Music of the Santal Tribe – Field Recordings by Deben BHATTACHARYA

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Music of the Santal Tribe –
Field Recordings by Deben BHATTACHARYA
(ARC Music)

music-of-the-santal-tribe-field-recording-deben-bhattacharyaNatif de Bénarès installé à Paris en 1954, où il est mort en 2001, Deben BHATTACHARYA compte parmi les hommes de terrain les plus prolifiques en matière d’ethnomusicologie. Détenteur d’environ 800 heures d’archives sonores (léguées à la Bibliothèque nationale de France après sa disparition), le producteur, photographe, réalisateur, traducteur et écrivain bengali ne s’est pourtant jamais revendiqué comme un ethnomusicologue. Ses 23 films, sa douzaine de livres, ses 10 000 photos et sa centaine de disques au bas mot ont cependant fait de lui un des collecteurs du patrimoine sonore mondial les plus actifs, voire un précurseur en ce qui concerne les traditions musicales des peuples sans frontières, nomades, allant du continent indien au régions d’Europe de l’Est.

Le Bengladesh et le Nord-Est de l’Inde n’ont évidemment pas échappé à ses micros et caméras, et c’est ainsi qu’il a attiré les projecteurs sur une ethnie minoritaire vivant dans les zones forestières du Bengale, les Santal, dans son documentaire Faces of the Forest: The Santals of West Bengal, réalisé en 1973. Une quarantaine d’années plus tard, voici que sont exhumés des enregistrements audio de Deben BHATTACHARYA entièrement consacrés à ces Aborigènes refoulés par les Indo-Aryens il y a plusieurs siècles, et qui ont subsisté dans les États du Bihar, du Bengale-Occidental et de l’Orissa.

Du fait de leur environnement, les Santal pratiquent des rites volontiers animistes célébrant les esprits et les arbres de la forêt, auxquels s’ajoutent bien sûr des célébrations liées aux rites de passage (naissance, attribution d’un nom, mariage, mort), et qui incluent des cycles de danses.

Les Santal n’ayant pas d’alphabet écrit, la transmission orale joue donc un rôle primordial, et le chant et la danse sont donc au centre de leur système éducatif ; Il y a des chants liés aux cérémonies religieuses, des chants de travail (moisson…) et de chasse, et des chants liés à ces danses pratiquées lors des rassemblements sociaux après le travail, et qui se divisent en trois catégories : danses féminines, danses masculines, et danses mixtes.

Parmi les archives consignées sur ce CD, on trouvera donc des extraits de ces danses extatiques rythmées par les tambours tukhda, madal et tamak (lequel est joué avec des baguettes), les cymbales jhani et thalas et les clochettes ghunghur.

On trouvera aussi chez les Santal des chants qui ne sont pas liés à des danses et qui traitent de sujets variés comme la création, les liens familiaux, les attaches émotionnelles, la faune, les sentiments héroïques et patriotiques, etc. Ceux-ci sont souvent accompagnés par la flûte en bambou tiriya, le violon monocorde banam et parfois la corne de taureau shinga. Outre ces chants, Deben BHATTACHARYA a aussi recueilli de plus rares pièces instrumentales solistes, jouées à la tiriya et au banam.

Deben BHATTACHARYA a réalisé ces captations en 1954 et en 1973 dans deux villages dépendant de Belpahari et s’avèrent d’une fort belle qualité sonore (même si la captation est parfois un peu « lointaine » dans les enregistrements de 1954). C’est tout à l’honneur du label anglais ARC Music de publier ces précieuses archives sonores levant le voile sur une culture et un peuple aborigène de l’Inde qui se démarquent franchement de ce qu’on connaissait des traditions musicales indiennes. Cette publication exceptionnelle relève du pari commercial risqué autant que de l’indispensable devoir patrimonial, et mérite d’être découverte par tout amateur de musiques rustiques non altérées par la globalisation.

Stéphane Fougère

Label : www.arcmusic.co.uk

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