut aussi dire que les musiques traditionnelles en général et celtiques en particulier ne bénéficient pas d’une vaste médiatisation de la part des grands médias nationaux. Que ce soit la télévision, la radio ou encore la presse écrite, rares sont en effet les médias qui mettent en avant ce style de musique. Il est donc plus difficile pour un musicien ou un chanteur de se faire connaître. Le public, surtout en temps de crise, hésite à acheter une place pour un artiste ou un groupe qu’il ne connaît pas.

Les responsables de la manifestation doivent toujours faire face à un budget serré et à une baisse des subventions. Qui plus est, le Festival est désormais dans l’obligation d’assurer la rémunération des forces de l’ordre, des secouristes et des médecins de garde.

Cependant, les motifs de satisfaction sont fort heureusement nombreux. Le succès de la traditionnelle Cotriade au port de pêche ne s’est pas démenti et a amené les organisateurs à en proposer une seconde. La Grande Parade des Nations Celtes a attiré une fois de plus de soixante mille personnes. Le BAGAD KEMPER a remporté le championnat des bagadou pour la vingtième fois.

Et puis, cette année encore le Festival Interceltique a permis d’assister à de très bons spectacles qui obligeaient certains soirs à faire des choix. Les spectacles payant qui ont attiré le plus de monde furent, outre les Nuits Interceltiques au Stade du Moustoir, Dan AR BRAZ, Jordi SAVALL, la Grande Nuit de l’Acadie ou encore BUENA VISTA SOCIAL CLUB. Le Dôme Interceltique, inauguré l’an dernier, fait désormais partie des lieux incontournables et le trio EDF qui s’y est produit quatre soirs durant a enthousiasmé l’assistance.

Enfin, le FIL a, comme à l’accoutumé, permis de découvrir de nouveaux talents qui seront peut-être les têtes d’affiches de futures éditions.

En 2013, ce sera au tour de la province espagnole des Asturies d’être le pays invité. En 1998 et 2003, Les asturiens nous avait déjà offert deux belles éditions. Gageons qu’ils sauront nous étonner et nous émerveiller une nouvelle fois.

LES TÊTES D’AFFICHE

KRISMENN

Nous avions découvert KRISMENN l’an dernier, à l’occasion de son passage dans l’enceinte du Dôme Interceltique. Si la prestation de l’artiste avait alors interpellé son auditoire, elle s’était néanmoins produite dans une relative discrétion car la scène ne faisait pas encore partie des habitudes des festivaliers et la publicité sur la programmation du lieu était assez modeste. Cette année, a contrario, c’est par la grande porte que KRISMENN est revenu au Festival. Il inaugurait en effet la grande scène de l’Espace Marine en ouvrant le bal de la soirée « Folk-Rock » dont Buffy SAINTE-MARIE constituait l’apothéose. KRISMENN a fait partie de différents groupes de fest-noz et il connaît bien le monde de la musique bretonne. Pourtant, c’est dans un univers de prime abord assez éloigné de la musique traditionnelle que le musicien évolue, en l’occurrence le rap.

Pour commencer, il s’auto-enregistre aux ukulélé, contrebasse, guitare slide et percussions vocales et diffuse ensuite la musique en boucle via un ordinateur. Il peut alors chanter et il le fait en breton car, contrairement à certains clichés, la musicalité de la langue bretonne s’accommode parfaitement à ce mode d’expression. Le rap n’est pas la seule influence de KRISSMEN car le chant peut tout aussi bien coulisser vers le traditionnel, voire le blues. Pour exemple, le chant breton Iwan Gamus démarre de manière classique a capella puis glisse progressivement vers le hip-hop.

Il n’y a rien d’opportuniste dans la démarche et on ressent au contraire une réelle volonté de faire avancer les choses. Un véritable album doit voir le jour l’an prochain.

CD : Krismenn (2011)

Site : http://krismenn.com

Buffy SAINTE MARIE

Même si elle est moins connue que Bob DYLAN ou Joan BAEZ, surtout de ce côté-ci de l’Atlantique, Buffy SAINTE-MARIE n’en demeure pas moins une icône du mouvement folk. A plus de soixante-dix ans et après presque un demi-siècle de carrière, elle continue à tourner et à enregistrer. La question pouvait se poser quant au rapport entre Buffy et la musique celtique. En cette année de l’Acadie, elle représente une autre facette de la culture canadienne. Ensuite, en tant qu’amérindienne, elle s’est toujours battue pour les droits des minorités, en l’occurrence pour ceux des indiens d’Amérique, ce qui lui a d’ailleurs jadis fermé des portes aux États-Unis. Et puis, n’oublions pas que le Festival Interceltique a toujours apprécié de mettre en lumière d’autres cultures.

La venue de Buffy à Lorient constituait donc un événement qui n’a hélas attiré qu’un maigre public. Et comme on le dit souvent, les absents ont eu tort car le concert constituait le premier grand frisson de l’édition 2012. Durant près d’une heure et demie, s’accompagnant aux claviers, à la guitare ou encore par un étrange instrument en forme d’arc, soutenue par ses musiciens (guitares, basse, batterie), elle a présenté les titres les plus célèbres de son répertoires et ceux de son dernier album. Tantôt engagées, tantôt plus romantiques, les chansons de Buffy SAINTE-MARIE nous transportent et nous donnent la chair de poule quoiqu’il arrive. Même si elles ont constitué une découverte pour une grande partie du public, certaines chansons paraissaient néanmoins familières. C’est le cas de la plus connue, Universal Soldier, véritable hymne pacifiste et humaniste, qui fut popularisée par le chanteur folk écossais DONOVAN. Up where we belong, interprétée en 1981 par Joe COCKER et Jennifer WARNES et qui valut un oscar à la canadienne, était la chanson du film Officier et gentleman (avec Richard GERE). La chanteuse communiquait volontiers, en français, avec le public en expliquant le sens de ses chansons.

