MINIMUM VITAL – Esprit d’Amor

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MINIMUM VITAL – Esprit d’Amor
(Musea)

Connu pour avoir exploré les structures complexes d’un certain rock progressif instrumental inspiré de jazz-rock, de folk et de musique médiévale dans les années 1980, le groupe français MINIMUM VITAL, après le sublime album Sarabandes (1990), avait amorcé un virage risqué avec La Source (1993) en accordant plus d’espace au chant, assuré à l’époque par les fondateurs du groupe, les frères PAYSSAN (Jean-Luc aux guitares, Thierry aux claviers). Avec Esprit d’Amor (1997), MINIMUM VITAL ose bousculer encore davantage les idées préconçues sur le rock prog’ supposé difficile d’accès et « prise de tête ».

Musicalement, cet album est décidément bien étonnant et s’avère très accrocheur dès la première écoute avec sa tonalité très « groove ». Il s’en dégage une telle joie de vivre, de chanter, d’aimer, qu’il est impossible de résister à l’envie de le réécouter.

Le chant y est en effet devenu l’élément prépondérant des paysages sonores de MINIMUM VITAL avec l’arrivée de la chanteuse Sonia NEDELEC, par ailleurs professeur de chant, et de Jean-Luc FERRACCI, qui n’est autre que son meilleur élève. Leurs voix, appuyées par celles de Thierry et de Jean-Luc PAYSSAN, auteurs des textes, ne sont pas sans rappeler l’univers de MAGMA. Les adorateurs de Kobaia, en principe initiés aux langues imaginaires, sauront peut-être comprendre le dialecte de MINIMUM VITAL… Seul un morceau est chanté entièrement en français par Jean-Baptiste, Les Voyages de Costey, dont le sujet est la quête de l’amour. Du reste, au risque de passer pour hérétique, ce morceau a tout d’un tube radio, avec en plus ces arrangements musicaux originaux dont les « Minimum Vitaux » ont le secret.

Car le groupe n’a rien perdu de ses arrangements complexes, de ses tournoiements incessants de claviers, de ces soli de guitares acoustique et électrique, ni de ses influences médiévales, présentes par petites touches sur l’ensemble du disque. Mais la musique a aussi évolué et bénéficie d’un renfort d’instruments que l’on n’avait pas encore entendus chez MINIMUM VITAL, comme le saxophone, la trompette et le hautbois, qui accentuent la dimension chaleureuse et festive de cet Esprit d’Amor.

Claviers et guitares jubilent, et l’apport de cuivres donne un ton presque « soul » à l’ensemble. Dans un morceau comme Brazilian Night, MINIMUM VITAL se permet même d’intégrer des percussions et des sifflets rappelant l’ambiance du Carnaval de Rio ! On trouve même des bribes de chant grégorien à la fin de Danse pour la nouvelle alliance, qui, sur un rythme dansant, fait côtoyer avec bonheur une guitare électrique mordante et des cuivres à la EARTH, WIND & FIRE ! (Les puristes « prog’ » voudront bien nous pardonner cette référence indispensable…)

En osant élargir le style prog’ à d’autres horizons plus directs, Esprit d’Amor transpire d’un climat de fête, de célébration qui n’est pas sans rappeler le tournant – très controversé à l’époque – qu’avait pris MAGMA à l’orée des années 1980 en se frottant à la musique soul, sans toutefois en reproduire l’aspect scénique grand-guignolesque.

Avec Esprit d’amor, MINIMUM VITAL a le don de contenter un public exigeant en termes de qualité et de recherche musicale, tout en le poussant à se lever de sa chaise, à bouger et même… à danser ! En soi, c’est un sacré exploit !

Sylvie Hamon et Stéphane Fougère

(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°1 – février 1998,
et remaniée en 2019)

 

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