Festival Interceltique de Lorient 2021 – 50e édition – Année de la Bretagne

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Festival Interceltique de Lorient

50e édition – Année de la Bretagne – du 7 au 15 août 2021

En août 2020 devait se tenir la cinquantième édition du Festival Interceltique de Lorient. Face à la situation sanitaire et aux incertitudes qu’elle engendrait, la décision a été prise de reporter cette édition à 2021. Il paraissait cependant difficilement envisageable que rien ne se passe dans le cité morbihannaise et un unique spectacle, La Fête des Cornemuses, fruit de la collaboration entre le FIL et la Fédération des Sonneurs SONERION, s’est tenu dans le Stade du Moustoir le samedi 8 août 2020. Quelques semaines plus tôt, la programmation prévue avait également été dévoilée.

Alors que la situation tendait à s’améliorer, la décision a cette fois été prise de confirmer le Festival en 2021 en se conformant aux mesures sanitaires en vigueur. Contrairement à d’autres manifestations qui ont écouté leur durée, le FIL s’est maintenu sur dix jours mais dans une configuration moindre. Toutes les délégations étrangères n’ont pas pu faire le déplacement. Les incontournables comme le championnat de bagadou, la grande parade traversant la ville ou le triomphe des sonneurs n’ont pas eu lieu. Le port de plaisance n’a pas connu l’effervescence liée aux animations des chapiteaux des différents pays celtes.

Le Festival s’est finalement déroulé sur trois sites.

Le premier week-end, le Stade de Moustoir a accueilli une carte blanche aux bagadou de première et de deuxième catégorie le samedi. Le dimanche, c’est une grande parade spéciale Bretagne qui a uniquement traversé l’enceinte du stade le matin tandis que l’après-midi, la Fédération KENLEUR a proposé un spectacle de danses et musiques de Bretagne.

Le chapiteau de l’Espace Marine a bien été érigé. On a pu y retrouver une grande partie des têtes d’affiche initialement prévues en 2020. Le format assis limitait de fait le nombre de spectateurs. L’Espace n’a pas connu de flops. Deux concerts se sont même tenus à guichet fermé, Alan STIVELL et Carlos NÚÑEZ.

Le cœur du Festival s’est amarré aux abords et dans le parc Jules-Ferry, un lieu sur lequel se trouvaient des espaces de restauration, un marché Interceltique le long de la rambla et surtout une Scène Bretagne montée derrière le Palais des Congrès. Des concerts s’y déroulaient l’après-midi et en soirée. Il ne s’agissait aucunement d’une scène au rabais et la programmation était tout aussi variée qu’alléchante.

En dépit des contraintes, de la limitation des lieux de spectacles et de l’absence d’un festival Off, le nombre de festivaliers a été estimé aux environs de 300 000. Le nombre d’entrées payantes a été de 45 000 billets vendus.

Cette cinquantième édition qui honorait la Bretagne et qui marquait également les cinquante ans du FIL aura finalement pu se dérouler sans encombres.

Le président, Jean PEETERS, et le directeur général, Lisardo LOMBARDIA, ont insisté à plusieurs reprises qu’en maintenant la manifestation, il s’agissait d’un acte de résistance culturelle.

Le FIL 2021 a, de plus, été marqué par deux évènements qui se sont croisés.

Cette édition était en effet la dernière du Directeur Général, Lisardo LOMBARDIA qui après quatorze années de bons et loyaux services passait la main à Jean-Philippe MAURAS. Ce dernier n’est pas un inconnu puisqu’il fut directeur du Festival de Cornouaille de Quimper. Il lui incombera la lourde de tache d’engager la deuxième cinquantaine du FIL qui doit nous conduire au siècle Interceltique.

Alors que le FIL abordait le deuxième week-end, on a appris le décès de Jean-Pierre PICHARD, le premier Directeur Général, l’initiateur de cet Interceltisme, celui qui a fait passer cette notion d’une aspiration à la réalité. Un hommage en musique lui a été rendu le samedi 14 août dans le parc Jules Ferry. Le militant Marcus GARVEY a déclaré : « Un peuple qui ne connaît pas son passé, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racines. »

Depuis cinquante ans, le Festival Interceltique a été un acteur majeur de la défense et de la reconnaissance de la culture celtique. Ses racines sont aujourd’hui bien vivantes et ses fleurs rayonnent chaque été à Lorient.

Gilles SERVAT

La première tête d’affiche à se produire à l’Espace Marine a été Gilles SERVAT. Cela représentait un symbole car le célèbre barde était déjà présent lors de la première édition du FIL en 1971. Il s’était alors produit au Palais des Congrès en première partie du mythique groupe irlandais THE DUBLINERS.

Cette année, Gilles venait présenter À Cordes déployées, son nouveau spectacle dans lequel il revisite son répertoire sous une forme proche de la musique classique. Il était pour cela accompagné de Mathilde CHEVREL (violoncelle), Floriane LE POTTIER (violon) et Philippe TURBIN (piano). Il s’agissait là uniquement d’instruments à cordes accompagnant les cordes vocales du maître de cérémonie.