Les spectateurs présents n’oublieront pas le passage de Buffy SAINT MARIE au Festival Interceltique et ce concert restera comme un des grands moments.

Site : www.buffysainte-marie.com

CD : Up were we belong (compilation – 1996) – Running for the drum (2009)

BREIZH HA VISTA SOCIAL CLUB

La question peut se poser quant à la pertinence de présenter dans le compte-rendu des têtes d’affiche un groupe dont peu de monde a entendu parler et dont le nom fait davantage penser à un célèbre groupe cubain. Il faut savoir que derrière ce nom se cache en fait les quatre membres qui officiaient entre 1988 et 1994 dans une des plus importantes formation de musique bretonne de ces vingt-cinq dernières années, CARRÉ MANCHOT.

L’an dernier, pour la clôture du Festival, le fameux groupe de fest-noz célébrait son quart de siècle d’existence et les anciens membres avaient pour l’occasion été conviés à participer à l’événement. Cela a donné l’idée à Gilbert LE PENNEC (guitare), le seul des quatre musiciens a toujours officier au sein du groupe, de le reformer occasionnellement avec ses anciens comparses, Herve LE LU (bombarde), Ronan PINC (violon) et Ronan ROBERT (accordéon). CARRÉ MANCHOT existant toujours, le quatuor ne pouvait décemment pas jouer à nouveau sous cette appellation. Cette réunion de vétérans leur faisant irrésistiblement penser aux doyens du BUENA VISTA SOCIAL CLUB, il ne restait plus qu’à bretonniser le nom. Ironie de la programmation, le collectif cubain se produisait justement le lendemain de la représentation des bretons.

Quant à la prestation, elle n’a évidemment pas déçu. Les musiciens ont pioché dans les albums qu’ils avaient produits au début des années 90 (Mab al Miliner, An Disparti) pour un répertoire à danser (kost ar c’hoad, laridé, gavotte) qui a ravi les fans de la première heure comme les novices. Les quatre compères semblaient visiblement heureux de se retrouver.

Mais, il s’agissait là d’une opération ponctuelle et BREIZH HA VISTA SOCIAL CLUB n’est pas appelé à devenir un groupe pérenne.

CD : Carré Manchot – 20 Ans – La Compile! (2006)

Jordi SAVALL

De Jordi SAVALL, le grand public connaît surtout la bande originale du film d’Alain CORNEAU, Tous les matins du monde. Le film a permis au musicien catalan de se faire connaître du grand public et a également faciliter la popularisation de son instrument de prédilection, la viole de gambe. Jordi SAVALL est réputé pour son répertoire allant de la musique classique au baroque, de la musique médiévale à celle de la renaissance, en passant par la musique orientale. Néanmoins, il a récemment consacré deux albums à la musique celtique et c’est ce répertoire qu’il venait présenter à Lorient. Le public ne s’y est pas trompé et le Grand Théâtre affichait complet.

Accompagné par deux musiciens, Andrew LAWRENCE-KING (harpe) et Franck MCGUIRE (bodhran), Jordi SAVALL a proposé un concert intimiste, ce qui, comparés aux déluges de décibels que l’on peut entendre dans certaines salles et dans les rues de la ville, produisait énormément de bien. Naviguant entre Écosse et Irlande, le trio a présenté des pièces rarement entendues, provenant du répertoire du compositeur irlandais Turlough O’ CAROLAN ou encore du Manchester Gamb Book, un important recueil de musique pour viole datant du dix-septième siècle. Intimiste ne veut pas dire ennui, et on se lassait facilement captiver par cette musique prenante. C’est une autre vision de la musique celtique que Jordi SAVALL et ses musiciens nous ont montré, prouvant que celle-ci n’est pas que festive et peut également se dévoiler de manière plus introspective.

Jordi SAVALL envisage d’ailleurs d’enregistrer prochainement un nouvel album consacré cette fois à la musique bretonne. On attend cela avec impatience et ce sera l’occasion idéale de réinviter le musicien au Festival.

Site : www.jordisavall.es

CD : The Celtic Viol (2009) – The Celtic Viol II (2010)

XERA

Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer XERA dans le dossier sur les découvertes du Festival Interceltique 2008. La prestation des musiciens s’était alors faite dans une certaine confidentialité. Cette fois-ci, le groupe s’est retrouvé sur des scènes plus exposées, le Palais des Congrès et l’Espace Bretagne.

XERA est un des groupes les plus créatifs et les plus inspirés de la scène asturienne actuelle. Il est composé de cinq musiciens proposant une large palette instrumentale avec des choix parfois audacieux (piano, bouzouki, violon, vielle, viole, guitare, gaïta, claviers et programmations, percussions, batterie), à laquelle s’ajoute le chant. Le groupe a présenté une musique envoûtante, progressive, dans laquelle les ambiances variaient au fur et à mesure du développement des morceaux et des changements d’instruments. Les modifications de tempo et les cassures étaient régulières. On pouvait se dire qu’on était parfois éloigné de la musique celtique, mais c’est aussi justement une des facettes de cette musique. XERA puise dans la tradition pour inventer une musique novatrice dans laquelle les boucles électroniques ne sont pas là simplement pour assurer une rythmique, mais font au contraire partie intégrante du climat d’ensemble.

En fin de concert, le groupe a interprété le titre Tierra qui lui avait permis de terminer deuxième du Liet International, le concours eurovision des langues minoritaires, qui s’était déroulé à Lorient en 2010.

On peut comprendre que certains spectateurs restent imperméables à cette musique, mais ceux qui ont fait l’effort de rentrer dans l’univers de XERA sont ressortis enchantés.

