BROU HAMON QUIMBERT – À l’arrivée de mon retour

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BROU HAMON QUIMBERT – À l’arrivée de mon retour
(Autoproduction/Coop Breizh)

Depuis plus de vingt ans, Roland BROU, Mathieu HAMON et Charles QUIMBERT partagent une passion commune pour les chants de tradition orale de Haute-Bretagne qu’ils interprètent aussi bien en fest-noz qu’en concert. Les traces discographiques de leur collaboration en trio sont bien rares et montrent chaque fois la diversité de ce répertoire qu’ils mettent parfaitement en valeur a cappella.

Sur leur premier disque sorti en 1999, les Trois P’tits Oiseaux interprètent une sélection de danses, de mélodies et de complaintes de leur région accompagnées parfois de discrets chants d’oiseaux. Trois ans plus tard, le trio enregistre son nouvel opus en studio et sur scène, où l’on peut apprécier l’aisance des trois Garçons sans-souci à faire participer le public sur un registre varié de chants énumératifs, de compagnons, de cellier, de menteries, à répondre, dialogués ou à danser. Les fans ont dû ensuite patienter six longues années, La Nuit comme le jour, l’album du spectacle éponyme, construit autour de thèmes populaires (amours et amants, soldats et déserteurs, travail et révoltes, boissons et buveurs), dans lequel le trio intègre des arrangements polyphoniques sur plusieurs titres.

Il a fallu attendre encore huit ans leur retour, et ils nous étonnent toujours à l’arrivée !

« Nous sommes trois frères, partis pour un voyage… », voilà une entrée en matière qui s’annonce dépaysante et passionnante. Et c’est bien au-delà de nos espérances que nous emmènent ces trois frères de chant. Loin de se contenter de nous inviter à un simple voyage, ce nouvel opus au titre poétique, À l’arrivée de mon retour, rend hommage à « toutes celles et ceux qui, chassés par la misère ou poussés par l’aventure, sont partis de chez eux, emportant parfois pour seul bagage, leurs mots et leurs chansons ».

Une bien belle occasion pour le trio d’élargir son répertoire en réunissant des chants collectés au Québec, en Louisiane, sur les îles de la Désirade (Guadeloupe) et de la Réunion, aux côtés de quelques chants de Bretagne, point de départ de ces voyageurs auxquels est dédié À l’arrivée de mon retour. Ils y évoquent à travers des textes anciens des sujets qui sont toujours d’actualité : risques du voyage, dangers et tristesse de l’exil, les colonies, la misère, l’amour, la mort… Le monde n’a décidément pas beaucoup évolué depuis pour ceux que l’on appelle aujourd’hui les « migrants », seules ont changé les terres qu’ils fuient et celles où ils se réfugient. La reprise d’une chanson contemporaine de Graeme ALLWRIGHT, La Ligne Holworth, évoquant les bateaux qui emmenaient des bagnards anglais pour coloniser l’Australie et qui transportent aujourd’hui des émigrants, se révèle un excellent choix pour compléter ce tableau.

Avec À l’arrivée de mon retour, le trio BHQ poursuit sa collaboration avec Manu THÉRON, qui avait déjà arrangé les polyphonies vocales sur le précédent album, La Nuit comme le jour. Le chanteur marseillais n’a pas fait du trio BHQ un miroir breton de son groupe LO COR DE LA PLANA, qui dégage à sa manière une puissance hors du commun avec ou sans percussions. Ici, les polyphonies s’intègrent dans le chant des trois Bretons avec grâce et finesse, sans perdre le charisme qu’on leur connaît en concert comme en fest-noz et en rendant autrement vibrantes leurs interprétations. Les polyphonies arrangées à la perfection, au lieu d’envahir l’espace, viennent comme des rayons de soleil illuminer les chants mieux que l’auraient fait des instruments et ajoutent ainsi en intensité. Le summum est atteint avec le féerique C’est une fille mineure bien jeune, sur lequel les voix, en solo et en duo, sont enveloppées d’harmonies vocales célestes. Parfois même leur chant se colore d’un brin d’accent créole (La Grande Reno, une version réunionnaise du Roi Renaud apprise de la Famille GADO) et de créole louisianais (Femme l’a dit).

Trois courts poèmes viennent s’intercaler entre les chants. Méfiez-vous des blancs, habitants du rivage, un très beau texte lu par Mathieu HAMON, est la traduction d’un chant malgache du 18siècle qui rappelle les méthodes barbares des colons et vient en réponse au final raciste et bien-pensant de l’époque (donc fort choquant) de J’ai un petit voyage à faire, qui évoque la colonisation de la Martinique. Charles QUIMBERT a choisi un poème émouvant sur l’esclavage, Chaînes pour la chair, d’un auteur contemporain, Wilfried N’SONDÉ. Roland BROU, quant à lui, ne pouvait trouver mieux pour honorer Les Chants que les mots du poète et romancier turc Nâzim HIKMET (titre original Le Chant des hommes, 1960).

À l’arrivée de mon retour nous invite au voyage à travers une série de tranches de vies reliées par le fil conducteur des migrations et ayant pour héros des gens ordinaires. Le trio BROU HAMON QUIMBERT transmet comme toujours beaucoup d’émotion a cappella et les polyphonies ajoutent une touche de magie à ces chansons qui ont traversé les terres, les mers et le temps.

Sylvie Hamon

Facebook : https://www.facebook.com/Brou-Hamon-Quimbert-1606610462947351/

Distribution : brou.roland @ hotmail.fr et http://www.coop-breizh.fr

Extraits du CD en écoute : http://www.nozbreizh.fr/php2/album.php?idalbum=2150

 

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