Le concert étant intimiste et, comme l’a bien précisé Gilles, sans électronique, le chapiteau de l’Espace Marine n’était pas le lieu idéal pour sa représentation. L’endroit avait cependant été aménagé ce soir-là afin de correspondre au mieux à l’esthétique musicale. Le spectacle se voulait original par rapport à ce qu’à fait Gilles auparavant afin de ne pas laisser la routine s’installer et éviter que les choses ne deviennent automatiques

Le concert a démarré par La Blanche Sonatine qui est une composition de Mathilde reprenant le thème musical du refrain de La Blanche Hermine.

Puis Gilles a pris place sur scène et a proposé les nouvelles interprétations de ses chansons (Le Moulin de Guérande, La Paroisse de Préchi-Précha, Nous avons perdu le Nord). Pour le final de Hiérarchie, Gilles s’est mis en retrait au fond de la scène et de profil a fait un bras d’honneur, prouvant ainsi qu’il n’avait rien perdu de son engagement.

Si le CD ne contient pas de chansons en breton, Gilles a interprété ce soir-là Er Gédour Braz (Le Grand Veilleur), un poème de Jeff LE PENVEN mis en musique, dans deux langues, breton chanté et français parlé.

Puis, dans une volonté de laisser ses musiciens s’exprimer seuls, Gilles s’est assis dans un fauteuil pour écouter le trio. On pouvait reconnaitre Kalondour, Sur la Route de Quimper et Erika Erika.

Ensuite, le barde s’est levé afin d’entamer un large florilège de son œuvre, L’Hirondelle, La Liberté brille dans la Nuit, Où vont les Baisers, La Maison d’Irlande, Le Pays, Je dors en Bretagne ce Soir.

Les arrangements musicaux sont dûs à Mathilde CHEVREL qui a créé un paysage sonore mettant les mots en valeur. Cela se vérifiait avec Les Prolétaires, dans lequel un thème composé par Franz SCHUBERT a été inclus accentuant ainsi la force du titre. Je vous emporte dans mon Cœur résonnait de manière très émouvante interprété de cette manière.

Le concert s’est terminé comme il avait commencé par La Blanche Sonatine. Le public reprenant timidement les paroles du refrain de La Blanche Hermine. Floriane LE POTTIER l’a alors invité à donner de la voix.

Site : https://www.gillesservat.net
CD : À Cordes déployées

DENEZ

La dernière fois que l’on a pu croiser Denez PRIGENT au FIL, c’était en 2018. Il s’était alors produit en compagnie de l’Orchestre Symphonique de Bretagne (devenu depuis l’Orchestre National de Bretagne).

DENEZ, comme il se fait désormais simplement appeler, fait partie des rares artistes bretons ayant émergé durant les années 1990 et qui ont réussi à connaître un succès critique et public ainsi qu’une médiatisation honorable. Ses albums et ses audaces ont marqué le paysage musical breton.

Il était somme toute logique de retrouver le chanteur lors de ce cinquantième anniversaire du FIL.

En novembre 2019, DENEZ s’était produit lors du Festival Yaouank de Rennes dans une formation en trio, DENEZ TEKNOZ PROJECT, avec une couleur musicale ouvertement techno. Le dernier album en date, Stur an Avel, paru au printemps 2021, conserve ces influences électros mais celles-ci sont moins abruptes.

La question était de savoir quelles couleurs allaient prendre ce concert.

DENEZ était accompagné d’une partie des musiciens ayant participé au dernier album : Antoine LAHAY (guitares acoustique et électrique), Jean-Baptiste HENRY (bandonéon), James DIGGER (machines), Jonathan DOUR (violon), Cyrille BONNEAU (duduk, saxophone, bombarde, cornemuse écossaise) et Ronan LE BARS (cornemuse irlandaise, flûte), groupe auquel est venu se joindre Mathilde CHEVREL (violoncelle).

Fidèle à ses habitudes, DENEZ est apparu sur scène entièrement vêtu de noir. C’est par un classique, An Hini a Garan, que le concert a débuté. DENEZ était accompagné de la chanteuse Aziliz MANROW. L’accent mis sur le duduk et la flûte donnait une élégance autre à ce titre.

Le dernier album a fortement servi de trame au concert. Cependant, les sons électro se sont retrouvés amplifiés par rapport au CD (C’hwervoni, An Avel a Benn avec un superbe final en compagnie du Bagad d’Auray).

Waltz of Life, le titre de l’album mis en avant pour sa promotion, sonnait lui aussi plus électro que la version studio avec des sons de batterie percutants. Aziliz MANROW était de retour pour interpréter sa partie et celle du rappeur d’Oxmo PUCCINO était simplement reprise au violon.

Kredin ‘raen était subtilement renforcé par l’électro tout en conservant sa couleur initiale.

Plus acoustique, Al Labous Marzhus mettait en avant les cordes (guitare, violon, violoncelle) qui communiaient en parfaite symbiose avec la cornemuse irlandaise.

Gwerz Montsegur était un long titre au climat évolutif.