On espère que le groupe sera réinvité lors de la prochaine année des Asturies qui aura lieu en 2013.

Site : http://xera.eu

CD : Llume (2012)

BAGAD DE LANN BIHOUE

En cette année 2012, le plus célèbre des bagadou fêtait ses noces de diamants. Après avoir fait paraître un nouvel album au printemps au nom évocateur Degemer Mat, Bienvenue, le BAGAD DE LANN BIHOUE a entamé une tournée anniversaire et il était tout à fait logique que celle-ci fasse escale à Lorient, qui plus est durant le FIL.

Depuis sa création, le bagad a essuyé bien des tempêtes. Il a même failli disparaître, d’abord parce qu’un ministre de l’intérieur le jugeait illégitime et, ensuite, en raison de la suppression du service militaire. Mais il est toujours là et, comme l’a rappelé le Major RENARD durant le concert, les soixante bougies ne sont pas synonymes de départ à la retraite pour l’ensemble. Le bagad a vu passer des centaines de sonneurs qui trouvaient là un moyen ludique d’effectuer leur service militaire. Aujourd’hui, il est composé de musiciens sous contrat avec l’armée et se trouve être le seul bagad professionnel.

C’était prévisible, le concert lorientais a attiré les foules et le chapiteau de l’Espace Marine était quasiment plein. Le spectacle était cependant un peu décousu. Le BAGAD DE LANN BIHOUE avait convié pour l’accompagner le groupe SKOLPAD (accordéon, claviers, bombarde trompette, clarinette) et le Cercle Celtique du Croisty. En règle générale, les invitées interviennent progressivement. Là, c’est dès le début du concert qu’ils sont montés sur scène.

Même Alain SOUCHON, qui venait interpréter sa célèbre chanson dédiée au Bagad, est arrivé moins d’un quart d’heure après le démarrage du spectacle. On l’attendait plutôt, comme ce fut le cas en 2007, pour le final que l’on espérait explosif. Il n’y avait cependant rien redire sur cette prestation, le public était ravi et reprenait les paroles en chœur.

Ensuite, le bagad a enchaîné des airs à danser, accompagné par le cercle celtique, ou des morceaux à écouter, navigant entre musiques bretonne et irlandaise. Quelques incontournables comme les classiques The Water is Wide ou Amazing Grace figuraient au programme. Enfin, le final a réservé un grand moment d’émotion à donner des frissons. Le bagad a délaissé ses instruments pour rendre hommage à Michel TONNERRE en interprétant la célèbre chanson Mon p’tit garçon.

Il ne reste plus qu’à donner rendez-vous au BAGAD DE LANN BIHOUE en 2017 pour ses soixante-cinq bougies.

Site : https://www.facebook.com/bagaddelannbihoue1/

CD : Degemer mat, Bienvenue (2012)

DE DANNAN

A la base DE DANANN était un groupe formé au milieu des années 70, dont la réputation avait largement dépassé les frontières de l’Irlande au point d’être devenu, à l’instar d’autres formations de l’époque comme PLANXTY ou THE BOTHY BAND, une référence. Mais les aléas de la vie de groupes et des mésententes font que des séparations ne se passent pas toujours au mieux. De fait, il existe aujourd’hui deux groupes homonymes, mais avec une orthographe différente, proposant une musique proche ayant conservé l’esprit originel. Ils sont tout deux menés par un des membres fondateurs, DE DANNAN avec Frankie GAVIN et DE DANANN avec Alec FINN. C’est le premier de ces groupes qui était présent à Lorient cet été.

Frankie GAVIN s’est entouré de nouveaux musiciens, Damien MULLANE (accordéon), Eric CUNNINGHAM (bodhran, percussions, flûtes), Mike GALVIN (guitare, bouzouki) et la charmante Michelle LALLY au chant. Cette toute nouvelle mouture venait présenter son premier album Jigs, Reels & Rock n’ roll. Comme l’indique le titre du CD, les jigs et les reels se sont succédés. Frankie GAVIN qui est réputé comme étant le violoniste le plus rapide de la planète ne faisait pas dans la retenue, mais savait parfois se retirer pour laisser le devant de la scène à ses compagnons.

DE DANNAN s’est fait une spécialité dans les reprises de standards pop-rock en les adaptant à la musique irlandaise. Ce fut le cas ici avec un hommage à Georges HARRISON et l’une des rares chansons que le guitariste ait composée pour LES BEATLES, Here Comes the Sun. Si le set était en grande partie instrumental, des chansons venaient cependant ponctuer l’ensemble. Le point d’orgue fut sans doute la reprise (en anglais) du classique d’Edith PIAF, L’Hymne à l’Amour, sous le titre If you love me. La voix de Michèle LALY donnait la chair de poule dans un silence quasi religieux.

Il n’y avait rien à dire sur la virtuosité et le talent des musiciens et sur ce point le concert fut une réussite. Seulement, comme souvent avec la musique irlandaise, on s’en tient au fondamentaux et il y a un manque cruel d’évolutivité. Au bout d’une heure et demie, le temps commençait à paraître long.

CD : Jigs, reels & Rock n’ roll (2010)

AFRO CELT SOUND SYSTEM

On croyait AFRO CELT SOUND SYSTEM relégué au rayon des (bons) souvenirs car le groupe se faisait plutôt rare ces dernières années. Sa dernière participation au Festival Interceltique remontait à 1997 et le dernier album original en date, Anatomic, qui n’a pas bénéficié d’une distribution optimale, date de 2005. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que l’on attendait le concert. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les musiciens ont mis le paquet pour satisfaire un public venu principalement pour eux et qui s’était laissé gagner par une certaine torpeur avec la prestation de DE DANNAN.

