R.I.P. Gilli SMYTH (Gong, Mother Gong…)

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La poétesse, écrivaine, musicienne et chanteuse britannique Gilli SMYTH est décédée le 22 août à Byron Bay, en Australie, des suites d’une pneumonie  à l’âge de 83 ans.

Après Daevid Allen, qui fut son compagnon pendant plusieurs années, c’est une autre personnalité marquante du groupe Gong qui tire sa révérence. Gilli SMYTH est en effet connue pour avoir marqué l’univers du groupe – volontiers fantaisiste et surréaliste – par ses singuliers « murmures de l’espace » (« space whispers ») aussi cosmiques que sensuels. Surnommée Shakti Yoni, elle a aussi marqué le répertoire « classique » de Gong de ses interprétations de chansons comme Witch’s Song/I am Your Pussy, Prostitute  Poem…

Après avoir quitté  Gong en 1975 avec Daevid Allen, elle a enregistré  son premier album solo, Mother, un pur joyau psychédélique, orienté sur le thème de la maternité, constitué de chansons, de poèmes et de contes mis en musique avec la collaboration de pléthore de musiciens, dont d’anciens complices de Gong.

Par la suite, elle a formé avec Harry Williamson le groupe Mother Gong, avec lequel elle a fait valoir ses engagements et idées féministes et politiques tout en continuant l’orientation « contes et légendes » (Fairy Tales, ou encore Battle of the Birds, avec Anthony Phillips). Parmi les musiciens qui ont apporté leur contribution à Mother Gong, citons Didier Malherbe (Gong), Guy Evans (Van der Graaf Generator) ou encore Robert Calvert (Catapilla), Hugh Hopper (Soft Machine) et Nik Turner (Hawkwind).

Depuis Fairy Tales en 1979, Mother Gong a enregistré une vingtaine d’albums, certains n’étant sortis qu’en K7 non rééditées (Buddha’s Birthday, Fish in the Sky), d’autres en LP non réédités (la trilogie des Robot Woman) et encore d’autres en CD (Wild Child, She made the World/Magenta, Tree in Fish, Eye…). Le groupe, qui a connu différentes déclinaisons de personnel, a perduré jusqu’à la fin des années 2000.

Bien qu’ayant quitté Daevid Allen à la fin des années 1970, Gilli SMYTH a continué à le suivre dans ses aventures musicales, collaborant notamment à Planet Gong et New York Gong, ou bien à ses albums solo. Inversement, Daevid Allen (et sa guitare glissando, parfait « support » instrumental pour les space whispers et les récits de Gilli) a participé à des albums de Gilli et de Mother Gong (dont The Owl and The Tree, où chacun se partage un face d’album). Leur partenariat artistique a perduré jusque dans les années 2000, comme l’illustrent les CD Short Tales and Tall, et I am Your Egg.

De fait, il n’est pas étonnant que Gilli SMYTH ait de nouveau rejoint le Gong, fraîchement réactivé dans les années 1990-2000, en réponse à une demande grandissante des fans. On la retrouve ainsi sur les récents albums du groupe, comme Zero to Infinity et  2032, pour lequel elle a composé plusieurs pièces, dont l’électro-futuriste Robo-Warriors, ou les poésies ambient Yoni Poem et Wave and a Particle. Et bien sûr, Gilli a aussi  participé aux tournées de Gong jusqu’en 2012.

Dans ces mêmes années 1990-2000, Gilli SMYTH a également creusé son sillon avec des productions « satellites » de la planète Gong, comme Glo, Goddess Trance, plus orienté électro, et Gong Matrices. Signalons de plus que Gilli SMYTH a écrit un ouvrage (accompagné d’un CD) narrant sa propre vision de Gong, Politico – Historico – Spirito.

Avec Gong comme avec Mother Gong, Gilli SMYTH a contribué à ouvrir le champ des musiques underground comme les consciences. Bien que discrète, elle a été un élément-clé de la musique comme de la mythologie de la planète Gong, incarnant la Mère nourricière,  une divinité,  l’élément féminin au sens métaphysique.

Son dernier album solo en date, réalisé en 2012, s’appelle Paradise. Gageons que c’est précisément là qu’elle se trouve désormais, jouant une « space gig » avec son ancien compagnon Daevid « Bert Camembert » Allen…

R.I.P. Gilli, et toutes nos condoléances à sa famille et à ses proches.

Stéphane Fougère

 

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