E Garnison conservait le rythme électro et se parait de tonalités orientales. Le public s’est alors levé et certains spectateurs partaient même danser dans les travées sous le regard approbateur de DENEZ, qui esquivait lui-même quelques pas de danses sur la scène

Enfin, c’est comme souvent par un autre classique incontournable, E ti Eliz Iza, avec toutefois une mélodie quelque peu revisitée et le soutient là aussi du Bagad d’Auray pour le final, que le concert s’est terminé.

Le virage (très) électro par moments a pu décontenancer une partie des spectateurs mais le spectacle dans son ensemble a ravi la majorité du public.

Site : http://www.denezprigent.com
CD : Sur an Avel

Finisterres Celtiques

Lors de chaque édition du Festival Interceltique, l’une des soirées majeures est la grande nuit dédiée au pays invité. Cela permet au dit pays de montrer la vivacité et la diversité de sa musique à travers une création originale.

En 2021, l’Année de la Bretagne coïncidait avec la cinquantième édition du FIL, aussi plutôt qu’une grande soirée dévouée seulement à la Bretagne, c’est un spectacle plus Interceltique qui a été imaginé.

À l’initiative de Lisardo LOMBARDIA, le Directeur Général, et de Mark FELDMAN, l’Administrateur Général de l’Orchestre National de Bretagne (ONB), il a été proposé à différents compositeurs d’élaborer une œuvre mettant en avant ce qui allait donner son nom à la création, les Finisterres Celtiques, c’est-à-dire les pays formant un arc atlantique européen baignés par la mer.

Les compositeurs, au nombre de six, Ramon PRADA (Tierra, Asturies), Paul Leonard Morgan (Celtic Concerto, Écosse), Sir Karl JENKINS (Alawon, Pays de Galles), Bill WHELAN accompagné de Fiona MONBET (Riverdance, Irlande) et Frédérique LORY (Ar Wesenn Bretagne) se sont ainsi attelés à concevoir de façon autonome, avec des atmosphères et des sonorités propres, un tableau musical alliant musique symphonique et musique celtique.

La soirée lorientaise constituait donc la première mondiale de ce spectacle.

L’ONB, dirigé par le gallois Grant LLEWELLYN, était l’élément central des cinq mouvements. À ses côtés, différents accompagnateurs et solistes se sont succédé, parmi lesquels le chanteur asturien Xosé Antón AMBÁS, l’écossais Ross AINSLIE (cornemuse), les galiciens Abraham CUPEIRO (carnyx) et Anxo LORENZO (gaïta). La violoniste acadienne Dominique DUPUIS n’a par contre pu être présente.

HEVIA a mis en relief le superbe final du mouvement asturien malgré l’absence d’une banda de gaïtas.

Dans le prolongement du thème bien connu de Riverdance, les deux musiciennes de Fiona MONBET (violon) et Sarah VAN DER VLIST (flûte traversière) ont enchainé par The Foggy Dew et une étourdissante Suite Irlandaise aux envolées jazzy, soutenues par une batterie incisive.

Présente sur plusieurs des tableaux, Marthe VASSALLO a assuré le chant en anglais puis en français et breton sur des titres traditionnels, des cantiques ou une suite de danses supportée par le Bagad de Pontivy.

Le spectacle a emporté l’adhésion des spectateurs venu en nombre. Cette création devrait voyager. Espérons également qu’elle soit gravée sur un support afin d’être découverte par un large public.

Sharon SHANNON

En dépit de sa notoriété, l’accordéoniste irlandaise Sharon SHANNON se produit finalement assez peu en Bretagne et sa dernière participation au Festival Interceltique remontait quand même à 2007.

2001 marquait pour l’artiste le trentième anniversaire de la parution de son premier album solo qui reste encore aujourd’hui un disque de référence et un succès commercial indéniable.

Sharon SHANNON a depuis publié nombres de CD dans lesquels elle sortait la musique irlandaise d’influences uniquement traditionnelles. Sa présence à Lorient était d’autant plus stimulante qu’en raison de la situation sanitaire, elle était une des rares artistes irlandaises à avoir fait le voyage jusque dans le Morbihan.

Cette année sont parus deux albums, The Reckoning, qui propose une musique évolutive et électrique, et Live at De Barras qui est lui plus traditionnel et acoustique. C’est la configuration du second de ses enregistrements que l’accordéoniste à proposé à Lorient.

En formule trio, Sharon était placé au milieu de la scène avec ses deux guitaristes, Jim MURRAY et Jack MAHER à ses côtés.

Les morceaux étaient courts, directs, bien enlevés et au rythme souvent soutenu. Si l’ensemble était majoritairement instrumental, certains titres étaient néanmoins chantés par Jack qui en était d’ailleurs parfois l’auteur. C’était le cas de la chanson Smile écrite en hommage à Amy WINEHOUSE

Moondance démarrait lentement puis le rythme s’accélérait. Sharon pouvait occasionnellement troquer son concertina pour une flûte comme sur Rathlin Island. Lors du rappel, c’est d’un incontournable de la musique irlandaise que le trio a gratifié les spectateurs, The Galway Girl.

