André HAJJ & Ensemble – Amaken (Instrumental Music from Lebanon)

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André HAJJ & Ensemble – Amaken (Instrumental Music from Lebanon)
(ARC / DOM)

Bon, autant le dire d’entrée, dès l’écoute des premières mesures du premier titre, j’ai immédiatement placé cet album en numéro 1 de tous ceux que je connais concernant la musique arabo-orientale. Tout y est : la précision et la virtuosité du jeu, la beauté et l’authenticité des mélodies, la sonorité exceptionnelle des instruments et, encore plus remarquable, un mixage constamment sidérant, détachant chaque instrument comme au scalpel et donnant à chacun d’eux tout l’espace sonore dont il a besoin pour s’exprimer.

Cela dit, à bien y regarder, tout cela n’est pas très étonnant s’agissant d’André HAJJ et de son ensemble, vu qu’ils constituent tout de même LA formation incontournable et obligatoire à louer pour tous les mariages, fêtes et banquets qui se respectent au Liban. Aïe ! Suis-je en train de parler d’un vulgaire orchestre de noces ?

Que nenni ! André HAJJ est LE professeur de luth de la prestigieuse Université du Saint-Esprit de Kaslik, dont il est d’ailleurs sorti diplômé avant d’entamer une double carrière de musicien professionnel et d’enseignant. Ce qui n’était que la suite logique de son enfance passée dans une famille amatrice d’arts et de musiques dont sont issus nombre de musiciens talentueux et de chanteurs respectés. Mais André HAJJ est également premier luthiste de l’Orchestre du Conservatoire de Musique Libanais et directeur de l’Orchestre METN, émanation de l’École Germanos.

Tout cela pour dire qu’avec André HAJJ, on est toujours au sommet dans l’art du luth et de la musique arabo-orientale en général. Mais qu’en est-il de cet album en particulier ?

En fait, Amaken fut à la fois le nom du premier groupe de musiciens que créa André HAJJ et qui se mua peu à peu en la formation qu’il dirige actuellement et, selon la traduction du terme, « Endroits », les différents lieux sonores et musicaux de la musique arabo-orientale. Il y a donc là un hommage, à sa formation, et un voyage, de style en style. Et les deux ensemble font d’Amaken tout autant une extraordinaire démonstration instrumentale qu’un voyage fascinant à travers les genres musicaux qui confluent au Liban.

Luths, flûtes, cithares, violons et percussions s’unissent pour tisser des symphonies venues d’Iran, de Turquie, d’Égypte ou de l’ancienne et lointaine Andalousie. Les rythmes s’enchevêtrent, les gammes s’entremêlent ou au contraire tout s’apaise pour qu’un seul instrument brille de tous ses feux. Nos oreilles sont à la fête et on s’émeut de tant de beauté.

C’est tout l’art d’André HAJJ qui s’exprime, élever le niveau et le discours musical et élever en même temps d’auditeur jusqu’à des hauteurs qu’il n’aurait jamais soupçonnées. Et c’est cela au fond le génie d’André HAJJ : ravir d’aise les spécialistes et combler tous les autres.

Pas besoin donc d’être expert en musique arabo-orientale pour apprécier pleinement Amaken, vos deux oreilles suffiront comme passeport pour un périple harmonique rarement égalé dans ce domaine.

Frédéric Gerchambeau

PS: cet album a été réédité en 2018 sur le même label, avec la pochette ci-dessus (NDLR).

Site : https://andrehajj.wordpress.com/

Label : www.arcmusic.co.uk

 

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS N°44 – automne 2009)

 

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