Bryan FERRY – Live at the Royal Albert Hall 1974

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Bryan FERRY – Live at the Royal Albert Hall 1974
(BMG)

Le grand FERRY est de retour ici avec une excellente prestation qui ne date pas d’hier ; ce live a été enregistré au Royal Albert Hall, salle mythique de Londres, le 19 décembre 1974. Alors que paraissait quelques semaines plus tôt, l’album Country Life de ROXY MUSIC, Bryan FERRY a livré peu avant Noël, une série de concerts qui marquaient ses débuts scéniques en solo. Les tickets se sont vendus très rapidement et comme nous pouvons nous en douter, l’accueil fut à la hauteur de la prestation. FERRY s’est entouré d’une formation extraordinaire, avec des musiciens tous impeccablement habillés pour l’occasion.

En effet, à ses côtés, nous retrouvons les proches de l’univers ROXY et ceux qui l’ont accompagné sur ses deux disques en solo : les guitaristes John PORTER, Phil MANZANERA, le batteur Paul THOMPSON, le pianiste et violoniste Eddie JOBSON (CURVED AIR, ZAPPA, ROXY) et le grand John WETTON (KING CRIMSON, ASIA) à la basse. Aux claviers, il y a deux grands noms à savoir Peter ROBINSON (David BOWIE, BRAND X, Phil COLLINS, Mike RUTHERFORD, Eric CLAPTON) et Mike MORAN (il a notamment accompagné Freddie MERCURY et George HARRISON) ; aux percussions, il y a un autre grand musicien, Morris PERT (BRAND X, Mike OLDFIELD).

À tout cela, il faut ajouter une impressionnante section de cuivres (saxophones, trompettes, trombones) incluant sept musiciens. N’oublions pas aussi la section féminine composée de trois choristes dont la grande beauté Doreen CHANTER, l’une des deux sirènes (avec Jacquie SULLIVAN) pour la future tournée de ROXY en 1975 (« Siren Tour »).

Ce concert est auréolé d’une atmosphère réellement spéciale, d’un esthétisme fort redoutable. La musique est d’un rafraichissement revigorant. Encore maintenant, il surmonte le passage du temps. Et la qualité sonore est superbe. Cette prestation respire la nostalgie, car elle célèbre les débuts discographiques en  solo de Bryan, avec  les disques These Foolish Things (paru le 3 octobre 1973) et Another Time, Another Place (sorti le 5 juillet 1974). Notez que depuis le mois de juin 2021, ses six  premiers albums (jusqu’à Boys and Girls – 1985) sont ressortis remasterisés et en format 33 tours. Bon, voilà le genre de rééditions totalement inutiles et réservées aux collectionneurs fortunés !

Ses deux premiers disques parfumés d’élégance et constitués principalement de reprises, présentent des chansons magnifiquement arrangées, provenant d’un répertoire puisé dans les années 1930, 1950 et 1960. Ils sont le reflet parfait du goût personnel de FERRY, des hommages à ce qu’il apprécie depuis sa jeunesse (« a guide to my taste » dira t-il). Et rappelons que son monde musical est assez vaste et comprend par exemple le jazz des années 1930-1940, des artistes comme SINATRA, Tony BENNETT, Cole PORTER, le compositeur Jérôme KERN, John LENNON, Paul  MCCARTNEY et évidemment Bob DYLAN.

Chez lui, il y a toujours eu cette volonté de revisiter des chansons plusieurs décennies après leur création, de leur redonner une nouvelle vie afin qu’une nouvelle génération puisse les découvrir. C’est ce qu’il a toujours fait au cours de sa carrière avec d’autres albums de reprises (Taxi, As Time Goes By, Dylanesque). Il a ce talent de se réapproprier des standards du passé et réussit à les faire sonner différemment, selon les époques qu’il traverse. Nous oublions même le fait que ce sont justement des reprises. Elles sonnent tout simplement comme du FERRY. C’est un exercice stylistique et esthétique assez fabuleux lorsque nous écoutons ses deux premiers disques. Cela a nécessité un travail incroyable au niveau des arrangements à Bryan et à son équipe, notamment John PORTER qui a été une aide précieuse à l’accomplissement de ces projets.

Ce live en est un autre bel exemple. Le R.A.H. frémit à l’écoute de ces quatorze titres dont un seul est issu du répertoire de ROXY MUSIC (une version fidèle de A Really Good Time, extrait de Country Life, le quatrième album avec la pochette la plus osée du groupe. Les deux jolies filles de nationalité allemande étaient en fait la petite amie et la cousine du guitariste de CAN, Michael KAROLI).

La « setlist » débute avec une version du classique stonien, Sympathy For The Devil, avec la basse de WETTON bien mise en avant et les guitares très rock’n’roll. Certes, FERRY n’est pas JAGGER mais le ton est ainsi donné. 

Se succèdent ensuite pendant plus de quarante minutes, des trésors d’un autre temps magnifiquement interprétés : I Love How You Love Me (une chanson datant de 1961 du groupe féminin américain, THE PARIS SISTERS, et produite par Phil SPECTOR), Baby I Don’t Care, It’s My Party (une chanson de 1963 par Lesley GORE notamment reprise la même année par Richard ANTHONY sous le titre C’est ma Fête), Don’t Worry Baby ou Fingerpoppin’ sont de parfaites chansons à remonter le temps ; la recette est efficace avec la voix de FERRY, les arrangements, les chœurs et les cuivres.

Il y a une belle et intense version de Another Time, Another Place avec ces guitares qui sonnent très rock américain (il s’agit de la seule composition signée FERRY sur son deuxième disque) et puis bien sûr, nous retrouvons des merveilles qui font autant frissonner en les entendant : Smoke Gets In Your Eyes dégage une sensualité intemporelle, A Hard Rain’s A-Gonna Fall de DYLAN est flamboyant, The « In » Crowd (encore une chanson des années 1960 écrite par Billy PAGE pour Dobie GRAY) toujours hypnotique ; pour conclure, These Foolish Things (un standard du jazz de 1936) est renversant de romantisme et de beauté.

La voix merveilleuse de FERRY nous transporte ailleurs et ces chansons respirent l’insouciance et l’amour, la jeunesse aussi d’une époque révolue. Le groupe fait du bon boulot ; la section rythmique est efficace accompagnée par la chaleur des cuivres et ces chœurs qui nous réchauffent le cœur. S’il fallait faire une rapide comparaison, c’est du même calibre que l’album Going Back de Phil COLLINS lorsqu’il reprend les grands classiques de la MOTOWN (nous y entendons des arrangements vraiment somptueux joués par des musiciens de l’époque).

Ce live possède une classe inégalée, à l’image de son chanteur.  Et surtout, il y a quelque chose de vraiment particulier en l’écoutant : un certain mélange de nostalgie et de mélancolie. C’est la musique d’un autre temps, qui sera vite balayée avec l’arrivée du punk, l’un des derniers grands sursauts soniques avant le grand déclin musical d’aujourd’hui.

Cédrick Pesqué

Site : https://bryanferry.com

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