Sharon s’entretenait volontiers avec le public (en anglais) en ne manquant pas, quelquefois avec beaucoup d’insistance, de promouvoir ses CD. Mais le plaisir d’avoir été présente se constatait et elle n’a pas manqué de remercier chaleureusement le FIL de l’avoir invitée

Site : http://sharonshannon.com
CD : The Reckoning – Live at De Barras

Calum STEWART

Le même soir que Sharon SHANNON, Michael MCGOLDRICK et son groupe devaient initialement se produire en deuxième partie de soirée. La situation sanitaire a compromis la venue des musiciens écossais et une solution de remplacement a dû être trouvée.

C’est finalement à Calum STEWART qu’est revenue la lourde tâche de représenter l’Écosse lors de cette soirée.

Bien qu’écossais, Calum a l’avantage de vivre en Bretagne, ce qui facilitait grandement la situation.

Le musicien est un virtuose de la cornemuse irlandaise, l’uilleann pipe, et à ce titre, il a eu l’occasion de collaborer avec de nombreux groupes et musiciens, Heikki BOURGAULT, Lauren MCCOLL, Gilles SERVAT, MANRAN ou encore MABON.

Il tourne également sous son nom et c’est le répertoire de son dernier CD, Tales from the North, qui contient comme son titre l’indique des traditionnels du nord de l’Écosse mais aussi des compositions, qu’il venait présenter.

Calum était entouré de Sylvain QUERE (bouzouki), Yann LE BOZEC (contrebasse), Ronan PELLEN (cistre), et accompagné par moments des danseurs de claquettes Mathilde RIO et Woody SCHIETTECATTE.

Calum maniait parfaitement son instrument et les musiciens qui l’accompagnaient n’étaient pas là pour se contenter de jouer un rôle de simple faire-valoir. Il y avait une véritable osmose et l’ensemble proposait une musique conviviale.

Sur The Bell Of Ardclach, Calum délaissait la cornemuse pour la flûte alors que pour Randolph’s Leap, c’est son compatriote Ross AINSLIE, venu en invité, qui assurait à la flûte.

Am Fear Liath Mor nous contait en musique la légende du Yéti écossais. Le titre a démarré sans Calum STEWART puis ce dernier a rejoint ses compères. Toujours sur la thématique du nord de l’Écosse, le bien nommé The Old Road North était pas contre issu de l’album Wooden Flute & Fiddle enregistré avec Lauren MACCOLL

Les musiciens ont également tenu à rendre un hommage à Frank LE BLOAZ, bouzoukiste du groupe STORVAN, décédé peu avant le FIL.

Le concert s’est terminé par une scottish composée en l’honneur des Bretons qui l’ont chaleureusement accueilli. Calum espérait pouvoir retourner en Écosse à l’issue de ce concert après un an et demi sans avoir pu y aller.

Site : https://www.calum-stewart.com
CD : Tales from the North

Alan STIVELL

Tout comme Gilles SERVAT, Alan STIVELL faisait partie des têtes d’affiche de la première édition du FIL en 1971. Le mémorable concert de l’Olympia n’avait pas encore eu lieu (il se déroulera six mois plus tard) mais déjà les prémices de ce qu’on allait appeler la vague bretonne se faisaient sentir.

Un demi-siècle plus tard, il était somme toute logique que le célèbre barde soit à nouveau convié. Alan venait présenter en avant-première le spectacle de sa nouvelle tournée Lid (Célébration).

Le concert était visiblement très attendu puisque le chapiteau de l’Espace Marine affichait complet. Le public s’est d’ailleurs levé pour acclamer l’artiste dès son entrée en scène.

Alan, aux chant, harpe, flûte et bombarde était solidement accompagné (claviers, guitares acoustiques et électriques, basse, machines, violon, batterie, cornemuses et bombardes, chœurs).

C’est par un retour à l’album Live à Dublin de 1975 que le concert a débuté avec une interprétation de Spered Hollvedel, en version chantée, suivi de Délivrance dont le texte indépendantiste, récité, faisait toujours mouche plus de quatre décennies après sa création, qui plus est soutenu par une assise très rock.

Plus acoustique, Cease Fire ne manquait pas pour autant d’énergie. Ensuite, Brian Boru était une combinaison entre la version de l’album éponyme et celle de Back to Breizh. Le chant An Alarc’h plutôt martial semblait faire écho à Délivrance.

Après une première partie intense, les musiciens ont alors quitté la scène. Alan était seul à la harpe pour Eiblihn. Puis, A-hed an Nos, un chant gallois, a été interprété en gallois, anglais et breton. Beaucoup de délégations n’ayant pas pu venir au FIL cette année, Alan expliquait qu’il se faisait ainsi le représentant de ces délégations.

Sur Ys, quelques musiciens de l’Orchestre National de Bretagne ont rejoint le barde puis avec l’orchestre au complet, Alan a présenté un premier extrait de la Symphonie Celtique, Loc’h ar Goulen.

Tous les musiciens sont alors revenus pour une troisième partie qui s’annonçait explosive. Cela ne s’est pas démenti avec un Son ar Chistr aux sonorités métalliques, suivi d’une interprétation de Brezhoneg Raok et de Pop Plinn époustouflantes. Les spectateurs, parfois très jeunes, communiaient avec les musiciens et certains dansaient dans les allées.

Le deuxième extrait de la Symphonie Celtique, Gouel Hollvedell, oscillait entre rock, voire hard rock, et musique symphonique. Alan travaille sur une nouvelle version de cette pièce maitresse de son œuvre.

