Festival Interceltique de Lorient 2014 : Année de l’Irlande

594 vues

Festival Interceltique de Lorient 2014

Année de l’Irlande

Après les Asturies en 2013, le Festival Interceltique de Lorient (FIL) a choisi de distinguer la seule nation celte qui soit également un état à part entière, l’Irlande. Lors de sa précédente participation en tant qu’invité d’honneur en 2005, le pays avait fait preuve d‘une relative discrétion. Cette fois-ci, il a bien tenu son rang de nation phare de l’Interceltisme.

Fil-2014

Il faut croire que l’Irlande est un pays à l’attractivité forte, car l’édition 2014 aura été un grand succès populaire. La fréquentation a été très proche de celle de 2010 qui était l’année des quarante ans du Festival et l’année de la Bretagne. On estime à environ 750 000, le nombre de visiteurs ayant fréquenté la cité morbihannaise durant les dix premiers jours d’août.

Les chiffres définitifs ne sont pas encore connus. On sait néanmoins que certains spectacles se sont joués à guichets fermés : les deux spectacles de l’année de l’Irlande (la soirée d’ouverture au Grand Théâtre le premier samedi et la Grande Nuit de l’Irlande le lundi à l’Espace Marine), Hommage à Anne de Bretagne de Roland BECKER, Susanne VEGA, Dans Akademi (R)Evolutions, Ross AINSLIE & Jarlath HENDERSON – THE OLLAM ainsi que Breizh Kabar, la nouvelle création du Bagad de la KEVRENN ALRE et des réunionnais de SAODAJ.

Lancée en 2011, la vente d’un badge de soutien (3 € pour dix jours) permettant d’accéder à certains sites a été maintenue. Le seuil des 40 000 unités, souhaité par les organisateurs, a d’ailleurs été atteint et même dépassé.

Effectif depuis l’an dernier, le nouveau tracé de la Grande Parade des Nations Celtes entre le Stade du Moustoir et le chantier de réparations navales (Slipway) près du Port de Pêche a été confirmé. Le défile fut en outre riche en symboles. Le Festival souhaitant s’associer aux commémorations du centenaire du commencement de la première guerre mondiale, la Grande Parade aura vu défiler un exemplaire des taxis de la Marne, sur l’avenue du même nom, ainsi le SAMAROBRIVA PIPES AND DRUMS, le Pipe Band d’Amiens, en mémoire de la bataille de la Somme.

Les animations au Slipway se sont trouvées renforcées le premier dimanche. Outre les aubades des bagadou et cercles celtiques, dans l’après-midi s’y sont également déroulés l’An-dro the World, dont le but est chaque année de réunir simultanément le plus grande nombre de danseurs autour de la planète, ainsi qu’une joute musicale entre le Bagad de Lorient et deux disc-jockeys, Raymond LAZER et SAMIFATI.

Le Festival a renoué cette année avec le grand spectacle de clôture. Il y avait certes jusqu’en 2012, un concert le dernier soir, que celui-ci soit à l’Espace Marine ou au Slipway, mais ce spectacle était d’un format classique, identique à ceux proposés durant la dizaine. Pour retrouver une trace d’un concert exceptionnel, il fallait remonter à l’an 2000 et la dernière de l’Héritage des Celtes de Dan AR BRAZ dans l’enceinte du Stade du Moustoir. C’est justement dans ce lieu que s’est déroulé ce grand concert sur une scène amovible qui, du reste, pourra être utilisée hors Festival.

Côté Championnat des Bagadou, pour la vingt-deuxième fois, le BAGAD KEMPER a remporté le concours de première catégorie. Le Bagad de Lorient redescend lui en seconde catégorie. Plus surprenant, il sera accompagné par la seule formation de Loire-Atlantique présente à ce niveau, le Bagad de Saint-Nazaire. La lutte pour la remontée parmi l’élite l’an prochain promet déjà d’être rude.

Le dernier soir, en prélude au traditionnel concert du groupe DJIBOUDJEP, un hommage a été rendu à Michel TONNERRE. De nombreux musiciens et chanteurs se sont relayés pour continuer à faire vivre la mémoire du célèbre auteur de chants de marins.

Enfin, le Pavillon Irlandais a connu un record d’affluence. Il faut dire qu’il y régnait une chaleureuse ambiance de « pub géant ». Parmi les groupes qui s’y produisait, on a pu retrouver les toulousains de DOOLIN’ qui, même s’ils officiaient également dans le OFF, faisaient là un premier pas vers une reconnaissance officielle. De bon augure pour une programmation attendue dans le IN.

Pour 2015, Le Festival Interceltique mettra deux nations à l’honneur, ce qui n’était jamais arrivé. Ce sera qui plus est la première fois pour ces deux régions, La Cornouaille et l’Ile de Man.

COMPTE-RENDU

BERNARD LAVILLIERS

A première vue, la présence de Bernard LAVILLIERS pouvait paraître insolite au Festival Interceltique, la musique du stéphanois n’ayant en effet rien de très… celtique. Et pourtant, le chanteur des causes perdues, comme il se définit lui-même, n’a jamais caché sa sympathie pour la Bretagne et ses habitants. La veille de son concert lorientais, il se produisait d’ailleurs sur la scène d’un autre grand événement de l’été breton, le Festival du Bout du Monde à Crozon.

Bernard LAVILLIERS a vécu à Saint-Malo ou il possédait un bateau baptisé le Corto MALTESSE, le héros créé par Hugo PRATT dont un des albums s’appelait justement Les Celtiques.

Des contacts avaient été noués avec le FIL depuis plusieurs années, mais jusqu’à présent les chemins n’avaient pas encore pu se croiser. 2014 aura donc été la bonne année pour que se rencontrent enfin l’artiste et le public de l’Interceltique.

C’est devant un parterre copieusement garni que Bernard LAVILLIERS s’est présenté. Accompagné par un solide équipage de musiciens (guitare, basse, batterie, percussions, trompette, saxophone), il a levé l’ancre sur le port de Lorient pour nous convier à un voyage musical autour d’un répertoire puisé dans quarante ans d’une riche carrière. Peu de place était laissée à l’improvisation, la mécanique était bien huilée et parfaitement calibrée. Le spectacle était pleinement rodé.

Les titres du derniers album en date (Scorpions, Y’a pas qu’à New York) voisinaient avec des titres anciens et des classiques (Stand the ghetto, Trafic, La Salsa, Pigalle, Melody Tempo Harrmony). Le public a volontiers assuré les chœurs sur Idées noires, en lieu et place de NICOLETTA. Les Mains d’or, hymne ouvrier dont les paroles sont encore hélas d’une triste actualité, a résonné pertinemment à Lorient car Bernard était venu soutenir les ouvriers de la fonderie SBFM il y a quelques années.

La surprise est arrivée en milieu de concert. En effet est apparu sur la scène le sonneur Kevin CAMUS pour une interprétation en duo tout en douceur de On the Road again pour laquelle le breton officiait à la cornemuse irlandaise aux côtés de Bernard à la guitare acoustique et au chant. Le titre, évoquant l’Irlande, se prêtait fort justement à cette version complètement remaniée.

Le concert s’est néanmoins terminé par une légère frustration. L’une des chansons les plus emblématiques, Noir et Blanc (qui sont aussi les couleurs du drapeau breton) a été oubliée. Ce sera donc l’occasion pour Bernard LAVILLIERS de revenir à Lorient lors d’une prochaine édition.

CD : Baron Samedi
Site : https://bernardlavilliers.fr

Fêtes entre Celtes :
LUNNY/RYNNE/BAROU – Gilles SERVAT

Derrière cette appellation se cachait une soirée consacrée à l’amitié entre la Bretagne et le pays invité d’honneur, l’Irlande.

En première partie s’est produite la formation constituée de Dónal LUNNY (bouzouki), Pádraig RYNNE (concertina) et du breton Sylvain BAROU (flûte). Les amateurs de musique celtique connaissent évidemment le premier qui est un des musiciens les plus influents en Irlande depuis le début des années 70. Donal a durablement marqué la musique de par les groupes auxquels il a participé, PLANXTY, BOTHY BAND ou encore MOVING HEARTS. En conférence de presse, Gilles SERVAT n’a cependant pas hésité à faire remarquer que Donal était connu (et reconnu) dans le monde entier sauf… en France. Il a pourtant été un des bras droits de Dan AR BRAZ durant l’aventure de l’héritage des Celtes. A ses côtés, se trouvent également deux pointures, qui se connaissent bien puisqu’ils sont tous deux membres de groupe GUIDEWIRE.

Malgré son expérience et sa longévité musicale, Donal LUNNY ne cherchait pas à jouer les premiers rôles et il n’y avait pas véritablement de meneur dans le trio. Chacun est membre à part égale. La musique irlandaise était bien sûr majoritaire, qu’elle soit traditionnelle ou non, mais les trois compères s’autorisaient par moment des incursions vers l’Europe de l’Est et du Nord, ou encore la Méditerranée ainsi que la Bretagne. La formule, qui au départ pouvait paraître minimaliste, se révélait au contraire très solide car les musiciens savaient occuper l’espace.

Ensuite, c’est un habitué du Festival, Gilles SERVAT, qui a pris place sur la scène. Il s’agissait pour lui d’un spectacle unique. Aucun titre de son dernier album studio, qui est d’une autre couleur musicale, n’a en effet été interprété. Accompagné par ses deux complices, Nicolas QUEMENER (guitare) et Ronan LE BARS (cornemuse irlandaise) auxquels se sont joints les musiciens de du trio RYNNE BAROU LUNNY, Gilles a puisé dans les titres de son répertoire se référant à l’Irlande. On a ainsi pu entendre des traditionnels ou des adaptations, The Foggy Dew, Le Cul cousu d’or (The Wild Rover), Whisky dans les jarres, C’est mon gars (Mo Ghile Mear), Vieille Ville de merde (Dirty old town), Eleonor qui bénéficiait d’une belle intro au bouzouki ou encore La Quinta Brigada de Christy MOORE

On a également pu redécouvrir des titres moins connus issus de ses albums les plus irlandais, Sur les quais de Dublin (produit d’ailleurs par Donal LUNNY) dont le titre éponyme, Les derniers rayons ainsi que A White Horse. Le Pays, La Maison d’Irlande ou ce chant en forme d’hymne interceltique, Toujours la mer nous unira, créé en 2010 sur cette même scène de l’espace Marine, complétaient le programme.