La recette fonctionnait toujours aussi bien. Les cadres du groupe, le fondateur Simon EMMERSON (guitares), James MCNALLY (flûtes, claviers, bodhran), N’Faly KOUYATE (kora, chant) Jimmy MAHON (cornemuse irlandaise, flûtes) et Johnny KALSI (dhol, tablas, percussions) accompagnés par des percussionnistes et même par un danseur ne ménageaient par leur efforts. Les rythmes tribaux africains, saupoudrés d’électro, répondaient aux instruments traditionnels celtiques pour un métissage qui correspondait parfaitement au message que souhaite délivré le FIL. Le jeu de lumières participait aussi à ce spectacle envoûtant et hypnotisant.

Il est par contre dommage que le titre le plus connu du groupe, l’incontournable Whirl-Y-Reel soit arrivé en début de concert. On pouvait également regretter l’absence de Iarla O’LIONAIRD au chant gaélique. Une harpe celtique pour dialoguer avec la kora aurait également été intéressante. L’ensemble sonnait quand même plus « afro » que « celte ». Mais ne faisons pas la fine bouche. C’est à un spectacle haut en couleurs que le public a pu assister. Il se murmure aussi qu’un nouvel album se prépare pour l’an prochain. Nous aurons l’occasion d’en reparler.

Site: www.afrocelts.org

CD : Capture (compilation – 2010)

KERN

S’il est un groupe qu’on ne s’attendait pas à retrouver un jour dans la programmation du Festival, c’est bien KERN. En effet, après dix ans de carrière et deux albums remarqués parus dans les années 90, la formation menée par Kristen NIKOLAS (chant) et Didier DREAU (guitare) avait fini par raccrocher. Une décennie plus tard, Didier DREAU a décidé de relancer le groupe. Il a fait appel à deux musiciens ayant fait partie de la formation, Erwan VOLANT (basse) et Jean-Christophe BOCCOU (batterie). Mais le changement le plus flagrant est l’arrivée d’Eric MENNETEAU au chant. L’identité d’un groupe se construit la plupart du temps autour de son chanteur. Sur ce point, Kristen NIKOLAS avait une forte personnalité et possédait une voix très particulière qui a marqué les formations auxquelles il a participé. On pouvait donc avoir des craintes sur cette résurgence de KERN. A tort !

Les musiciens se connaissent bien et ils maîtrisaient le répertoire, même s’ils ne l’ont pas joué depuis longtemps. Les anciens titres et les nouveaux s’harmonisaient sans difficulté. Bien évidemment, quand on a connu et apprécié le groupe, on se sentait un peu déboussolés au départ car, même si musicalement on retrouvait le son KERN, le chant déstabilisait quelque peu. Mais Eric MENNETEAU ne cherchait pas à imiter son prédécesseur et affirmait sa propre personnalité. L’ensemble fonctionnait donc parfaitement et tenait pleinement la route. Un nouvel album est d’ores et déjà sur les rails pour le début 2013. Cela prouve que le retour de KERN s’inscrit dans une certaine continuité.

CD : Karreg an tan (à paraître)

Xosé Manuel BUDIÑO – Kepa JUNKERA

Qu’il en soit l’initiateur ou simplement le programmateur, le Festival Interceltique aime les rencontres. Ces dernières permettent aux artistes de partager une même scène et de proposer au public un spectacle différent d’une simple date de tournée. Ce concert aurait pu être chroniqué dans le dossier sur les découvertes car les deux protagonistes sont encore malheureusement trop peu connus du grand public.

Xose Manuel BUDIÑO est un sonneur galicien. Son instrument de prédilection est la gaïta, mais il s’autorise parfois à la remplacer par des flûtes. Il a déjà cinq albums à son actif, dont le premier a été produit par le breton Jacky MOLARD car Xose Manuel lui voue une grande admiration. C’est un vieil habitué du Festival puisque sa première venue remonte à ses quinze ans et il s’y est produit déjà huit fois. Il est cependant moins connu que Carlos NUÑEZ ou encore Susana SEIVANE.

Kepa JUNKERA est un accordéoniste basque réputé qui connaît lui aussi très bien le Festival. Il est le maître incontesté du trikitixa, l’accordéon diatonique du Pays Basque.

Leur conception de la musique traditionnelle est sur la même longueur d’onde. Ils avancent tout deux dans une vision évolutive, n’hésitant pas à bousculer les choses, quitte à parfois désorienter les oreilles les plus averties. La série de concert qu’ils ont donnée ensemble, dont Lorient était la seule date française, allait justement dans le sens de leur démarche respective. C’est Xose Manuel BUDIÑO qui est d’abord apparu sur scène, présentant au public un répertoire inspirée de la musique galicienne dans un habillage moderne. Puis Kepa JUNKERA est arrivé pour un premier set en commun. Curieusement, le titre le plus connu de l’accordéoniste basque, Bok Espok, fut d’emblée proposé alors qu’il aurait constitué un beau final. Ensuite, Xosé Manuel s’en est allé laissant le champ libre à Kepa pour une véritable démonstration. Ceux qui pensent encore que l’accordéon est un instrument ringard en auront été pour leurs frais. Dans les mains de Kepa, il dégage une puissance incroyable. Enfin, les deux artistes se sont retrouvé pour un final en commun célébrant un mariage musical basquo-galicien, toujours accompagnés par les mêmes musiciens (guitare basse, claviers, batterie, mais aussi alboka, cet instrument à vent en forme de corne, et txalaparta, les fameuses percussions basques). Afin de garder une trace de cette série de concerts, espérons qu’ils ont été enregistrés et qu’ils se retrouveront un jour gravés sur un support.