Kimiad a été interprété dans la même veine tout comme Tri Martolod qui, après avoir été repris à toutes les sauces depuis cinq décennies, méritait bien une version symphonique.

Le public était debout et Alan l’a invité à rester ainsi pour écouter l’hymne national breton, Bro Gozh ma Zadoù. L’intro était très rock et le final à cordes. Le public reprenait volontiers le refrain.

Les spectateurs sont restés de longues minutes à ovationner les artistes, réclamant un rappel.

Celui-ci est arrivé avec à nouveau Spered Hollvedel et Délivrance puis Tri Martolod. Alan a précisé non sans humour qu’il l’a joué plus d’un million de fois, il pouvait donc bien le refaire.

Au bout de deux heures et demie d’un spectacle magnifique, Alan STIVELL a démontré qu’en dépit des années qui passaient, il demeurait indémodable.

Site : https://www.alanstivell.bzh
CD : Human-Kelt

Dan AR BRAZ

Hasard ou clin d’œil de la programmation, le lendemain du concert d’Alan STIVELL, c’est son ancien compagnon de route des années 1970, Dan AR BRAZ qui était invité à se produire.

On ne peut évidemment pas réduire la carrière du guitariste à cette seule période. Il y a bien sur eu l’inoubliable aventure de L’HÉRITAGE DES CELTES durant les années 1990 mais il ne faut pas oublier que Dan a également faire paraître sous son nom des albums moins »typés » celtiques dans lesquels il laissait sa guitare s’exprimer.

Eu égard à sa participation au rayonnement de la musique bretonne, la présence de Dan AR BRAZ pour le cinquantième anniversaire du FIL semblait là-aussi une évidence.

Dès les premières notes de guitares, on reconnaît non seulement le style Dan AR BRAZ, car le musicien fait partie de ces artistes immédiatement identifiables, et surtout on devine l’intro légendaire de Pop Plinn soutenue par les bombardes du Bagad de Lorient.

Dan était accompagné d’un solide groupe (guitare, basse, claviers, batterie et violon).

Le concert se présentait comme la suite directe du dernier album en date, Dan ar Dañs paru début 2020. Plusieurs titres extraits de cet album qui, comme l’indique son nom, est dédié à la danse, ont été interprétés durant la soirée. Menez du avec le soutien de son complice David ER PORH à la guitare électrique était dédié à un autre éminent guitariste, Jacques PELLEN. Dans Fisel avec Yuna LEON au violon, Ton bale bro pourlet ou un Bal ha dans plinn très rock avec le Bagad de Lorient en soutien nous remémorait la période STIVELL des années 1970.

Mais Dan a su piocher dans son propre répertoire qui est également très riche. On a ainsi pu réentendre Allez dire à la Ville, adaptation d’un poème de Xavier GRALL ou le classique Orgie nocturne dans des versions là-encore très rock.

Belong et Celebration ont bénéficié de renfort de Morwenn LE NORMAND au chant tandis que sur La Fin de la Terre, c’est Clarisse LAVANANT qui assurait les vocaux.

Toutes deux se sont retrouvées ensuite sur Bro yaouank hon Bugale et sur une magnifique et émouvante version de Diwanit Bugale, la fameuse chanson qui avait représentée la France lors du Concours Eurovision de la chanson en 2006.

Dan est du reste longuement revenu sur cet évènement particulier. Le guitariste passait d’ailleurs beaucoup de temps à évoquer des souvenirs et à s’entretenir avec le public.

Il s’est également livré à une démonstration de blues à la guitare citant Eric CLAPTON, Jimi HENDRIX, John MAYALL ou Rory GALLAGHER et montrant, s’il en était encore besoin, qu’il est un remarquable guitariste.

La glorieuse période de L’HÉRITAGE DES CELTES n’a bien sur pas été oubliée et les »hymnes »  de cette glorieuse épopée ont été célébrés. On a ainsi pu réentendre Left in Peace chanté cette fois par Dan lui-même, Call to the Dance, Evit ar Barz et l’incontournable Borders of Salt.

Évidemment, c’est avec Green Lands, entonné par le public, avec deux intervenants de dernière minute, Lisardo LOMBARDIA aux chœurs et Carlos NÚÑEZ, fraichement arrivé sur Lorient, à la flûte que le concert a pris fin.

Site : http://www.danarbraz.com
CD : Dan ar Dañs

Youn KAMM

Parmi toutes les têtes d’affiche programmées à l’Espace Marine, le FIL propose aussi des artistes certes moins médiatisés et moins connus d’un large public mais tout aussi talentueux. C’est le cas de Youn KAMM, Il s’agissait là d’un double défi pour le sonneur de trompette car d’une part le concert survenait au lendemain de celui de Dan AR BRAZ et à la veille de celui de Carlos NÚÑEZ, et d’autre part, Youn se produisait à domicile.

En 2016 déjà, le musicien s’était produit sur cette même scène pour présenter son précédent projet avec le BAGAD DU BOUT DU MONDE. Cette année, le sonneur venait présenter son nouveau projet baptisé TREi[Z]H.