Des intermèdes essentiellement instrumentaux, avec parfois Gilles au bodhran, s’inséraient entre les chansons permettant de varier les ambiances. Enfin, malgré les appels répétés du public, Gilles a délaissé La Blanche Hermine.

CD :
Gilles SERVAT : C’est ça qu’on aime vivre avec
RYNNE / BAROU / LUNNY : Triad

Sites :
Gilles SERVAT : https://www.facebook.com/Gilles-Servat-Officiel-438064732930538/
RYNNE / BAROU / LUNNY : www.padraigrynne.com/trio

Grande soirée de l’Irlande :
Shaun DAVEY – LUNASA

Chaque année, la soirée du lundi de l’Espace Marine est consacrée au grand spectacle du pays à l’honneur et, en cette année de l’Irlande, le chapiteau affichait complet.

En première partie, c’est une œuvre majeure et symbolique de la musique irlandaise, The Brendan Voyage, qui a été rejouée. Créée il y a trente-quatre ans par le compositeur Shaun DAVEY, cette suite musicale, audacieuse à l’époque, marquait la rencontre entre un orchestre classique et la cornemuse irlandaise. Si Shaun DAVEY n’était pas présent, le grand musicien Liam O’ FLYNN était bien à nouveau sur scène et était cette fois accompagnés par l’Orchestre du Festival. Pour ceux qui découvraient l’œuvre comme pour ceux qui la connaissaient déjà, l’émotion était palpable. La qualité des mélodies et la virtuosité des musiciens ont fait que la magie a fonctionné une fois encore. Même si on pouvait penser que cela n’était pas nouveau, le célèbre The Brendan thème tout comme le final, Newfoundland, provoquaient le même frisson qu’au moment de leur création.

L’orchestre du Festival, qui était le fil rouge de la soirée, a ensuite été rejoint par un des groupes phares du folk irlandais actuel, LUNASA. Le combo pratique une musique instrumentale acoustique (guitare, contrebasse, violon, flûtes, cornemuse irlandaise) et sa réputation a largement dépassé les frontières de son pays. Qui plus est, le nom de la formation signifiant « août » en gaélique, il paraissait dès lors logique de la retrouver sur la scène du FIL. LUNASA avait déjà joué avec le RTE CONCERT ORCHESTRA en 2012 et avait donc l’expérience de l’alliance entre symphonique et folk. S’il n’y a rien à redire sur la qualité de musiciens des membres de LUNASA, force est de constater néanmoins que le groupe pratique une musique irlandaise de facture somme toute classique. L’apport d’une formation orchestrale rehaussait nettement un ensemble qui aurait peut-être semblé plus stéréotypé. Si la grande partie du répertoire de LUNASA était puisé dans le folk irlandais, le groupe s’autorisait des incursions vers la Bretagne ou les Asturies, pays d’origine du directeur du Festival. Il a de plus interprété le thème retenu pour le clip de présentation de l’édition 2014, Morning night cap.

Le guitariste Ed BOYD communiquait volontiers avec le public en faisant l’effort de s’exprimer en français. Avec humour, il a précisé que début août, il était difficile de trouver des musiciens en Irlande car ces derniers se trouvaient tous à Lorient.

CD:
Shaun DAVEY : The Brendan Voyage
LUNASA : Lúnasa with The RTÉ Concert Orchestra

Site : www.lunasa.ie

Cécile CORBEL

Lors de sa précédente venue au Festival Interceltique en 2011, Cécile CORBEL s’était produite un après-midi dans le cadre du « Concert pour Celtes en devenir ». Le spectacle avait alors eu pour fil conducteur la bande originale du dessin animé des studios japonais Ghibli, Arriéty, que Cécile avait composée avec son complice Simon CABY. Cette fois encore, c’est avec une thématique similaire que Cécile a été invitée. Le concert avait en effet pour trame la musique du documentaire Terre des Ours, sorti au cinéma début 2014.

Dans une salle bien remplie, occupée en grande partie par des enfants accompagnés de leurs parents, la harpiste s’est présentée avec un groupe plus étoffé qu’il y a trois ans (guitare, basse, violoncelle et percussions). Si des passages de la bande originale du film Terre des Ours ont bien été joués, c’est avant tout à un voyage, autant musical que géographique, auquel Cécile et ses musiciens ont convié le public. On a ainsi pu entendre des titres extraits de ses albums Songbook, ou encore la désormais célèbre Chanson d’Arriéty. Yarim gitti (ma bien-aimée) venait d’Anatolie en Turquie. En prélude de la parution du nouvel album, Cécile nous a gratifié d’un premier extrait, Entendez-vous.

Preuve de la popularité de la musicienne : après le concert, il y avait foule pour tenter d’avoir un autographe ou simplement pour échanger quelques mots avec l’artiste. La prochaine étape sera donc pour Cécile CORBEL d’être programmée en soirée sur une plus grande scène.

CD : La Fiancée – Terre des Ours
Site : www.cecile-corbel.com

RAG FOUNDATION

Selon la légende, RAG FOUNDATION est une ancienne montagne du Pays de Galles au sommet de laquelle se battaient autrefois une abeille appelée Rag et une guêpe appelée Foundation. Depuis 1998, RAG FOUNDATION a gravi peu à peu cette montagne et est devenu aujourd’hui un des groupes majeurs de la scène musicale galloise. Au départ le groupe était simplement composé par le duo Neil WOOLLARD (chant) et Kate RONCONI (violon), rejoint très vite par le guitariste et ensuite par le bassiste et le batteur pour donner au groupe sa physionomie actuelle. RAG FOUNDATION venait présenter à Lorient en avant-première son nouvel album, The Sparrow and the Thief.

L’évolution a fait qu’on ne pouvait pas à proprement parler de musique celtique. En conférence de presse, le groupe a lui-même qualifié sa musique de contemporaine tout en restant très galloise. Le violon, qui apportait les sonorités folk, et le chant étaient bien mis en avant. Derrière, une guitare acoustique et une batterie percutante ajoutait une rythmique éminente. Neil WOOLLARD adoptait en outre un côté un peu dandy qui confirmait à l’ensemble son aspect difficilement classable.

CD : The Sparrow and the Thief
Site : https://www.facebook.com/ragfoundationmusic/

Suzanne VEGA

Le concert événement de Suzanne VEGA à Lorient aura été précédé d’une légère polémique due à une incompréhension. Le spectacle était en effet annoncé comme étant «en mémoire de Pete SEEGER» et nombreux sont ceux qui ont pensé qu’il s’agissait d’un concert hommage à l’illustre pionner de la musique folk, décédé en janvier 2014. Suzanne VEGA a dès lors tenu à ce que ce que les choses soient remises en place, tout en admettant que Pete SEEGER faisait effectivement parti de ses influences. La musique de Suzanne VEGA n’est pas non plus celtique, mais la chanteuse reconnaît que cette culture est néanmoins en elle (son père est d’origine irlando-écossaise).

Le concert de Lorient était le dernier d’une tournée de cinq semaines en Europe. Sur la scène du Grand Théâtre, Suzanne était simplement entourée par un batteur et par le guitariste irlandais Gerry LEONARD (qui a en outre officié pour David BOWIE) et s’accompagnait par moments à la guitare acoustique. Il ne fallait cependant pas se fier à ce côté resserré car la musique restait un mélange entre acoustique et électrique, ce que Suzanne a toujours fait. Certains moments sonnaient d’ailleurs très rock.

Suzanne VEGA venait présenter son nouvel album, dont une large part évoque le monde spirituel et le vrai monde, celui de l’argent et de la finance. Mais ce que les spectateurs attendaient surtout, ce sont bien sur les tubes, pour la plupart issus de son deuxième album, Solitude Standing (Tom’s Diner, Luka et Marlene on the Wall) et pour les plus connaisseurs Caramel, qui faisait partie de la bande originale du film Entre chiens et chats. Le public ravi a dès lors pu réserver une belle ovation à la chanteuse.

CD : Tales from the Realm of the Queen of Pentacles
Site : www.suzannevega.com

DERVISH

DERVISH célébrait cette année son vingt-cinquième anniversaire. Depuis sa création, la formation menée par la chanteuse (et parfois joueuse de bodhran) Cathy JORDAN est devenue l’un des groupes phares de la scène irlandaise à travers le monde (malgré une peu glorieuse dernière place lors du concours de l’Eurovision en 2007).

En cette année de l’Irlande, le groupe venait souffler ses bougies sur la scène de l’Espace Marine. Il faut reconnaître un certain talent aux six musiciens pour mettre de l’ambiance dans le vaste chapiteau, le parti pris de l’acoustique (flûte, violon, accordéon et surtout mandoline et bouzouki) ne facilitant pas toujours les choses. Le groupe enchaînait les reels, jigs et chansons dans un accord parfait et une maîtrise incontestable.

Seulement, et c’est le sempiternel problème avec les groupes irlandais, on a quand même l’impression d’avoir entendu ce genre de musique des dizaines et des dizaines de fois. S’il n’y avait absolument rien à redire sur la virtuosité du groupe, il fallait reconnaître que DERVISH manquait parfois d’originalité.

CD : A Celebration: 1989-2014
Site : www.dervish.ie

YVES LAMBERT TRIO

Yves LAMBERT est un chanteur et musicien bien connu de tous les amateurs de musiques en provenance du Québec. Il fut en effet membre d’un des plus célèbres groupes folk de la Belle Province, LA BOTTINE SOURIANTE. Bien qu’il n’en fasse plus partie depuis douze ans, son nom y est encore souvent associé. La première venue d’Yves à Lorient remonte à 1978, mais elle s’était faite simplement en qualité de spectateur. Il a ensuite eu l’occasion de revenir avec LA BOTTINE.

Cette année, Yves LAMBERT venait dévoiler son dernier projet en date qui est se présente sous la forme d’un trio portant son nom, avec à ses côtés Olivier RONDEAU (guitare) et Tommy GAUTHIER (violon, mandoline).