Xose Manuel BUDIÑO – CD/DVD : Volta (2010)

Site : www.xosemanuelbudino.com

Kepa JUNKERA – CD : Ipar Haizea (2012)

Site : www.kepajunkera.com

Dan AR BRAZ

Après les CRANBERRIES en 2010, TRI YANN et TEXAS en 2011, le concert de Dan AR BRAZ constituait l’événement majeur, l’apothéose de l’édition 2012 du Festival Interceltique. Tous ceux qui y ont assisté à l’époque se souviennent des magnifiques prestations de Dan et des musiciens qui l’accompagnaient durant toute l’épopée de l’Héritage des Celtes. Même le concert de 2007 et celui des comptines celtiques, pour les plus petits, en 2010, furent de grand moments.

Après la sortie en juin du nouvel album, Celebration, ce concert marquait donc le point de départ d’une nouvelle tournée. Le FIL avait vu les choses en grand et c’est sur l’enceinte du Slipway, le chantier de réparations navales, que le spectacle avait lieu. Seuls Ronan LE BARS (cornemuses) et le BAGAD KEMPER, champion de Bretagne 2012 accueilli à la guitare sur l’air de We are the Champions de QUEEN, étaient des rescapés de l’aventure des années 90. Dan AR BRAZ a choisi de recentrer cette nouvelle aventure musicale sur la Bretagne, et les musiciens présents à ses côtés, tout comme les deux chanteuses, Clarisse LAVANANT, sa complice depuis plusieurs années et la lorientaise Morwenn LE NORMAND étaient originaires de la région.

Mais si Dan a choisi de tourner la page de l’Héritage des Celtes, les titres de cette période sont fort heureusement toujours interprétés. On a ainsi pu entre autres réentendre Evit ar Bars ou Left in Peace qui s’inséraient parfaitement avec les titres du nouvel album, Celebration, Belong ou Bro Yaouank hon Bugale. Deux superbes moments d’émotion ont ponctué la soirée, J’avais cinq enfants, chanson sur la Loire-Atlantique sur un très beau texte de Clarisse et l’hymne celte Amazing Grace qu’on ne s’attendait pas à trouver dans le répertoire de Dan mais qui, finalement, n’avait rien d’incongru.

Des invités de marques ont aussi répondu à l’invitation du guitariste, l’acadienne Dominique DUPUIS sur Call to the Dance et, comme à Bercy en 1999, Alan STIVELL pour Borders of Salt/ Marzou Halen.

La chanson Diwannit Bugale, qui représenta la France lors de l’Eurovision en 1996, et Bretagne, tirée de l’album A Toi et Ceux, qui auraient pu trouver leur place lors de la soirée, manquaient par contre à l’appel. Bien évidemment, c’est sur Green Lands que le concert s’est terminé.

L’ensemble a cependant peiné à convaincre totalement. Dan avait le trac et la pression qui pesait sur ses épaules se ressentait. Le public présent, se souvenant des riches heures de l’Héritage des Celtes en demandait et en attendait également beaucoup. Il s’agissait d’une première, aussi il faut savoir faire preuve de mansuétude. Dan AR BRAZ et son groupe, à la différence de certains artistes passés au Festival, savaient que ce n’était pas une date de tournée classique et l’immensité du lieu avait de quoi déstabiliser. Ce sont aussi de vrais artistes qui ne trichent pas. La formule a simplement besoin d’être rodée. Si ce spectacle était rejoué en 2013, il y a fort à parier qu’il serait une parfaite réussite.

Site : http://www.danarbraz.com/

CD : Celebration (2012)

DIAOULED AR MENEZ

Pour la musique bretonne, 2012 aura été marquée par les quarante ans du fameux concert d’Alan STIVELL à L’Olympia, ou encore par les quarante ans du groupe de festou noz SONERIEN DU. Une autre formation cependant, célèbre aussi ses noces d’Émeraude, DIAOULED AR MENEZ. Si le groupe est aujourd’hui plus discret, au début des années 70, il faisait partie des incontournables. Depuis trente ans, ses membres ont pris l’habitude de célébrer son anniversaire tous les cinq ans.

Les DIAOULED avait la lourde responsabilité de clôturer par un fest noz le spectacle Kenavo an Distro de l’Espace Marine le dernier soir. La formation présente à Lorient n’était plus tout a fait celle de 1972 mais une forte ossature demeurait malgré tout. Jean- Yves LE CORRE (accordéon), Tanguy LE DORE (basse), Bruno LE MANAC’H (guitare) et Melaine FAVENNEC (violon) sont toujours présents. Ils sont désormais épaulés par deux sonneurs de bombarde, Gwendal LE BRAS et Yann LE BOULANGER, et par le batteur habituel de Pascal LAMOUR, l’excellent Mourad AÏT ABDEL MALEK.

Le groupe a enchaîné les danses (plinn, gavottes), sur des arrangements musicaux modernes, devant un parterre certes clairsemé mais qui ne boudait pas son plaisir de pouvoir une dernière fois s’adonner à sa passion.

On donne dès à présent rendez-vous aux DIAOULED AR MENEZ en 2017 pour les quarante-cinq ans et pourquoi pas déjà en 2022 pour le demi-siècle.

Site : https://www.facebook.com/diaouled.am/

CD : Chauffe la Breizh (1997)

LES DECOUVERTES

TITOM

Au départ, on pourrait croire qu’on a affaire à un nom de personnage de bandes dessinées mais, derrière le pseudonyme de TITOM se cache un projet initié par le sonneur de bombarde Thomas LOTOUT. Ce dernier possède un CV plutôt bien rempli puisqu’il a dirigé le BAGAD PANVRID (Pommerit le Vicomte) et a également joué au sein du groupe de fest-noz WINAJ’H avant de rejoindre cette année les LOENED FALL. Avec TITOM, son but était de créer un groupe autour de la bombarde.