Il était pour cela accompagné de Jeff ALLUIN (claviers), Benoit GUILLEMOT (batterie, machines), Stéphane KERIHUEL (guitare électrique) et Étienne CALLAC (basse).

Pour ce nouveau spectacle, aucun sonneur de cornemuses ou de bombardes n’était présent. Un ensemble de cuivres, le Brass Band Lorient Bretagne Sud prenait place aux côtés du maître de cérémonie et de son groupe.

TREi[Z]H signifie « passage » en breton. C’est effectivement ce à quoi Youn conviait le public, un passage entre imaginaire et réalité, entre différents styles allant d’une ambiance très rock à une atmosphère plus planante.

Youn jouait uniquement de la trompette et interprétait en breton vannetais les titres chantés. Il faisait aussi parfois appel à des invités tels qu’Elsa CORRE ou encore KRISMENN pour un mélange rock-rap saisissant. Ces chansons étaient composées, issues du répertoire traditionnel ou inspirées de poèmes de Youenn GWERNIG.

On retrouvait Elsa sur Ar Biniou, une chanson des SŒURS GOADEC quelque peu grivoise avec seulement le Brass Band. Kalon Skorn, un titre issu du précédent album, bénéficiait de la présence de Morwenn LE NORMAND et du Brass Band cette fois au complet pour une magnifique version qui aurait donné la chair de poule à toutes les personnes réfractaires aux cuivres.

Avant Ur bed Arall, Youn a évoqué la loi MOLAC en faveur des langues régionales, espérant, comme le dit le titre, un autre monde.

An Teir Seilhant, a capella avec Morwenn, était dédié au musicien Josik ALLOT, décédé en 2020, et à Jean-Pierre PICHARD.

Outre l’aspect purement musical, le spectacle bénéficiait en plus d’un univers pictural avec des projections de dessins de la graphiste Gaëlle FLAO qui accentuait l’atmosphère dispensée par la musique

L’entreprise n’était ni facile, ni évidente pour Youn KAMM et ses musiciens car ce répertoire n’avait pas encore été présenté sur disque. Il n’en demeurait pas moins que le spectacle original et audacieux a tenu haut la barre et enthousiasmé les spectateurs présents.

Site : https://www.facebook.com/younkammmuzik
CD : TREi[Z]H

Carlos NÚÑEZ

Pour son concert de clôture, le Festival Interceltique a fait appel à l’un de ses plus fervents ambassadeurs, le galicien Carlos NÚÑEZ.

Il est vrai que les liens entre le FIL et Carlos sont très forts. Tous deux sont nés la même année, en 1971 à quelques jours d’intervalle. La première venue du musicien à Lorient remonte à 1984 et depuis Carlos s’y est produit à de nombreuses reprises que ce soit pour des concours, comme invité ou en tant que tête d’affiche. Sa dernière apparition remontait d’ailleurs à 2019 alors que son pays était à l’honneur.

Un concert de Carlos NÚÑEZ est souvent une expérience quelque peu décousue et un brin foutraque, partant dans tous les sens, tout en restant malgré tout très professionnelle, car la machine est parfaitement huilée, sans pour autant mettre l’émotion de côté.

Et ce concert n’a pas dérogé à cette règle.

C’est avec des Reels énergiques que Carlos a fait son entrée sur scène devant un public qui n’attendait que cela pour se lâcher. Il était accompagné de ses indéfectibles complices, son frère Xurxo (batterie, percussions) Pancho ALVAREZ (guitare, bouzouki), le canadien Jon PILATZKE (violon, claquettes), l’accordéoniste basque Itsaso ELIZAGOIEN et la violoniste irlandaise Tara GREEN.

Après cette entrée en matière tonitruante, s’en est suivi un moment plus solennel. Carlos a tenu à rendre un vibrant hommage à Jean-Pierre PICHARD en diffusant d’abord un message poignant d’Alan STIVELL et ensuite en musique pour un très beau duo dans lequel la flûte communiait avec la harpe de Bleuenn LE FRIEC, une musicienne bretonne vivant en Galice.

Puis le concert a repris un cours plus classique avec Tro Breizh. Sur Camino de Santiago, la violoniste et l’accordéoniste ont quitté la scène pour déambuler parmi les spectateurs.

Carlos est l’un des messagers de l’Interceltisme à travers le monde mais il n’oublie jamais de parler de la Bretagne et de Lorient et de la place qu’elles occupent au cœur de cette notion. Une fois de plus, il a tenu à rappeler que le centre du monde celte se trouvait à Lorient. Il a en outre vanté les mérites des bagadou et de leur travail dans la transmission de la musique traditionnelle.

Le sonneur de gaïta a ainsi convié Yoann AN NEDELEG à la cornemuse irlandaise et Enora MAURICE pour une très belle et poignante interprétation de The Three Pipers, suivie de Maro eo ma Mestrez jouée par Yoann en solo.

Carlos travaille actuellement, en collaboration avec l’Orchestre National de Bretagne, sur un spectacle dédié aux chansons celtes imaginées par Ludwig VAN BEETHOVEN.