Les titres proposés par le trio provenaient en grande partie du répertoire traditionnel québécois. Des thèmes instrumentaux qui venaient se greffer dans les chansons étaient par contre des compositions des deux compères d’YVES LAMBERT. Cela prouvait qu’il s’agissait bien d’un véritable travail de groupe. Une des chansons, Les corps de métiers, est une adaptation d’un morceau que LA BOTTINE SOURIANTE avait interprétée autrefois sous le titre Le démon sort de l’enfer.

Yves LAMBERT discutait volontiers avec le public, présentant les différents titres et n’étant pas avare en anecdotes diverses (on a par exemple appris que l’un de ses fidèles accordéons se nommait… Françoise). Son humour (il se définit lui-même comme un musicien de brousse à tendance kamikaze), son accent, sa truculence ont ainsi permis aux spectateurs de passer une chaleureuse soirée alors que la tempête s’abattait à l’extérieur.

CD : Yves Lambert Trio
Site : www.yveslambert.com

ALAW

On l’avait justement évoqué à l’occasion du compte-rendu de la précédente édition du Festival Interceltique, ALAW a bien fait partie de la programmation pour 2014. L’accordéoniste du groupe n’est autre que Jamie SMITH, qui est ainsi présent pour la troisième année consécutive avec une formation différente à chaque fois, MABON en 2013 et le groupe de l’Ile de Man BARRULE en 2012. Les deux autres membres, qui sont les fondateurs d’ALAW, sont le violoniste, lui aussi issu de MABON, Oli WILSON-DICKSON et son beau-père le guitariste Dylan FOWLER. Un mini CD d’ALAW était par ailleurs paru sous cette première mouture en duo.

ALAW signifie « mélodie » en gallois et ce nom va justement dans le sens recherché par le trio, à savoir mettre en avant le riche répertoire mélodique du Pays de Galles, qui reste moins connus que ses cousins celtes d’Écosse, d’Irlande ou encore de Bretagne.

Sur scène, c’est le violon qui menait les débats. Les airs présentés, qu’ils soient simplement à écouter ou bien à danser s’enchaînaient, parfois au sein d’un même titre. Oli et Jamie ont l’habitude de jouer ensemble et cette complicité se ressentait de manière évidente. La formule qui pouvait au départ paraître légère, voire limitée, se découvrait au final très plaisante et ALAW a su communiquer sa fougue à un public captivé.

CD : Melody
Site : www.alaw-band.com

VRIENDEN

Bien que les membres de VRIENDEN soient asturiens, ils ont choisi pour patronyme un mot néerlandais qui signifie «amis». Au départ, été 2010, VRIENDEN n’était qu’un duo composé de Xurde FERNANDEZ (violon, flûte) et Nel SUAREZ (guitare acoustique). Pedro SANTIAGO (cajon, bodhran) et Juan DUARTE (chant) sont ensuite venus compléter la formation pour lui donner son ossature actuelle. Les quatre amis se sont alors mis au travail afin de finaliser la direction musicale à suivre

Le premier album éponyme est paru en 2013 et a obtenu le titre de meilleur disque folk de l’année. C’est donc le fruit de ce labeur et le répertoire issu de cet opus que le groupe est venu présenter à Lorient.

La formule (trois musiciens acoustiques et un chanteur) pouvait sembler à priori minimaliste. Mais la musique de VRIENDEN n’avait rien d’ennuyeuse. Les mélodies étaient tracées par la flûte et la guitare tandis que le jeu particulièrement réussi des percussions apportait un rythme soutenu. Le chant en asturien confirmait l’enracinement du groupe dans sa culture.

CD : Folk fusion alternativo
Site : https://vriendenmusic.bandcamp.com/

Dans l’Univers des Bardes :
FINCH/KEITA – Anoushka SHANKAR

Dans la civilisation celtique, le barde était un érudit chargé de la transmission des arts. Sa fonction était cependant liée à la religion. De nos jours, cette connotation religieuse s’est perdue, mais ceux qui peuvent s’affirmer comme bardes conservent néanmoins cette volonté de transmettre la culture ancestrale aux générations qui les suivent. La soirée Dans l’univers des bardes était une mise à l’honneur, un hommage, à ces artistes, qu’ils soient Celtes ou non, qui œuvrent à cette passation. C’est le cas du Griot en Afrique Occidentale ou du Pandit en Inde.

Ce sont d’abord la galloise Catrin FINCH et le sénégalais Seckou KEITA qui se sont présentés devant le public. Même si elle officie plus volontiers dans le domaine du classique ou du jazz, Catrin n’était pas une inconnu au FIL puisqu’elle faisait partie des artistes mis en avant en 2008 à l’occasion de l’année de son pays. Seckou lui est un griot sénégalais qui a déjà pu développer le métissage entre les musiques celtiques et africaines au sein de BAKA BEYOND. C’est à la suite d’une commande de collaboration interculturelle du Theatr Mwlda à Cardigan au Pays de Galles que le duo s’est formé. Au départ, c’est le malien Toumani DIABATE qui devait accompagner Catrin, mais les événements dans son pays l’on contraint à renoncer.

Le défi pour les deux protagonistes fut de savoir quelle musique ils allaient jouer. La harpe galloise et la kora ont des structures différentes. Catrin FINCH a avoué en conférence de presse qu’elle ne pourrait pas jouer de la kora et il en est de même pour Seckou KEITA avec la harpe galloise. Après deux ans d’expérimentation, l’audace a pris une place plus importante et le courant passait de manière fluide entre les deux protagonistes. A travers des traditionnels gallois et des compositions de Seckou, Les cordes s’entremêlaient, se répondaient dans un dialogue constant, ou bien encore la kora prenait la place d’une basse pendant que la harpe jouait la mélodie. Un sentiment d’apaisement flottait alors dans la salle.

Désormais, les deux musiciens s’attèlent à leurs projets personnels mais ils n’excluent pas de se retrouver à nouveau.

Ce fut ensuite au tour d’Anoushka SHANKAR et de ses musiciens de prendre place sur scène. Comme son nom l’indique, Anoushka n’est autre que la fille de l’immense Ravi SHANKAR. Ce dernier portait le titre de Pandit et a transmis son art à sa fille.

Anoushka était assise sur une petite scène au milieu de ses musiciens qui l’accompagnaient aux percussions, flûtes, violoncelles et parfois piano. Pour des oreilles occidentales non initiées, la musique pouvait paraître au départ difficile d’accès. Mais Anoushka, en digne disciple de son père, a su préserver la tradition des ragas indiens tout en sachant néanmoins s’affranchir parfois des codes établis. Tous ses musiciens ne sont d’ailleurs pas indiens.

L’ensemble était pour une très large part instrumental, composé de longs morceaux, progressifs, démarrant lentement puis accélérant vivement jusqu’à atteindre un état de transe.

Des titres chantés trouvaient cependant leur place. Ce fut le cas de Traces of you, qui est aussi le titre du dernier album d’Anoushka et qui, dans sa version originale est interprété par sa demi-sœur, Nora JONES. Pour le concert, c’est la violoncelliste Ayanna WITTER-JOHNSON qui assurait les parties vocales en s’accompagnant au piano.

Pour la ville qui fut celle de la Compagnie des Indes, il y a eu avec ce concert comme un parfum épicé de retour aux sources.

CD :
Catrin FINCH & Seckou KEITA : Clychau Dibon
Anoushka SHANKAR : Traces of You

Sites :
Catrin FINCH & Seckou KEITA : http://catrinfinchandseckoukeita.com
Anoushka SHANKAR : www.anoushkashankar.com

Oscar IBANEZ

Oscar IBANEZ aura été une des révélations de cette 44e édition. Avec son groupe de trois musiciens (guitare, accordéon et percussions), le sonneur galicien a littéralement mis le feu à la scène et augmenté de quelques degrés encore une salle du Palais des Congrès dans laquelle la température était pourtant déjà élevée. Oscar courait sur la scène et, en fin du concert, est même allé jusqu’à monter sur les gradins au milieu d’un public tout acquis à sa cause.

Cette folie ne devait cependant pas faire oublier la musique qui n’avait rien de superficielle. Oscar et ses musiciens ont fait voyager l’auditoire de la Galice vers les pays d’Amérique Latine, lieux d’émigration pour de nombreux galiciens. Les mélodie galiciennes ont elles-aussi voyagé et se sont teinté de rythmes latino-américains. C’est ce travail de dénicheurs et de collecteur qu’Oscar IBANEZ venait présenter à Lorient.

Entretien avec Oscar IBANEZ

A quel âge as-tu commencé à jouer de la musique ?

OI : J’ai commencé à huit ans avec un premier groupe qui s’appelait TREBOADA et ensuite j’ai pu intégrer un autre groupe de danses à Pontevedra, CELME, qui m’a permis de voyager dans d’autres festivals un peu partout en Europe.

Es-tu issu d’une famille de tradition musicale ?

OI : Non

C’était par envie ou parce que tu as découvert la musique celtique par l’intermédiaire d’autres groupes ?

OI : J’ai commencé presque par hasard, parce qu’une école de musique s’était ouverte tout près de chez moi. Je suis alors tombé dedans et cela m’a tellement plu que je suis ensuite devenu professeur de gaïtas. Je suis parti en Amérique latine dans plein de pays donner des cours de gaïtas aux fils d’émigrés galiciens qui étaient là-bas. C’est de là qu’est née l’idée du CD.

Tu enseignes toujours ?

OI : En fait, j’ai trois facettes. Je continue à donner des cours, j’enseigne dans les écoles de musiques.

Je fais aussi de la recherche sur la musique. Par exemple, j’ai trouvé un groupe galicien qui était à Cuba dans les années 30. J’ai écrit des articles là-dessus.

Ensuite, j’ai ce côté artiste qui se produit avec son groupe. Si là, on nous a vus à quatre, en général, nous sommes une formation à six.

C’est toujours en formation acoustique ou il arrive quelquefois que ce soit plus électrique ?

OI : Quand on joue à six, il y a une batterie plus complète, de percussions rajoutées et une basse. Mais on joue la mélodie de la même manière.

Ton répertoire est issu du collectage ou tu composes également ?

OI : Cela m’arrive de composer, mais pour ce CD, comme l’intérêt était de montrer ce qui avait pu être emmené en Amérique Latine, c’était vraiment un travail de collectage important entre les airs galiciens et les airs d’Amérique Latine. Pour nous, c’est vraiment important d’avoir toutes les nuances exactes de la manière dont ça a pu être joué là-bas. Du coup, on a enregistré le CD avec des musiciens vénézuéliens ou cubains. On a essayé d’être respectueux et pour cela le collectage était très important. Mais la manière d’organiser tous les arrangements autour, de rajouter éventuellement la voix, tout ça c’est nous.