Il ne s’agit pas dans le cas présent de n’être qu’un soliste entouré de musiciens. Il est bien question de musique de groupe, même si la bombarde demeure l’élément majeur. Autour d’elle, violon, bouzouki, flûte, basse et batterie ne sont pas là pour jouer les simples faire-valoir. Et cela s’entend ! La bombarde s’efface par instants, et laisse s’exprimer les autres instruments traditionnels sur une rythmique qui évite d’être trop lourde. Il ne s’agit pas non plus de musique de fest-noz. Nous sommes là dans une démarche de création et TITOM veille à trouver le bon rythme entre airs à danser et airs à écouter.

Malgré des instruments différents, on reconnaît un lien de parenté avec AR RE YAOUANK, ce qui prouve une fois de plus l’influence que ce groupe continue d’avoir sur la nouvelle génération de musiciens. Cela n’a en plus rien d’étonnant ici puisqu’à la basse et à la production, on retrouve Stéphane DE VITO qui officiait dans le légendaire groupe de fest-noz des années 90.

Sites : https://soundcloud.com/raphaelchevalier

CD : Second souffle (2012)

IMG

IMG existe depuis une dizaine d’années. A ce titre, il ne devrait pas figurer parmi les découvertes, mais plutôt parmi les têtes d’affiches. Le groupe reste cependant peu connu du grand public et il ne bénéficie pas encore de la couverture médiatique qu’il mériterait. Les musiciens venant de Haute Bretagne ont souvent plus de difficultés pour convaincre. Derrière ce nom énigmatique, qui sont en fait les initiales de Iskis Mekanic Groove ou encore de Infernale Machine Gallèses se cache en effet un combo rennais. A sa tête on trouve Gurvan MOLAC, alias MC GUR qui officie au chant et à la bombarde (il a été sonneur au Bagad de Ploërmel, la commune d’où il est originaire). A ses côtés, six musiciens (guitares, basse, batterie, accordéon, trombone et saxophones) assurent efficacement. IMG propose une fusion entre musique de Haute Bretagne et musique actuelle à dominante ska-reggae. Mais, depuis le dernier album, d’autres influences comme le rock ou le punk se font remarquer. Malgré tout, les musiciens veillent à ce que la musique ne perde jamais son caractère traditionnel et chaque titre se réfère à une danse (ridée, rond de Loudia, tour, maraichine). Si les airs sont traditionnels, les textes sont pour la plupart écrits par le groupe. Parmi les reprises, on reconnaît le célèbre Dans les prisons de Nantes adapté ici en rond de Loudéac. Le groupe a aussi la particularité de chanter en gallo, l’autre langue de la Bretagne. Si le sort du breton n’est pas toujours enviable, celui du gallo est encore pire. IMG permet donc à la langue gallaise d’avoir droit à une médiatisation de grande envergure. Il s’agit donc d’un groupe à suivre.

Site : www.myspace.com/imglegroupe

CD : Interdit de cracher gallo ! (2011)

THE BONNY MEN

Disons-le sincèrement, quand on découvre des groupes irlandais, on est rarement surpris. La plupart des artistes entretiennent un respect quasi mystique pour leur musique, si bien que rares sont ceux qui tentent de s’aventurer hors des sentiers battus. Ce constat se vérifie une fois de plus avec THE BONNY MEN. Il n’y a pas de surprises. Il s’agit d’une musique irlandaise telle qu’on entend depuis plus de quarante ans au Festival. Cependant, il faut être honnête et juste, c’est plutôt bien joué.

THE BONNY MEN est une formation récente qui n’existe que depuis début 2011. Ses jeunes membres ont déjà eu le temps de se construire un répertoire que l’on retrouve sur le premier album paru cette année. L’originalité vient du nombre de musiciens qui ne sont pas moins de sept sur scène (six garçons et une fille), ce qui évidemment, entraîne une grande variété d’instruments (guitare, violon, bouzouki, claviers, flûte, cornemuse irlandaise, bodhran). L’ensemble sonne donc acoustique, à peine voilé par les quelques nappes de claviers. Même si la cornemuse est largement présente, aucun des membres ne cherchent à supplanter les autres. Les morceaux instrumentaux sont majoritaires, mais des chansons viennent néanmoins s’insérer plaisamment dans le set.

Au bout du compte, THE BONNY MEN constitue une agréable découverte. Il appartient désormais aux musiciens de se construire une identité musicale bien à eux.

Site : http://thebonnymen.ie/

CD : The Bonny Men (2012)

SPRAG SESSION

SPRAG SESSION est un groupe originaire de l’Ile du Cap Breton en Nouvelle Écosse. Il est composé de Colin GRANT (violon), qui en est le meneur et l’initiateur, Donnie CALABRESE (basse) Jason ROACH (claviers) Darren MCMULLEN (guitares, mandoline, banjo) et Colin CLARKE (batterie). La formation portait auparavant le nom de son leader, mais Colin GRANT souhaitait montrer qu’il s’agissait davantage d’un esprit de groupe plus que d’un artiste seul accompagné de musiciens.

« Sprag » est un terme qui peut se traduire par « jeune homme », « rapide » ou encore « en roue libre ». SPRAG SESSION, c’est un peu tout ça à la fois. Si, de prime abord, la musique n’a rien de particulièrement novatrice, elle n’en demeure pas moins efficace. Les musiciens savent s’y prendre pour embraser la scène. Les spectateurs en prennent plein la vue et les oreilles. A grands coups d’envolées de violon enragées soutenues par une rythmique impeccable, les cinq compères proposent un set comportant en grande partie des airs de leur composition. Malgré tout, ils réussissent à maîtriser leur exaltation et évitent de tomber dans le « rentre dedans », au point que lorsque le concert se termine, on en vient à regretter que ce soit déjà la fin et on se dit que le temps est passé vraiment très vite. C’est peut-être le meilleur compliment que l’on puisse faire à SPRAG SESSION.