Les musiciens se sont alors livrés à des variations autour de thèmes celtiques écrits par le célèbre compositeur allemand. Jon PILATZKE a donné de la voix le temps d’une chanson pour interpréter une étonnante version de Baba O’Riley de THE WHO.

Enfin, les incontournables n’ont pas été oubliés, A Costa de Galicia, Pasacorredoiras et Marcha do Entrelazado de Allariz pour lequel Enora MAURICE, le penn-sonneur du Bagad Cap Caval Tangi SICARD et le tout jeune Yann-Tudi RUAUD intervenaient à la cornemuse aux côté de Carlos.

Comme en 2019, le final a été étourdissant et se rapprochait de L’HÉRITAGE DES CELTES avec le concours du Bagad de Lann-Bihoué. Ce fut tout d’abord un inéluctable Saint Patrick Andro survolté pour lequel tous les participants se sont retrouvés devant un public debout et déchaîné, suivi de deux titres issus de la glorieuse épopée de Dan AR BRAZ, Green Lands et Aire de Pontevedra.

Carlos NÚÑEZ a une fois de plus démontré qu’il avait le sens du spectacle et même si le concert était parfois désordonné, il a fait un bien fou après des mois de privation.

Site : http://www.carlos-nunez.com
CD : Inter-Celtic

DJIBOU

Alors qu’en 2020, le Festival Interceltique devait célébrer sa cinquantième édition, un autre monument lorientais devait lui commémorer ses cinquante ans, le célèbre groupe de chants de marins DJIBOUDJEP.

Né en 1970, DJIBOUDJEP a été une des premières formations à populariser le genre du chant de marins et à l’amarrer à la renaissance de la musique bretonne.

Il était un des maillons indéboulonnables du Festival Interceltique depuis la création de la manifestation avec quarante-neuf participations, le plus souvent en clôture et régulièrement jusque tard dans la nuit.

Fin avril 2020, le report du FIL était annoncé et le 5 juin, on apprenait avec stupéfaction le décès du meneur emblématique du groupe à la voix grave et puissante, Mikaël YAOUANK.

Cela aurait pu signifier la fin pure et simple de DJIBOUDJEP. Mais il aurait semblé regrettable que rien ne soit fait pour rendre hommage à Mikaël et au groupe tant ils étaient unis au FIL par un lien indéfectible.

Aussi, poussés par une envie de poursuivre l’aventure, les deux derniers compagnons de routes de Mikaël, son neveu Guillaume YAOUANK (chant, guitare) et Nicolas LE RALLIC (chant, guitare, flûte), rejoints par deux anciens membres du groupe Pierrick LEMOU (violon) et Etienne GRANDJEAN (accordéon) ont décidé de célébrer les cinquante ans de la formation comme prévu pour la clôture du cinquantième FIL et dans le même temps de rendre hommage à Mikaël YAOUANK.

DJIBOUDJEP étant par contre tellement associé à son pilote que les quatre chanteurs et musiciens ont choisi de se produire sous le nom de DJIBOU.

Le quatuor n’avait plus eu qu’à se pencher sur un vaste héritage entre des chants traditionnels et des compositions de Mikaël ou de son alter-ego des débuts du groupe, Michel TONNERRE.

On a ainsi pu redécouvrir bon nombre de classiques Away Haul Away, Quinze Marins, John Kanak, Leaving of Liverpool, Hardi les Gars, Jean-François de Nantes et bien sur A Lorient la Jolie ou encore Mon p’tit Garçon dans une version longue.

Parfois les musiciens s’arrêtaient de jouer et même de chanter laissant le public reprendre à cappella les refrains ou les couplets qu’il connaissait par cœur.

C’est d’ailleurs ce même public qui reprendra seul Petit Papa Noël comme un ultime clin d’œil à Mikaël, qui interprétait cette chanson de manière si iconoclaste en plein mois d’août.

L’avenir nous dira si DJIBOU n‘aura été qu’une formation éphémère ou si l’entreprise se pérennisera. Le concert lorientais penchait en tout cas pour la seconde de ces propositions.

CD DJIBOUDJEP : 37e escale

Article : Didier Le Goff – Photos concerts : captures vidéos (Web-TV du Festival)
Photos conférences de presse : Sylvie Hamon – Photo pancarte Lorient : Didier Le Goff

THOM EO !

L’après-midi du samedi 7 août, sur la Scène Bretagne, le quintette THOM EO ! a eu la délicate mission d’ouvrir le bal avec sa musique bretonne à danser électrique, énergique et swinguante. La formation, créée en 2018, comprend Thomas BOCHER à la flûte traversière en bois et au saxophone,  Thierry DECLOUX à la guitare basse, Franck FAGON au saxophone et à la clarinette, Yvon MOLARD aux percussions, et, depuis 2019, Sébastien CARNEY aux guitares.

Le set de THOM EO ! a proposé un rond de Saint-Vincent, une gavotte du pays Pourlet, une ridée 5 temps, une bourrée, un an dro, une danse fisel (mais pas de suite entière pour causer de durée horaire un peu serrée) et une polka, le tout avec des arrangements innovants mitonnés par ces musiciens bien chevronnés.