C’est ta première venue à Lorient ou as-tu déjà eu l’occasion de venir ?

OI : J’ai déjà participé plusieurs fois au concours McCrimmon de gaïtas. Mais là, c’est autre chose de venir en tant qu’artiste avec mon propre groupe. C’est vraiment différent.

Les réactions du public sont-elles aussi chaleureuses que lorsque tu joues en Galice ou en Amérique Latine ?

OI : On est vraiment enchanté du public breton. On a eu un accueil très chaleureux avec beaucoup de compliments, même plus que ce que l’on peut avoir dans notre propre pays. On est donc ravi de notre venue ici !

Le spectacle était entièrement instrumental. Est-ce que tu chantes ou y-a-t-il quelquefois des intervenants au chant ?

OI : Pour le moment, on est essentiellement dans la formule instrumentale entre la formation à six et celle réduite à quatre. C’est déjà beaucoup à gérer. Un chanteur n’est pas exclu dans l’avenir, mais ce n’est pas notre priorité pour l’instant. C’est aussi un musicien de plus et, en temps de crise, il est difficile de vivre de sa musique, aussi on s’en tient à l’instrumental.

Tu donnes beaucoup de ta personne sur scène. Es-tu toujours aussi remuant ?

OI : J’essaie toujours de donner le maximum de moi-même, j’ai toujours plein d’énergie que j’ai envie de communiquer au public. Mais ce qui se passe à Lorient, c’est que dès le premier titre, le public réagit. Il y a une connexion qui s’établit et ça, ça nourrit aussi l’artiste. On voit tout de suite que ça marche, on est encore plus dedans. Communiquer cette énergie vient tout seul !

Le public ne manquera pas de faire avec la comparaison avec Carlos NUNEZ. Est-ce qu’on te le dit souvent et est-ce parfois agaçant ?

OI : Effectivement cela arrive souvent. Finalement, ce n’est évident pour les gaïteros ou flutistes galiciens de ne pas être comparés à Carlos NUNEZ. C’est lui qu’on connaît le plus ! En plus, j’ai des traits physiques qui lui ressemblent. Je me suis coupé les cheveux pour me différencier.

Je connais Carlos. On est ami, on s’entend bien. Je le remercie pour tout ce qu’il a fait. Il a ouvert le chemin pour tous les autres musiciens. En même temps, je ne l’imite pas, je suis mon propre chemin. Je ne le prends pas mal et ça me fait sourire quand on me compare.

Connais-tu des musiciens bretons et as-tu noué des contacts ?

OI : Je connais bien Patrick MOLARD. On a travaillé ensemble. Il est venu en Galice. On s‘est croisé ici ces jours-ci.

(Un grand merci à Audrey pour avoir assuré la traduction et pour sa disponibilité)

CD : Alén do mar
Site : www.oscaribanez.com

TREDANEK

Les groupes originaires de Cornouailles présents au Festival Interceltique, même s’ils s’aventurent parfois hors de sentiers battus de la tradition pure, ne se démarquent que rarement d’une étiquette folk. Depuis LORDRYK / MOONDRAGON, peu nombreuses ont en effet été les formations qui se sont engagées vers des chemins moins balisés. TREDANEK appartient donc à cette catégorie de musiciens qui ont tenté une évolution en expérimentant une certaine singularité.

Le nom du groupe signifie « électrique » en langue cornouaillaise. Cependant, mise à part la basse, il n’y avait pas d’instruments électriques dans la physionomie du groupe. L’originalité venait de l’association d’instruments comme le violon, le bouzouki et l’harmonica. Une batterie bien présente, sans être étourdissante, complétait l’ensemble et affirmait haut et fort le caractère folk-rock voulu par les musiciens. L’aspect électrique émanait surtout de la manière de jouer et de l’ambiance qui régnait durant les prestations.

TREDANEK s’est produit lors des après-midi du folk, mais il était aussi possible de les découvrir sur le Pavillon Cornouaillais. La formule était plus orientée vers le concert, mais il arrive également que le groupe anime des «nos lowem», l’équivalent cornouaillais des festou noz bretons. Il y a fort à parier qu’on aura l’occasion de revoir les musiciens en 2015 alors que leur pays sera à l’honneur.

CD : Tredanek
Site : www.facebook.com/pages/Tredanek/525355870829923

ROSS AINSLIE & JARLATH HENDERSON – THE OLLLAM

Le Palais des Congrès affichait complet le jeudi soir pour un spectacle de très haute tenue. On remarque régulièrement que la musique irlandaise s’en tient à ses fondamentaux et manque d’audace. Pour cette soirée, le Festival a convié deux formations entreprenantes qui prouvaient que cette musique pouvait également s’avérer évolutive.

Malgré leur apparence d’éternels adolescents, l’écossais Ross AINSLIE (border pipes, flûtes) et l’irlandais Jarlath HENDERSON (cornemuse irlandaise, flûtes) possèdent une solide expérience et ont commencé à jouer ensemble il y a déjà plus de dix ans. Aujourd’hui jeunes trentenaires, ils ont à leur actif deux albums. Complétée par un guitariste, un contrebassiste et un batteur, la formation menée par les deux sonneurs a enchaîné les titres traditionnels et les compositions passant de moments calmes à des rythmes plus enlevés. L’alchimie entre les deux types de cornemuses se faisait naturellement et ne tombait jamais dans la cacophonie.

Ce sont ensuite les membres de THE OLLLAM qui ont pris place sur scène. Pour les Celtes, le terme «Ollam» désigne une des classes les plus élevés chez les druides. Sans chercher à faire preuve d’une prétention démesurée, il faut reconnaître que les musiciens du groupe ont, de par leur patronyme, déjà placé la barre très haute. Le fait que leur nom comporte trois L est dû à une erreur de retranscription, qui a finalement été conservée. Du coup tous les titres comprenant la consomme L en contiennent trois (The Belll). Groupe très en vue depuis plusieurs mois et pas seulement par la presse spécialisé dans le traditionnel, THE OLLLAM est composé de John MCSHERRY (ex-LUNASA dont il fut l’un des fondateurs) et Tyler DUNCAN, aux flûtes et cornemuses irlandaises ainsi que Michael SHIMMIN à la batterie. Le trio accompagné par des claviers, une basse et une guitare acoustique.

Le répertoire était entièrement instrumental. THE OLLLAM proposait une musique hypnotique sur laquelle il est difficile de poser une étiquette, aux confins du trad., du folk progressif et du jazz. Les cassures de rythmes étaient nombreuses. Les deux flûtes ou deux cornemuses associées s’accompagnaient dans une synergie parfaite (Three signs of a bad man). On aurait pu craindre de tomber dans une certaine démonstration mais il n’en a rien été.

CD :
Ross AINSLIE & Jarlath HENDERSON : Air-Fix
THE OLLLAM : The Olllam

Sites :
Ross AINSLIE & Jarlath HENDERSON : https://rossandjarlath.bandcamp.com/
THE OLLLAM : www.theolllam.com

DEGANAN’S

DEGANAN’S est une jeune formation qui a démarré en mai 2012. Certains de ses membres sont malgré tout issus de groupes ayant une solide expérience dans le domaine de la musique folk des Asturies (GATOS DEL FORNU, CORQUIEU, CIQUITRINOS) et ayant déjà eu l’occasion de se produire sur différentes scènes du FIL.

Pour découvrir DEGANAN’S, il fallait se rendre sur le Pavillon des Asturies. Si le lieu ne faisait pas parties des scènes officielles, il n’en demeurait pas moins bien situé et la musique attirait les festivaliers qui déambulaient le long des quais du Port de Plaisance. La musique proposée par le groupe restait profondément ancrée dans la tradition de son pays, en réussissant à combiner deux univers sans donner l’impression d’un collage. La voix puissante de Maria LATORES, qui fait d’ailleurs partie du cœur féminin MUYERES, affirmait l’héritage du chant à cappella accompagné simplement de percussions. Les quatre musiciens qui l’entouraient (gaïta, accordéon, guitare, percussions) apportaient un habillage folk séduisant. C’est pourquoi, il serait intéressant de retrouver DEGANAN’S sur une scène plus exposée.

CD : Folk Asturianu
Site : https://es-es.facebook.com/deganans

FEMMES GAELIQUES

Comme son nom l’indique, la soirée « Femmes Gaéliques » était exclusivement dédiée aux voix féminines provenant des pays gaéliques. L’Écosse était représentée par Julie FOWLIS et l’Ile de man par Ruth KEGGIN. Pour honorer le pays à l’honneur, l’Irlande, ont été conviées des membres la célèbre famille BLACK, les deux sœurs Mary et Frances, ainsi que leurs filles respectives Roisin O’REILLY et Aoife SCOTT.

Julie FOWLIS n’était pas une inconnue au FIL puisqu’elle s’y était déjà produite au début des années 2000 avec le groupe BROLUM. Elle a depuis entamé une carrière solo et enregistré plusieurs albums. Dans une atmosphère sobre (guitare, bouzouki, violon, flûte), s’accompagnant elle-même parfois à la flûte et même à la cornemuse pour le dernier titre, elle a offert un répertoire de chants à danser ou de berceuses, sans oublier les fameux puirt a beul (appelé également mouth music) de la tradition gaélique. Par sa grâce et la beauté de sa voix, Julie FOWLIS a enchanté le public mais également laissé un goût de trop peu. Espérons que nous aurons l’occasion de la revoir sur une plus longue durée.

Ruth KEGGIN n’était pas non plus une étrangère à Lorient, Elle était en effet déjà venue avec son groupe NISH AS RISH. Cette fois, c’est sous son nom, s’accompagnant de sa flûte traversière et soutenue par trois musiciens (guitare, contrebasse, flûte traversière) qu’elle s’est présentée au public avec lequel elle communiquait d’ailleurs en français. Ruth a mis en avant différents titres traditionnels dont deux chants de Noël, avec parfois de jolis duo de flûtes traversières. A la fin de la prestation, des danseuses mannoises se sont jointes aux musiciens afin de clôturer une prestation là-encore très appréciée.