Site : http://spragsession.com

CD : Sprag Session (2012)

MANRAN

MANRAN est un groupe originaire d’Écosse qui existe depuis seulement deux ans et possède déjà un album à son actif. Il est composé de six musiciens (chant-guitare, accordéon-claviers, violon-cornemuse écossaise-flûte, cornemuse-irlandaise-flûte, basse, batterie) et propose un rock celtique classique doté d’une instrumentation variée. Même s’il n’est pas spécialement innovant, il faut reconnaître que le combo a su se faire apprécier du public. Que cela soit sur des compositions originales ou des reprises de traditionnels écossais, les musiciens savait alterner les titres rapides avec des morceaux plus posés. La musique était à dominante acoustique et le groupe proposait quelques belles combinaisons à deux flûtes ou un dialogue entre les cornemuses irlandaises et écossaises. Les chansons étaient interprétées en anglais ou en gaélique. Parmi ces dernières, on a pu découvrir Latha Math qui avait réussi à faire une petite percée dans les hit-parades britanniques l’an dernier.

Le CD a été produit par Phil CUNNINHGHAM (l’accordéoniste de SILLY WIIZARD, un des groupes références du folk écossais des années 80). En écoutant MANRAN, on pensait aussi au mythique groupe RUNRIG, mais dans une version moins électrique. Il faudrait désormais qu’il réussisse à prendre un peu distance vis-à-vis de ses modèles car il y a là un vrai potentiel.

Site : http://manran.co.uk

CD : Manran (2011)

TREACHEROUS ORCHESTRA

TREACHEROUS ORCHESTRA aura été une des heureuses découvertes de l’édition 2012. Même s’il était quasiment inconnu, le groupe écossais aurait tout aussi bien pu figurer dans le dossier consacré aux têtes d’affiche car c’est vraiment en tant que tel qu’il s’est retrouvé programmé. Le terme « groupe » semble même assez réducteur puisque avec ses onze membres, on peut parler de collectif. Il est en effet composé de deux joueurs de cornemuse et de flûtes, d’un flûtiste, de deux violonistes, d’un batteur, d’un percussionniste (bodhran), d’un accordéoniste, d’un banjoïste, d’un guitariste (acoustique et électrique) et d’un contrebassiste.

Tout cela pouvait laisser craindre un certain brouhaha. Il n’en a rien été et la prestation livrée par le groupe fut en tout point remarquable. Personne ne cherchait à prendre le pas sur l’autre et les instruments se répondaient en tout harmonie. Les musiciens laissaient leurs longs morceaux, des compositions originales, progresser. Ils n’hésitaient pas à provoquer régulièrement des cassures, en alternant les instruments mis en avant. On se retrouvait proche d’un folk-rock progressif du meilleur effet. TREACHEROUS ORCHESTRA cherche aussi ses influences du côté de la scène écossaise apparue durant les années 90 qui se démarquait déjà de la musique purement traditionnelle, mais sans jamais la renier non plus (SHOOGLENIFTY, SALSA CELTICA). Leur musique, entièrement instrumentale, est une fusion de différents styles, qui sait être dynamique sans jouer le « rentre-dedans » voulant en mettre plein la vue comme c’est souvent le cas aujourd’hui.

Après les avoir vus et entendus en concert, l’écoute du CD paraît presque monotone.

Site : www.treacherousorchestra.com

CD : Origins (2012)

COLLECTIF JEU A LA NANTAISE

Autrefois, l’expression le Jeu à la Nantaise se rapportait au jeu pratiqué par l’équipe de football de la cité bretonne. Si aujourd’hui cette expression n’a (hélas, ajouteront les amateurs de football) plus lieu d’être, elle est demeurée dans le langage courant. La preuve en est qu’elle s’applique désormais à un groupe musical nantais.

Le JEU A LA NANTAISE est né en 2009 de la volonté de divers acteurs des différentes scènes traditionnelles de la ville de créer une osmose issue de leurs influences respectives. Comme pour une équipe de football, le collectif est composé de onze membres. On y retrouve des musiciens et chanteurs que l’on croise régulièrement en solo ou dans d’autres formations, Sylvain GIRAULT au chant, Erwan HAMON (HAMON MARTIN QUINTET) à la flûte traversière en bois, François ROBIN à la veuze, Ronan LE GOURIEREC (BIVOAC) au saxophone et à la bombarde, François BADEAU (ESQUISSE) à la basse et à l’accordéon diatonique, Thomas BADEAU (ESQUISSE) à la clarinette, Pierre LE NORMAND (ESQUISSE) à la batterie, Guillaume BLAIN (DUO BLAIN-LEYZOUR) à la guitare acoustique, Fred BOULEY au violon. Micha PASSETCHNIK (trompettiste du groupe de musiques de l’Est BAJKA) ainsi que la chanteuse Aïcha LEBGAA complètent la formation.

De ce chaudron dans lequel on aura fait bouillir plusieurs influences liées à l’histoire de la ville de Nantes va naître un programme qui a la particularité d’être entièrement original sans apport de titres venant du répertoire habituel des différents membres. La musique celtique, bretonne bien sur mais aussi irlandaise, voisinait avec la musique d’Europe de l’Est, pour ensuite bifurquer vers le Maghreb (Sidi H Bibi). Les chants en français et en arabe se répondaient. Le groupe s’est même permis de reprendre le célèbre tube de NOIR DÉSIR, Le Vent nous portera, adapté en rond guérandais, sans le trahir. Tous les membres du collectif n’étaient pas toujours en même temps sur scène. Ils se passaient le relais au gré des morceaux. Le JEU A LA NANTAISE n’a pour le moment publié aucun enregistrement. Souhaitons qu’un CD viennent rapidement comble ce vide.

