TECHUNG – Lam La Che (On the Road)

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TECHUNG – Lam La Che (On the Road)
(ARC Music)

Techung-LamLaCheAncien membre du TIPA (Tibetan Institute of Performing Arts), élevé à Dharamsala, en Inde, TECHUNG réside actuellement dans la baie de San Francisco, où il a cofondé la « Chaksampa Tibetan Dance and Opera Company ». En tant que représentant des arts traditionnels tibétains (chant, musique, danse, opéra), il porte le nom de Tashi Dhondup SHARZUR. C’est quand il se produit comme artiste soliste qu’il prend le nom de TECHUNG, surnom de son enfance.

Lam La Che est son second album pour le label anglais ARC Music, après Songs from Tibet, en 2006, mais TECHUNG est en fait l’auteur d’une discographie autrement plus fournie, mais guère accessible au public français. Aussi faut-il rendre grâce au label ARC d’avoir pris l’artiste sous licence et d’en faire connaître sa musique en Europe. On trouvera du reste de nombreuses informations sur l’artiste et sa musique (ainsi que des traductions de ses chansons en anglais) dans l’épais livret qui accompagne ce CD.

Lam La Che signifie « Sur la route ». Ce titre pourrait évoquer des épreuves subies par l’artiste pendant son exil, mais en fait cet album n’a pas de vocation autobiographique. La route que nous invite à prendre TECHUNG est plutôt celle du retour au pays. Il suffit d’écouter le premier morceau de ce CD, Lok Dro, dans lequel TECHUNG convie la diaspora tibétaine exilée à retourner, physiquement ou spirituellement, au Tibet. (La chanson est interprétée en tibétain et en anglais.)

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Ce thème du retour au pays natal est de même au cœur d’Udang Lhemo, qui exprime l’émerveillement provoqué par les paysages tibétains. L’esprit du voyage est de même invoqué dans E-Ari-Lo, auquel participe le guitariste yogique Stevin McNAMARA.

Tout contemplatif qu’il paraît, ce thème récurrent du retour au pays dissimule en fait une parole subtilement et culturellement engagée qui se révèle d’autant plus avec la chanson Lhama Khen (« Mon Lama »), un hommage aux moines et aux nonnes qui se sont immolés pour protester contre la répression des autorités chinoises (un sujet qui reste hélas d’actualité). Il s’agit cependant moins d’un chant de dénonciation que d’un appel à la compassion.

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L’histoire tibétaine est également évoquée en filigrane dans Benevolent India, un chant de de gratitude envers l’Inde pour avoir offert au peuple tibétain une terre de refuge.

Le morceau éponyme à l’album tient carrément de l’acte de résistance culturelle : Lam La Che est en effet le titre d’un texte d’une poétesse sino-tibétaine, Tsering WOESER, qu’elle a écrit alors qu’elle était en état d’arrestation. TECHUNG a évidemment accepté sa proposition de le mettre en musique.

Lam La Che fait partie de ces compositions (avec celles déjà citées et les plus primesautières Kipotang et Nying Thop) qui bénéficient, hormis le « dramnyen » (luth à long manche) de TECHUNG, d’une instrumentation électrique « à l’occidentale », avec basse, guitare, claviers et batterie, sans pour autant perdre leur caractère tibétain. Et Lam La Che en particulier jouit de la participation exceptionnelle du bluesman américain Keb’ MO’, dont la guitare slide ajoute indéniablement un plus au climat de la chanson.

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Les autres morceaux du disque (des mélodies et thèmes traditionnels provenant de diverses provinces tibétaines) conservent une tonalité acoustique, que ce soit ceux que TECHUNG joue en solo, superposant dramnyen, lingbu (flûte en bambou tibétaine) et piwang (vièle à deux cordes), comme ceux qu’il joue accompagné au dulcimer par Tsering PHUNTSOK.

Cet album, d’une durée plus que généreuse (77 minutes !) alterne ainsi pièces traditionnelles et compositions, enregistrements studio et captations live (au Tibetan Freedom Concert de Taipei en 2008), arrangements acoustiques ou semi-électriques, au risque de manquer un peu d’unité.

Mais fondamentalement, la « tibétanité » des 19 chansons et instrumentaux inclus dans ce disque n’est jamais prise en défaut, et la voix rêveuse et feutrée de TECHUNG s’avère idéale pour nous promener « sur la route », à la découverte d’un Tibet qui aspire à retrouver la liberté de son territoire et l’intégrité de sa culture, et qui n’en a pas oublié le souvenir.

Stéphane Fougère

Site : www.techung.com

Label : www.arcmusic.co.uk

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