Changement d’ambiance pour la deuxième partie, puisque ce fut au tour des membres de la famille BLACK de monter sur scène. Contrairement à leur pays d’origine, Mary et Frances BLACK ne sont pas si connues en Bretagne. Une des raisons est peut-être due au fait qu’il ne s’agit pas véritablement de musique traditionnelle, mais plutôt de chansons d’influence irlandaises, interprétées cette fois en anglais.

Comme pour assurer une transmission, ce sont d’abord Roisin O’REILLY et sa cousine Aoife SCOTT qui, en solo ou en duo, avec simplement une guitare pour accompagnement, ont démontré qu’elles étaient bien parties pour suivre la voie tracée par leur mères.

Toujours dans ce registre folk épuré, Frances BLACK a ensuite pris le relais. Sa voix donnait toujours le grand frisson. Le public reprenait volontiers certains refrains et Frances a tenu à dédier une de ses chansons aux habitants de Gaza en Palestine.

Puis enfin est apparue Mary BLACK qui, aussi étonnant que cela puisse être, se produisait pour la première fois au FIL. La tournée actuelle de Mary BLACK est annoncée comme une tournée d’adieu. Cela ne signifie pas que la chanteuse ait l’intention de stopper sa carrière, elle continuera à produire des albums et à chanter sur scène, mais de manière ponctuelle. Même si la musique irlandaise traditionnelle fait partie de son héritage (elle fut en outre la chanteuse de DE DANNAN dans les années 80), à Lorient, c’est dans un style plus proche de la variété, certes de qualité, mais éloignée du folk que Mary a conçu son tour de chant.

Pour le final, mères et filles, rejointes par Julie FOWLIS, se sont retrouvées avec une adaptation iconoclaste de No woman no cry de Bob MARLEY et une interprétation du magnifique et émouvant So here’s to you.

Cette soirée marathon, qui a débuté à 22h00 pour se terminer à 01h50, aura tenu toutes ses promesses en montrant l’émotion que la rencontre de belles voix peut procurer.

CD :
Julie FOWLIS : Gach Sgeul
Ruth KEGGIN : Sheear
Roisin O’REILLY : The Secret Life of Blue
Frances BLACK : Stronger
Mary BLACK : Down The Crooked Road – The Soundtrack

Sites :
Julie FOWLIS : www.juliefowlis.com
Ruth KEGGIN : www.ruthkeggin.com
Roisin O’REILLY : www.roisinoreilly.com
Aoife SCOTT : www.aoifescott.com
Frances BLACK : www.frances-black.net
Mary BLACK : www.mary-black.net

ASTURIANA MINING COMPANY

Le nom ASTURIANA MINING COMPANY est un clin d’œil à une compagnie minière britannique installée dans les Asturies durant le 19e siècle. Le groupe s’est formé en 1998 autour de Michael LEE WOLFE (guitare), et Berto VARILLAS (gaïta, flûtes). Le premier est un américain installé dans les Asturies, spécialisé dans la musique bluegrass, qui fut également à l’origine de la célèbre formation UBINA. Le second est un sonneur réputé qui reconnaît volontiers l’influence de Xuacu AMIEVA, lui aussi ancien sonneur de UBINA. Les deux musiciens qui sont les deux membres originaux encore présents considèrent ASTURIANA MINING COMPANY comme un laboratoire d’improvisations, passé du folk trad. à une musique plus orientée vers la fusion. Deux CD sont parus à ce jour, l’un en 2000 et l’autre en 2011.

Les huit membres (guitare, basse, gaïta-flûte-chant, accordéon, deux percussionnistes et deux choristes) étaient tous assis côte à côte sur le devant de la scène, un percussionniste se tenant à chaque extrémité, apportant ainsi une proximité avec le public. Une grande attention étaient portée sur les voix, n’altérant en rien la richesse musicale qui prenait même parfois des couleurs cajuns réjouissantes. Si sur disque, la formation présente une musique plus élaborée, l’habillage traditionnel et quasi acoustique proposé par ASTURIANA MINING COMPANY lors de sa prestation n’avait rien de dévalorisant.

CD : Sones por Berto Velasco
Site : https://es-es.facebook.com/pages/Astur … g-Company/118459731577950

BREIZH ASTURIES PROJECT

L’aventure a démarré en 2012 lorsque l’accordéoniste Fanch LORIC à l’occasion de la formation du sextet portant son nom (dont le bassiste est Julien le MENTEC l’initiateur d’un autre collectif, le BIG STAL) s’est adjoint les services de deux chanteuses asturiennes. Le BREIZH ASTURIES PROJECT était né. Depuis deux ans, la formule a trouvé son rythme de croisière. Huit personnes se sont donc retrouvées sur la scène de l’Espace Bretagne qui pour l’occasion donnait l’impression d’être légèrement exiguë.

Le but du collectif était de créer un spectacle qui soit dansable en fest-noz et écoutable en concert. Les musiciens ont effectivement présenté des suites de danses (cercle circassien, ridée, pilé menu). Mais la large palette instrumentale (accordéon, bombarde, flûtes traversières, biniou, saxophone, guitares acoustique et électrique, basse, batterie) permettait de proposer une musique moderne aux intonations rock et jazz. Le chant en asturien apportait une originalité déconcertante au départ, mais ce mariage interceltique se révélait être pleinement maîtrisé. L’ensemble fonctionnait parfaitement et ne laissait jamais une impression de collage.

Il est à noter qu’une des chanteuses d’origine n’avait pas pu faire le déplacement à Lorient et c’est Maria LATORES, du groupe DEGANAN’S, qui l’a remplacée au pied levé.

La prochaine étape va désormais être pour le BREIZH ASTURIES PROJECT la préparation d’un album.

Site : https://fr-fr.facebook.com/breizhasturiesproject

DIXEBRA

On les avait attendus en vain en 2013 pour l’année des Asturies. C’est finalement un an plus tard que les membres de DIXEBRA ont fait leur grand retour à Lorient, cinq ans après leur dernier passage. La formation menée par le chanteur Xune ELIPE participait ainsi au FIL pour la sixième fois.

Depuis sa création, il y a presque trente ans, DIXEBRA a toujours évolué dans une musique rock teintée de ska et bien sûr de musique traditionnelle asturienne. Une de leurs particularités est de marier à l’énergie musicale, des paroles souvent engagées sur les luttes des populations ou la reconnaissance de la langue asturienne. Le dernier album en date, Tiempos modernos (clin d’œil au film de Charlie CHAPLIN) ne déroge pas à cette règle.

Sur la scène de l’Espace Marine, Xune n’hésitait pas à donner de sa personne en occupant l’espace tandis qu’à ses côtés, les musiciens (guitare, basse, batterie, claviers, gaïta, trompette et saxophone) assuraient la rythmique de manière dynamique, mais sans dissonance. Le répertoire choisi faisait la part belle à des airs dansants. Le groupe jouant en Bretagne et non en Asturies, il a mis en valeur un répertoire spécifique plus folk avec une gaïta bien présente.

Certains morceaux faisaient toujours forte impressions comme Esto ye Asturies et surtout La Danza qui a bénéficié à la bombarde du renfort de Gaël LEFEVERE du groupe HIKS.

DIXEBRA a été une fois encore fidèle à sa réputation et a su enflammer le public pour la venue de RED CARDELL et du BAGAD KEMPER.

CD : Tiempos modernos
Site : https://es-es.facebook.com/dixebraoficial

RED CARDELL & BAGAD KEMPER

Suite à la proposition initiée par le TRES TÔT THEATRE de Quimper, le BAGAD KEMPER a suggéré au groupe RED CARDELL de mettre en place un spectacle en commun. Le BAGAD KEMPER s’oriente depuis des années vers des créations qui lui permettent de développer sa musique en dehors des concours et en se situant dans la mouvance de la musique actuelle. De son côté, RED CARDELL a depuis longtemps banni les étiquettes et sa musique est un brassage issu de plusieurs influences, tout en restant profondément attachée à ses racines bretonnes. Bien qu’étant originaires de la préfecture du Finistère, les deux formations n’avaient jusque-là pas eu l’occasion de travailler ensemble. Le spectacle Fest Rock ainsi né a été joué en décembre 2011 au Pavillon à Quimper. Un CD enregistré en public est ensuite paru et c’est ce contenu qui servait de trame au concert.

Le but était de créer une homogénéité musicale autour du répertoire de chacune des deux parties. Des chansons de RED CARDELL étaient réarrangées pour être compatibles avec le Bagad et des titres du Bagad étaient transformés en morceaux rock. Si l’accordéon de Jean-Michel MOAL n’est plus là, l’harmonica de Mathieu PEQUEREAU et le violon tenu ce soir-là par Pierre SANGRA (qui joue habituellement avec Thomas FERSEN) apportait la touche folk à la musique de RED CARDELL.

Des titres s’en trouvaient donc complètement revisités (Je reste près de toi, Mescufurus et surtout le formidable Rock’n roll comédie qui était devenu rare ces dernières années). Le blues Ar scorerez, qui figurait sur l’album de RED CARDELL Falling in Love, avait déjà familiarisé nos oreilles à cette alliance entre les deux parties. La puissante gavotte Ar Menez témoignait fort justement de la réussite de cette communion dans une parfaite symbiose.

Hélas, comme souvent avec RED CARDELL, le son était beaucoup trop fort. La guitare de Jean-Pierre RIOU ainsi que la batterie et les programmations de Manu MASKO couvrait pour une bonne part l’ensemble. A un moment, le BAGAD KEMPER a cédé sa place à un pipe band écossais que l’on entendait quasiment pas. Cela était une fois encore bien dommage.

CD : Fest rock

Sites :
RED CARDELL: www.redcardell.com
BAGAD KEMPER : https://www.bagad-kemper.bzh/

Rozenn TALEC & Lina BELLARD

La harpiste Lina BELLARD et la chanteuse Rozenn TALEC ont depuis 2008 développé sur scène le duo qui les a mené jusqu’à la parution de leur premier album au printemps 2014. Rozenn est la fille du chanteur et collecteur Jean-Pierre TALEC et elle a depuis toujours été imprégnée par les gwerziou de Basse Bretagne. De son côté, Lina a pu nous montrer l’étendue de son talent auprès entre-autres de musiciens aussi différents que Roland BECKER (Immrama) ou encore KRENIJENN. Les deux complices ont en outre été toutes les deux élèves dans la Kreizh Breizh Akademi d’Erik MARCHAND.