Site : www.myspace.com/collectifjeunantais

BARRULE

BARRULE est le nom d’une montagne de l’île de Man. Depuis début 2012, c’est aussi le nom d’un trio composé des musiciens Tomas CALLISTER (violon), Jamie SMITH (accordéoniste) et Adam RHODES (bouzouki). En observant de plus près, on se pouvait s’empêcher de penser que l’accordéoniste nous disait quelque chose et que son visage ne nous était pas inconnu. Et pour cause, Jamie SMITH n’est autre que le leader du groupe gallois MABON qui fut plusieurs fois programmé au FIL. Alan RHODES, lui, a officié au sein du groupe mannois KING CHIAULLEE et il a depuis rejoint MABON. Entre Pays de Galles et île de Man, il y avait de quoi se perdre.

Le trio a déjà produit un CD paru cet été. Lorient constituait la première participation de cette nouvelle formation à un grand festival. A la différence de l’album sur lequel interviennent des musiciens invités, c’est simplement en formule trio que BARRULE se produisait. La physionomie du groupe pouvait laisser craindre une atmosphère minimaliste, voire monotone. Il n’en était rien. Entre titres instrumentaux et chansons en anglais ou en gaélique mannois, les trois compères savaient varier les ambiances. Les morceaux lents s’harmonisaient avec des moments plus rythmés. La folie qui caractérise parfois Jamie SMITH avec MABON se retrouvait par instants ici, même si elle est plus pondérée. Le but des musiciens est de populariser la musique de leur île qui, avec celle de la Cornouailles, est l’une des moins connues du monde celtique. Ils sont bien partis pour cela. On réentendra sans doute parler de BARRULE.

Site : www.barruletrio.com

CD : Barrulé

LE OFF

On le pressentait déjà depuis plusieurs années mais, lors de cette édition 2012, en poursuivant sa chute, le OFF n’est plus que l’ombre de lui-même. Certes, il y a toujours un Festival OFF, seulement faute d’une vraie structure et d’une gestion correcte, il est devenu une immense foire ou chacun fait ce qu’il veut. Heureusement, on peut encore croiser quelques (bons) groupes que nous avons déjà chroniqués ces dernières années, mais ceux-ci se retrouvent mêlés à des musiciens proposant une musique n’ayant absolument rien de celtique, qui plus est souvent à grand renfort de décibels.

En Avignon, le OFF est un véritable Festival dans le Festival. Les responsables du OFF lorientais feraient bien de s’en inspirer au risque de voir ce dernier finir par disparaître.

BRENN KORZH

Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer BRENN KORZH l’an dernier. Le groupe catalan constituait une des rares surprises d’un OFF déjà bien morose. La physionomie du groupe a changé depuis avec le départ de la violoniste et de la chanteuse. Aujourd’hui BRENN KORZH est un quatuor composé de Florian (guitares électrique et acoustique), Jean-Marc (basse), Patrice (dulcimer, bombarde, gralla) et Sherriane qui les a rejoint au chant.

Ayant décidé de se passer du violon, le groupe a du réarranger ses anciens morceaux. Mais la musique ne pâtissait pas de cette nouvelle formule. Il s’agissait toujours d’un savant mélange de rock, très inspiré par les années 70 et de musique traditionnelle, entre autre grâce à la présence du dulcimer, instrument devenu très rare en Bretagne, et de la gralla qui donne une couleur particulière, une marque au groupe. Sherriane dégageait également une énergie au chant qui renforçait la puissance du combo.

Outre le OFF, BRENN KORZH a eu l’opportunité d’être également programmé dans le chapiteau Irlandais ce qui lui a permis d’être découvert par un autre public. Espérons que dans les années qui viennent, il puisse passer la barrière qui mène vers le Festival Officiel. BRENN KORZH possède un fort potentiel, il serait dommage de passer à côté.

Site : www.myspace.com/brennkorzh

CELTKILT

CELTKILT est un groupe originaire de Roanne dans le département de la Loire, une ville qui n’est pas particulièrement celtique mais qui possède un bagad réputé, le BAGAD AVEL MOR. CELTKILT pratique plutôt le rock celtique. Il est composé de cinq membres répondant aux doux pseudonymes de Titou MAC FIRE (chant, guitare), véritable Zébulon bondissant sur scène et courant au milieu du public, la très jolie Erin MAC FIVE (violon) la seule fille du combo, Loïc MAC WIND (cornemuse, flûtes), Drik MAC WATER (basse) et Rem’s MAC GROUND (batterie, bodhran).

A la différence de nombreux groupe du OFF qui ne misent que sur le rock festif, CELTKILT a au moins le mérite de conserver des tonalités celtiques tout en donnant toutefois une couleur festive à sa musique. Le violon et la cornemuse sont très présents et ne sont pas noyés dans la rythmique rock. Le groupe ne se contente non plus pas de reprendre les standards maintes fois éculés du répertoire celte. Il propose ses propres compositions et ce titre, on le croirait presque originaire d’Irlande ou d’Écosse. Cependant, Il n’hésite pas non plus à piocher dans les classiques du rock et quelques reprises issues de cet univers parsèment le répertoire. La formation rend ainsi un hommage appuyé à ACDC en mélangeant sur un même titre Long Way to the Top, Thunderstruck et Highway to Hell. Autant dire que cela déménage !

Il reste que les scènes étriquées du OFF ne sont pas les meilleurs endroits pour découvrir et apprécier des formations certes de qualité mais avec un flot de décibels important. CELTKILT est un groupe qui mériterait d’être vu et entendu dans une bonne salle ou sur une véritable scène.

Site : www.celkilt.com

CD : Hey ! What’s under your kilt ? (2012)

Réalisé par Didier Le Goff

 

 

 

 

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