A Lorient, elles ont ouvert la Grande Soirée de la harpe celtique. A une ou deux voix, Rozenn et Lina ont présenté leur répertoire de complaintes. Le public n’étant pas forcément bretonnant, elles expliquaient volontiers le contenu, pas toujours très joyeux, de leurs chansons, en les jouant à la manière de saynètes théâtrales. Rozenn et Lina n’ont hélas pas eu beaucoup de temps pour présenter leur travail et le concert s’est terminé assez vite, générant une indéniable frustration. Espérons que nous aurons l’occasion de pouvoir réécouter Lina et Rozenn sur une plus longue durée.

Entretien avec Rozenn TALEC & Lina BELLARD

Pouvez-vous vous présenter et donner votre parcours avant la formation du duo ?

Rozenn : J’ai appris à chanter depuis toute petite à la maison avec un papa chanteur. J’ai commencé par le chant à danser et avec Lina on développe les gwerziou, les mélodies. On est passé toutes les deux par la même école, pas la même année, mais on a eu la chance de suivre la Kreizh Breizh Akademi, moi la numéro trois et Lina la numéro quatre, ou nous avons rencontré beaucoup de musiciens du monde entier, ce qui nous a donné envie de voyager et d’exporter notre musique

Lina : Je suis harpiste. Je ne suis pas originaire de Bretagne. Je joue de la musique bretonne, mais j’ai découvert les musiques traditionnelles dans les Deux-Sèvres et j’ai voyagé entre la Dordogne, d’où est originaire ma famille, les Deux-Sèvres, la Bretagne et l’Inde. Je suis passionnée par les musiques populaires, les musiques modales en général, de partout, d’où qu’elles viennent. Je prends soin de travailler sur les collectages bretons parce que ça m’intéresse de partir de la musique qui m’est proche localement. Et puis c’est ça qui me touche. Mais je suis très influencée par les musiques orientales et entre autres, les instruments à cordes pincées tels que le oud, la cithare iranienne, enfin tous les luths du Moyen Orient. Comme disait Rozenn, la Kreiz Breizh Akademi, dirigée par Erik MARCHAND, a été un passage extrêmement important pour toutes les deux dans notre formation.

Vous n’avez pas suivi la même session de la Kreiz Breizh Akademi. Comment vous êtes-vous rencontrées et comment en êtes-vous finalement arrivé à travailler ensemble.

Lina : Alors on s’est rencontrées bien avant la Kreiz Breizh Akademi, puisque c’était en 2006, je crois. On se connaissait car on était sur Rennes toutes les deux, Rozenn en fac de breton et moi je terminais mon D.E.M. (Diplôme d’études musicales) de musique traditionnelle. On s’est rencontrées dans un bar. L’envie était de travailler sur un concert de musique à écouter. La spécialité de Rozenn était la gavotte, la musique à danser, mais je savais qu’elle avait vraiment un répertoire à écouter, un répertoire de gwerziou. On est parties sur un répertoire intimiste d’abord pour une tournée de chapelles, et puis finalement, ça a bien marché donc on est passées ensuite aux salles de concerts.

Vous tournez beaucoup en Bretagne. Vous produisez-vous en dehors de Bretagne et comment le public non breton vous perçoit-il ?

Rozenn : Nous tournons majoritairement en Bretagne, parce que le chant est en langue bretonne, mais cela nous arrive d’avoir des concerts ailleurs. L’accueil est souvent plus généreux. Du coup, on se rend compte que la langue n’est pas vraiment une barrière d’autant plus à travers les mélodies traditionnelles qui relatent des faits et qui évoquent par les paroles beaucoup de sentiments et je crois que c’est ce que les gens ressentent. C’est ce qu’on essaie de mettre en valeur dans notre musique.

Lina : Pour nous, les textes qu’on choisit de chanter, c’est essentiel. On est très attaché à la qualité de la langue, surtout Rozenn, mais le fait est que, pour les gens qui ne comprennent pas, on fait avant tout de la musique et ça c’est important ! Notre répertoire est très mélodique ce qui permet à tous ceux qui ne parlent pas breton de l’apprécier comme il se doit.

Justement Lina, tu n’es pas bretonne et pourtant tu chantes en breton. Tu as appris la langue ou se sont les chansons elles-mêmes que tu as apprises ?

Lina : J’ai un peu honte de la dire mais je n’ai pas encore appris la langue. En fait, j’aurais eu envie mais la vérité c’est qu’il y a tellement de choses qui me passionnent en musique que, dès que j’ai du temps, je le prends pour découvrir une nouvelle tradition instrumentale et pas pour apprendre une langue. Mais ce qui est sûr, c’est qu’à force de chanter en breton, je me suis donné comme objectif de l’apprendre. J’ai un autre groupe dans lequel je chante en breton (BARBA LOUTIG) donc ça commence à vraiment faire partie de ma pratique. Rozenn m’apprend phonétiquement comment prononcer. Je ne suis pas encore capable de comprendre une conversation, mais par contre, je comprends ce que je chante une fois que je l’ai appris.

La harpe ne suit pas totalement la même mélodie que le chant, elle n’est pas là simplement en tant qu’accompagnatrice. Ce sont deux entités qui jouent ensemble, qui se rejoignent.

Lina : Oui parce que la proposition de départ que j’ai faite à Rozenn, c’est d’avoir un duo comme si on était deux instruments, pas comme une chanteuse accompagnée par un instrument mélodique. Donc, on fait le choix d’être considérées comme deux instrumentistes.

Il y a aussi un aspect très théâtral sur scène. Vos jouez les chansons, vous les présentez.

Rozenn : Je pense qu’’il est naturel, lorsqu’on la chante, de vivre une chanson. Si on vit sa chanson, on peut la transmettre au public et effectivement, les gestes sont une manière non verbale de faire accéder le public à la langue bretonne.

Lina : À un moment, on s’est rendu compte qu’il était important de soigner les présentations. Du coup, on s’est dit qu’il était temps de prendre les choses en main et on a fait ce choix-là, faire quelque chose d’un peu écrit pour vraiment expliquer de quoi on va parler.

Vos chansons sont issues du collectage ? Composez-vous également ?

Rozenn : Pour ce duo-là, on fait le choix de textes traditionnels et toute la composition musicale et les arrangements viennent de Lina. Je commence à écrire en breton. Des gwerziou !

Lina, tu parlais de l’Inde, de l’Orient. Utilises-tu d’autres types de harpes ?

Lina : Oui ! J’ai une toute nouvelle harpe de luthier que j’ai faite faire par Claude BIOLEY. La demande était d’avoir une harpe dont le son soit le plus proche possible d’un luth. J’ai cette passion qui revient tout le temps. J’ai un jeu avec les ongles. Je joue sur des codes nylons. Parfois avec Rozenn, je joue avec deux harpes. Cela dépend des concerts. Quand on a vraiment du temps, je sors les deux harpes.

J’ai beaucoup de projets de lutheries pour continuer à développer cet instrument.

C’est la première fois que vous vous produisez en duo au Festival Interceltique ?

Lina et Rozenn : Oui !!!

Y-a-t-il d’autres festivals ou vous avez eu, ou bien ou vous aurez, l’occasion de vous produire ?

Rozenn : Oui, on a fait les Festival de Harpes celtiques de Dinan, le Printemps de Châteauneuf, La nuit de la gavotte à Poullaouen. On a été programmé dans des salles telles que Le Nouveau Pavillon (Bouguenais, près de Nantes), Le Château des Duc de Bretagne.

CD : Leiz an dorn

PAVILLON DE L’ACADIE

Chaque année, le pavillon acadien est un des lieux les plus fréquentés par les festivaliers, allant même jusqu’à parfois concurrencer le pavillon du pays à l’honneur. Il est vrai que l’entrée y est libre et les concerts s’y déroulent quasiment en continu du début de l’après-midi jusque tard dans la nuit. L’ambiance qui y règne est difficilement descriptible. Certains artistes ne se rendent vraiment compte de ce qui leur a été raconté que le jour où ils y sont programmés. C’est devant un public surchauffé et sous un chapiteau plein à craquer que les musiciens se produisent à certaines heures. Le millésime 2014 n’a pas dérogé à cette règle, permettant de retrouver ou de découvrir des artistes séduisants.

Joseph EDGAR est un habitué des lieux. Il venait cette année présenter son cinquième album. Joseph distillait une musique folk-rock en s’accompagnant à la guitare avec à ses côtés son compère Alexandre PEPIN qui réussissait la prouesse de jouer à la fois de la basse et de la batterie (en fermant les yeux, on pouvait jurer qu’il y avait deux musiciens). Une des chansons proposées, extraite du nouveau CD, Espionne russe, est une véritable pépite qui mériterait assurément une large audience.

Dans un style également folk-rock mais avec une touche plus traditionnelle, Danny BOUDREAU (guitares) et ses musiciens (basse, batterie, violon) ont ajouté le terme « party » au nom du groupe afin de présenter un répertoire plus festif. Danny en a profité pour dévoiler une toute nouvelle chanson, Amis Bretons, qui est allé droit au cœur du public puisqu’il y question de Lorient et de l’amitié en bretons et acadiens.

La grande révélation de cette année restera Caroline SAVOIE. CORNEILLE écrivait dans Le Cid que « La valeur n’attend pas le nombre des années » et cette citation se révèle une fois encore d’une justesse imparable car Caroline n’a pas encore vingt ans. Ce n’était certes pas la première fois que la jeune femme se produisait à Lorient, mais sa participation à l’émission de TF1 The Voice début 2014 lui a apporté une reconnaissance manifeste. L’univers de Caroline se situe pourtant très loin de ce genre de programmes formatés. Sur scène, la jeune femme évoluait en en effet dans un style plutôt rock mâtiné par moment de folk. Avec son groupe (guitare électrique, basse, batterie et parfois violon) et s’accompagnant d’une guitare acoustique, elle a interprété ses propres compositions ainsi que des reprises (Ain’t No Sunshine). Sa voix puissante, sa spontanéité ont fait mouche une fois encore et Caroline a su toucher les organisateurs du Festival puisqu’elle est venu enrichir la programmation du concert de clôture.

CD :
Joseph EDGAR : Gazebo
Danny BOUDREAU : Entre hier et demain
Caroline SAVOIE : Laisse-moi rêver

Sites :
Joseph EDGAR : www.josephedgar.ca
Danny BOUDREAU : https://fr-fr.facebook.com/DannyBoudreauOfficiel
Caroline SAVOIE : www.carolinesavoie.com

CONCERT DE CLÔTURE

Pour son retour dans l’enceinte du Stade du Moustoir, le grand spectacle de clôture proposait une affiche éclectique. Outre l’acadienne Caroline SAVOIE qui est venue renforcer le programme initial, bénéficiant ainsi d’une exposition intéressante, trois formations, bien différentes, se sont succédé sur la grande scène. Pour le reste, tout est affaire de goût.

Ce sont THE DUBLIN LEGENDS qui ont inauguré la soirée. A la base de la formation, on trouve deux anciens membres du légendaire groupe THE DUBLINERS, les guitaristes Sean CANNON et Eamonn CAMPBELL. Après la disparition de Barney MCKENNA, les membres survivant décidèrent de mette un terme à l’aventure des DUBLINERS, mais pas d’abandonner la scène. Avec le renfort de Gerry O’ CONNOR, ex-FOUR MEN AND A DOG, (violon, banjo) et Paul WATCHORN (banjo), ils forment désormais The DUBLIN LEGENDS. On a pu le constater, l’esprit et l’héritage sont restés les mêmes et le répertoire n’a pas bougé (les standards du folk irlandais comme Whisky in the Jar ou Dirty old town), Malgré les années, Eamonn CAMPBELL prenait toujours un plaisir espiègle à être sur scène. Le public a réservé une véritable ovation au groupe.

THE STRYPES est un quatuor (chant-harmonica, guitare, basse, batterie) de très jeunes irlandais (ils ont entre 17 et 19 ans). Ils ont été repérés dans le métro de Londres par le manager d’Elton JOHN et depuis tout est allé très vite. Il ne s’agit ici absolument pas de musique traditionnelle, les influences se situent plutôt dans le rock et le blues des années 60 qu’ils ont, il faut le reconnaître, plutôt bien assimilé et digéré. Sur scène, les quatre musiciens se déchaînent, hurlant et faisant gronder leurs instruments. Le Moustoir semblait alimenté par des lignes électriques branchées sur très haute tension. Les plus jeunes spectateurs semblaient adorer, les plus anciens attendaient la fin avec impatience.

Plus qu’un simple groupe, SALSA CELTICA est un collectif écossais, créé il y a presque vingt ans, qui possède la particularité de combiner les musiques celtiques et sud-américaines. Une large palette instrumentale (cornemuses, banjos, harpes, flûtes, violon, piano, trombone, saxophone, trompette, percussions et batterie) permettait de proposer une atmosphère harmoniquement riche. Les artistes ne ménageaient pas leurs efforts pour assurer une ambiance enflammée. Les amateurs de musique celtique pouvaient cependant trouver que le côté latino prenait plus souvent le pas sur l’aspect celtique. SALSA CELTICA a ainsi clôturé la soirée et contribuer à réchauffer une enceinte sur laquelle la fraîcheur nocturne commençait à s’abattre.

CD :
THE DUBLIN LEGENDS : An Evening with (Live in Vienna)
THE STRYPES : Snapshot
SALSA CELTICA : The Tall Islands

Sites :
THE DUBLIN LEGENDS : www.dublinlegends.com
THE STRYPES : www.thestrypes.com
SALSA CELTICA : www.salsaceltica.com

LE OFF

Après des années dont on pouvait craindre qu’elles ne le conduisent vers une agonie certaine, le OFF du Festival Interceltique a quelque peu relevé la tête en 2014. Certes, faute de structures réelles et d’une organisation vraiment coordonnée, il lui reste encore de nombreuses marches à gravir avant d’atteindre le niveau de certains autres événements culturels (Avignon restant la référence). Il faut reconnaître que des efforts ont malgré tout été faits dans la programmation qui, dans certains lieux, était enfin en rapport avec la manifestation lorientaise.

Tout était cependant loin d’être parfait. Nombres de bars proposaient toujours des groupes dont la musique n’avait strictement rien de celtique. Le dernier soir, aucun groupe de musique celtique n’était d’ailleurs proposé autour des jardins Jules Ferry, le berceau du OFF.

Fort heureusement, 2014 nous aura permis de découvrir de nouveaux talents dont on entendra certainement reparler dans les prochaines éditions.

POPPY SEEDS

La première idée qui venait à l’esprit lorsqu’on découvrait POPPY SEEDS jouant dans les rues de Lorient était que ce groupe venait forcément d’Irlande. En cette année où le pays était à l’honneur, cela n’avait rien d’illogique. Et pourtant, POPPY SEEDS est un groupe… breton ! Formé en 2010 par Benoît VOLANT (violon), Pierre CADORET (flûte), Tom LEMONNIER (guitare) et Camille PHILIPPE (mandoline, guitare, chant), le groupe a déjà deux albums à son actif. Le quatuor possède une solide expérience en matière de musique irlandaise, certains de ses membres l’ayant déjà pratiquée lors de sessions en Irlande et au sein d’autres formations (KILKASH, ROUND’BALEURS). À coup de jigs et de reels, dont certains morceaux étaient de leur composition, les musiciens proposaient une musique élaborée et enjouée, avec parfois de jolis duos de guitares, lorgnant même par moments vers le bluegrass américain.

Alors que POPPY SEEDS se produisait sous les arcades Place Jules Ferry, des danseuses irlandaise n’ont pas hésité à esquisser quelques pas, donnant ainsi un regain d’intensité à une musique qui n’en manquait déjà pas.

CD : Close Shaved
Site : www.poppyseeds.fr

LES GABIERS D’ARTIMON

Le célèbre groupe de chant de marins lorientais LES GABIERS D’ARTIMON est une institution dans sa ville. Fort de plus de neuf cent concerts, qui l’ont conduit jusqu’en Chine ou au Canada, il commémorait en cette année 2014, ses trente-cinq ans d’existence.

LES GABIERS D’ARTIMON sont des piliers du Festival Interceltique et, en cette année commémorative, la formation s’est offert une mini-tournée sur différents lieux du centre-ville. S’agissant d’un chœur non-professionnel, tous les membres ne pouvaient être présents lors de chaque représentation et ses dernières se déroulaient suivant les disponibilités de chacun. Accompagnés par deux accordéonistes et un guitariste, LES GABIERS ont distillé leur répertoire de chants de marins. Une très large part de ces chants est issue de la plume d’un autre lorientais célèbre, le maître en la matière, Michel TONNERRE. Mais les GABIERS interprétaient aussi des compositions de leur guitariste Édouard LOFFICIAL ou reprenaient Gérard JAFFRES (Au café du port qui rentrera certainement un jour dans le patrimoine). LES GABIERS D’ARTIMON seront à nouveau sur le pont l’an prochain, n’en doutons pas !

CD : Longévitude 35
Site : http://gabiersdartimon.free.fr

LES KILT BROTHERS

LES KILT BROTHERS ont vu le jour en 2010. Le groupe était au départ un duo formé par d’anciens militaires, Cédric (chant-guitare) et Pascal (bombarde-cornemuse), rejoints ensuite par David (guitare électrique), Maxime (batterie) et Alain (basse), lui aussi ancien militaire. La musique n’a par contre rien de militaire. Les musiciens distillaient un rock celtique fortement influencé par Alan STIVELL, TRI YANN, Dan AR BRAZ ou encore U2 dont ils reprennent d’ailleurs I still haven’t found what I’m looking for. Si la formule n’avait rien d’originale, il faut reconnaître au KILT BROTHERS un savoir-faire certain et une solide connaissance de la musique celtique. Conçu autour de compositions originales, d’adaptations de traditionnels (Tell me Ma en français et en anglais) et de reprises pop-rock «celtisées», à la manière de RED HOT CHILI PIPERS (surprenant Bad Romance de… LADY GAGA), leurs prestations enflammées ont conquis un public qui en redemandait.

CD : Les Kilt Brothers
Site : https://kilt-brothers-90.webself.net/

STETRICE

Créé il y a vingt ans par Patrice (guitare, chant) et Stéphanie (basse, flûte, chant) DESHAYES, STETRICE (STE pour Stéphanie et TRICE pour Patrice, couple à la scène comme à la ville) est originaire de la région de Saint-Nazaire en Loire-Atlantique. Le duo s’est produit sur différentes scènes à travers le monde, sans jamais oublier sa région d’origine.

Dans une ambiance folk celtique, STETRICE s’est construit un répertoire célébrant à deux voix la Bretagne autour de ses légendes de son histoire ou encore des voyages, à travers des reprises (Tri Martolod) ou des créations originales. Le département de Loire-Atlantique et la ville de Nantes y sont souvent présents. A ce sujet, une chanson a particulièrement retenu l’attention, Naoned e Breizh, qui est un fervent plaidoyer pour le retour de Nantes et de son département dans leur région d’origine. Ce titre prenait tout son sens en ces temps de réorganisation des régions.

La formule en duo a évolué en un groupe folk-rock avec l’arrivée de la batterie, de la guitare électrique et du violon. Les deux formules fonctionnent d’ailleurs en parallèle.

CD : Naoned e Breizh (duo) – Tu es là (groupe folk-rock)
Site : www.stetrice.com

LES PASSAGERS DU GAWENN

Le Festival OFF apporte souvent de bonnes surprises. LES PASSAGERS DU GAWENN en faisait cette année partie. Originaires de Laval, en Mayenne, aux portes de la Bretagne, les six musiciens, Adèle (chant, chant flûte, guitare), Amandine, qui assurait ses dernières dates avec le groupe, (violon), Clément (chant, guitare), Antoine (basse) Jeff (accordéon) et François (batterie), avaient déjà fait une apparition en 2013 à l’Espace Parole. Cette fois, ils ont pleinement investi le OFF en s’y produisant durant plusieurs jours.

Le Gawenn est un bateau imaginaire sur lequel le groupe nous invitait à embarquer. A bord du navire, on se retrouvait dans un univers de folk celtique aux influences irlandaises marquées. Alternant leurs propres créations (Sur la route) ou des reprises (Wild Moutain thyme), la formation s’échappait parfois vers les chants de marins (John Kanak) ou encore la country (Ring of Fire de Johnny… CASH, le public a eu quelques frayeurs à l’évocation du prénom) dans une impeccable cohérence musicale.

Entretien avec LES PASSAGERS DU GAWENN

Comment le groupe est-il né ?

Clément : Le groupe est né d’une formation qui s’appelait LES CHAUSSETTES DE DANGAN. Tout est parti d’un groupe de lycée, de base, en 2007. Au bout de quatre ans, on a lâché le nom pour s’appeler LES PASSAGERS DU GAWENN et on a recruté d’autres personnes. Au début, on avait un violoncelle. Maintenant on est parti sur guitare-basse-batterie et flûte-violon-accordéon. C’est vraiment né au moment de la sortie de notre album en mars 2012. Cela fait bientôt trois ans qu’on tourne vraiment bien.

Vous êtes un groupe de Laval, en Mayenne, donc hors Bretagne. Pourquoi avez-vous choisi la musique celtique ? Est-ce lié à des affinités ou des origines ?

Adèle : Personnellement, j’ai été baignée dans cette musique-là depuis que je suis toute petite puisque mon père est passionné de musique irlandaise. Donc, c’est grâce à lui que je suis rentrée dans cette musique. Ensuite, l’intégration de musiciens qui eux-mêmes étaient baignés dans cette musique nous a permis d’enrichir encore nos influences.

Y-a-il des Bretons dans le groupe… qui auraient pu vous influencer ?

Adèle : non !

Clément : Pas du tout ! On a tous découvert la musique celtique à travers Adèle. Moi, j’étais plutôt rock. Mais j’ai découvert cette musique et maintenant, je suis content de la jouer. Il y a toujours à découvrir parce que c’est hyper large. C’est hyper entraînant et festif.

Vous êtes un groupe professionnel ?

Clément : Non ! Nous sommes tous amateurs, même si nous sommes amateurs vraiment investis. On a tous un travail à côté ou on est étudiants.

Comment créez-vous ? Qu’est–ce qui vous inspire ?

Clément : Il y a beaucoup de choses qui nous inspirent, que ce soit les rencontres, les groupes que l’on écoute, les personnes et les musiciens que l’on croise sur notre passage et même notre histoire, nos petits voyages.

Musicalement, est-ce que des groupes vous ont influencés ?

Adèle : Oui ! Il y a par exemple le groupe MES SOULIERS SONT ROUGES, un groupe normand de traditionnels québécois. C’est une très large inspiration. Il y a aussi des groupes un peu plus rock comme MERZHIN et plus largement les POGUES. Des groupes phares de rock celtique qu’on aime bien écouter et, pour ma part, beaucoup de musiques traditionnelles. C’est un mix de toutes ces influences.

Clément : Des groupes comme les DUBLINERS. Je suis plutôt folk presque pur. Des groupes peut-être pas traditionnels, mais qui jouent du folk.

Tournez-vous beaucoup en Bretagne et en dehors de la Mayenne ?

Clément : On joue en Bretagne et en Mayenne. On joue souvent sur Tours. On a joué jusqu’à Clermont-Ferrand et Lyon. On tourne en « Pays de la Loire ». On reste dans le grand ouest dans le sens large du terme. Mais on a des dates en fin d’année à la frontière suisse. On commence à s’étendre petit à petit. On transmet la bonne parole (rires) !

Vous êtes les porte-étendards de la musique celtique en Mayenne. Avez-vous suscité des vocations ?

Adèle : C’est un peu tôt pour dire ça, je pense. C’est vrai, qu’en Mayenne on n’est pas beaucoup de groupes de musique celtique ou de musique trad., même si nous on ne se revendique pas en tant que musique traditionnelle. On est un mélange rock-trad. et on l’assume complètement. On n’est pas énormément en Mayenne, aussi on est un petit peu en porte à faux sur certains festivals. On est un peu trop trad. pour certains, un peu trop rock pour d’autres. On va attendre la prochaine génération pour voir si on suscite des vocations (rires).

Clément : On a quand mêmes des groupes en Mayenne, qui nous suivent et qu’on connaît bien. Je ne dirais pas qu’ils s’inspirent, mais ils nous apprécient et on n’hésite pas à leur donner des coups de mains pour leur donner des conseils ou leur trouver des dates. De là à dire qu’on suscite des vocations ! Mais si un jour ça nous arrive, on sera très fiers.

C’est la deuxième année que vous vous produisez au Festival. Que ressentez-vous en venant jouer ici ?

Adèle : On est très contents cette année parce qu’on joue beaucoup plus que l’an dernier. On a plus de programmations, notamment dans les bars assez réputés de Lorient. On est honorés en quelque sorte, car ils y a de très bons groupes qui y passent. On entend en arrière-fond le groupe DOOLIN avec qui on s‘entend bien.

Clément : C’est toujours la même ambiance, chaque année des nouveaux groupes à découvrir. Cette année, c’est l’année de l’Irlande. Je suis conquis par la musique irlandaise. C’est plus mon truc que la musique bretonne. J’espère ne pas trop froisser les bretons. C’est juste que, pour être allé en Irlande, l’année de l’Irlande, c’est particulier. Chaque année, ce sont des nouveaux groupes, de nouvelles personnes, des nouveaux musiciens, c’est un nouveau langage. On sera toujours contents de venir au Festival parce qu’on va découvrir de nouvelles choses et c’est ça qui est bon.

Quels sont vos projets. Allez-vous continuer à tourner ? Avez-vous un nouvel album en préparation ?

Adèle : On a pas mal de dates jusqu’à début décembre, ça va être déjà bien plein. On commence à parler d’un nouvel album. Pour l’instant, il n’est pas en préparation mais on en parle et on l’envisage très sérieusement pour 2015.

Clément : En fait, au-delà d’un nouvel album, c’est vrai qu’on veut sortir un disque pour renouveler nos chansons auprès du public. C’est aussi pour étendre un peu nos date et peut-être pour aller Outre-Manche ou dans des endroits où on n’est pas allés et là, ce serait un nouveau cap de franchi.

Ce nouvel album serait dans la continuité du précédent ou on peut déjà parler d’évolutions suite à vos expériences ?

Clément : Je pense que ce sera une évolution. Pour l’instant c’est très difficile d’en parler parce qu’on sait qu’on veut sortir un CD, mais on a très peu d’idées. Il sera peut-être plus folk.

Adèle : Dans tous les cas, notre musique murit avec nous. Il est évident qu’il y aura une évolution. Ce ne sera pas à des années lumières de ce que l’on a fait il y a deux ans. On grandit et notre musique grandit avec nous. Ce sera forcément différent mais dans le bon sens. Ce sera la suite logique.

Clément : L’album Sur la route était un socle. Il y a douze titres sur lesquels on va s’appuyer et maintenant on va pouvoir sortir des CD qui ne vont pas compléter cet album, mais faire murir des nouvelles chansons et des nouvelles musiques à travers les voyages qu’on aura pu faire et les rencontres qu’on aura pu avoir. Je répète que pour l’instant ça reste quelques chose, peut-être pas d’abstrait car on veut le sortir, mais difficile à décrire.

On espère vous recroiser l’an prochain dans le OFF et pourquoi pas dans le IN.

Clément : Dans le IN pourquoi pas, on est preneur ! Cela nous ferait très plaisir. Ce qui est sûr, c’est que dans le OFF, on y sera ! On sera au rendez-vous avec la même énergie, la même envie et la même motivation. Et avec le public, j’espère !

CD : Sur la route

MASK HA GAZH

MASK HA GAZH est devenu un des piliers du Festival OFF depuis sa première participation en 2001. La formation créée, et toujours menée par Luc LE SQUER (chant, percussions diverses) et Christophe CANTIN (flûtes, bombarde) a vu passer de nombreux musiciens en son sein, mais elle s’est toujours maintenue à flot. La physionomie s’est aujourd’hui stabilisée avec l’arrivée de deux guitaristes (acoustique et électrique). MASK HA GAZH a fait paraître avant l’été une compilation pour célébrer ses quinze années d’exercice avec en bonus un deuxième CD reprenant leur premier enregistrement, effectué en public et devenu introuvable. Ce sont ces noces de cristal avec le public que le groupe célébrait cette année. Les musiciens ont changé, entraînant de fait une évolution de la couleur musicale. Une chose n’a cependant pas bougé, c’est l’énergie que le groupe déploie sur scène, passant du folk trad. à des passages carrément rock celtique. Entre des compositions (Armorilien), des traditionnels (Morrison’s jig) ou la reprise du célèbre thème du feuilleton Deux ans de vacances, MASK HA GAZH n’a pas failli à sa réputation et a une fois de plus enthousiasmé le public toujours plus nombreux à chaque nouvelle prestation.

CD : Quinze Ans
Site : www.maskhagazh.com

CELT KEYS

CELT KEYS a été créé en 1999 sur les bases d’une autre formation, SOUL KEYS. Comme de nombreuses groupe officiant dans le OFF, les musiciens de CELT KEYS ne sont pas bretons mais nous viennent de Pontarlier dans le département du Doubs. Les changements de personnels ont été récurrents dans le groupe si bien qu’il ne reste plus aujourd’hui d’origine que le bassiste, Laurent JACQUEZ. A ses côtés on trouve désormais Angélique (claviers, chant), Anna (violon), Etienne (chant, guitare, mandoline) Philippe (guitare électrique, banjo) et Sébastien (batterie). Leur particularité est de porter le kilt.

Les musiciens ne ménageaient pas leurs efforts pour faire bouger le public sur des rythmes effrénés. La violoniste surtout y mettait toute son énergie. La chanson Le Pub Irlandais était parfaitement en accord avec le lieu et la manifestation. On pouvait reprocher l’aspect superficiel de certaines paroles, mais le but des CELT KEYS était d’enfiévrer la scène et de communiquer leur bouillonnement parmi les spectateurs. Sur ce point-là, ils ont parfaitement réussi leur mission. Même la pluie n’a pas réussi à entamer leurs ardeurs.

CD : La Fée verte
Site : https://www.youtube.com/@celtkeys

Article et entretiens réalisés par Didier Le Goff

Site du Festival : http://www.festival-interceltique.bzh/

Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.