Officiellement les groupes programmés n’étaient pas censés faire de la musique de fest-noz mais de la musique de concert. Mais comme l’a rappelé un musicien du groupe, puisque les autorités ont autorisé les discothèques à rouvrir pour faire danser en espace clos, pourquoi y aurait-il plus de risques à faire danser les gens en plein air ?

Il était encore tôt dans la journée, mais une partie du public (encore timide) s’est lancée sur la piste en se serrant les coudes… ou les doigts ! Ouf !

Site : https://www.franckfagon.com/?page_id=1284

NODET

Autre groupe de musique à danser fraîchement débarqué sur la scène de musique bretonne (c’était son deuxième concert depuis sa création), NODET peut compter sur la puissance et l’énergie vocales revigorantes de ses deux chanteurs, Éric MENNETEAU et Youenn LANGE, appuyés par Heikki BOURGAULT (guitare) et Erwan TOBIE (accordéon), les deux musiciens qui accompagnaient feu Yann Fañch KEMENER dans ses dernières apparitions scéniques.

NODET avait annoncé dès le début de sa performance qu’il n’était pas question de laisser un espace vide devant la scène. Les danseurs ont bien compris le message et se sont exécutés ! Quoi de plus normal pour un groupe dont le patronyme, provenant du breton argotique et familier de Centre-Bretagne (« Nodet… gant an dañs » : frappé, saisi, engourdi… par la danse), illustre sa volonté de mettre à l’honneur le répertoire à danser de Basse et Haute Bretagne.

Donnant une nouvelle couleur à l’association voix/instrument dans la musique bretonne, NODET a débuté sa performance avec un chant dont la mélodie reprenait celle de Parrez Lok-Malo sur l’album An Den Kozh Dall de BARZAZ (et interprété par… Yann Fañch KEMENER, bien sûr !) puis il a joué plusieurs thèmes de danses, notamment un hanter-dro, une suite fisel et un an dro qui figurent sur son EP numérique (disponible sur le site d’Erwan TOBIE), ainsi qu’un laridé. Saisissant est en réalité NODET, aussi on lui souhaite de continuer sa route à travers les salles et les festoù-noz de Bretagne et d’ailleurs…

Site : https://www.erwanntobie.com/nodet
EP à télécharger sur le site.

VELVET APÉRO KLEUB

OK, ce n’était pas exactement l’heure de l’apéro quand le VELVET APÉRO KLEUB a pris possession de la Scène Bretagne le samedi 8 août, mais il suffisait d’écouter Lors LANDAT débiter ses vannes politiquement incorrectes à tout bout de champ pour s’en convaincre !

Et la présence de deux Erwan VOLANT dans le groupe pouvait donner l’impression que le VELVET APÉRO KLEUB était voué à nous faire voir (et entendre) double, même en restant à jeun !

Groupe à vocation interactive (le public pouvait en effet participer s’il avait téléchargé et appris par cœur les paroles des chansons qui étaient disponibles sur le site web du FIL), le VELVET APÉRO KLEUB a repris des standards de la musique celtique comme Tri Martolod (« moins cher que l’original » a ironisé Lors LANDAT en faisant allusion au concert de celui qui a popularisé ce thème), Pardon Spezet, The Wild Rover, Dirty Old Town, Waltzing Matilda (hymne national australien officieux, écrit par Banjo PATERSON en 1895), Mon Petit Garçon (écrit par Michel TONNERRE pour DJIBOUDJEP) et un intrus, le fameux chant révolutionnaire italien Bella Ciao, interprété alors que, juste derrière les barrières de l’enceinte de la Scène Bretagne, une manifestation anti-passe sanitaire battait son plein !

Le tout a été revisité dans une formule rock-jazz-funk-groove-blues-piano-bar diablement efficace, porté par la voix rugueuse et électrisante de Lors LANDAT.

La chanteuse asturienne Clara Diez MÁRQUEZ (MUGA) est venue ajouter son impressionnant grain de voix sur un trad’ galicien (O Carolina), et le directeur artistique du festival, Lisardo LOMBARDIA, les a rejoints sur scène pour entonner un chant révolutionnaire asturien, Santa Barbara Bendita, qui a été souvent entonné lors de la guerre civile espagnole et aussi lors du soulèvement des mineurs asturiens de 1934.

Le VELVET APERO KLEUB a remis le couvert (enfin, surtout les verres !) le samedi suivant 14 août avec une set-list un peu modifiée, comprenant des « tubes » bretons comme le Bro Gozh Ma Zadoù, Les Filles De Lorient (tant qu’à faire puisqu’on était sur place !) et un Tout en buvant (connu aussi sous le titre La Casquette) de circonstance. Décidément, le VELVET APERO KLEUB connaît l’art de pimenter les « happy hours » !

Télécharger les paroles du répertoire sur ce lien.

HAMON-MARTIN QUINTET

À l’origine, le concert du HAMON-MARTIN QUINTET avait été annoncé dans le programme du festival comme étant axé sur le répertoire de son dernier album en date, Clameurs. Sauf que la pandémie a un tant soi peu bousculé les projets à force de s’installer dans la durée. Par conséquent, le groupe a préféré sacrifier la « promotion » de ses Clameurs engagées et proposer un autre répertoire en forme de révision générale, d’autant plus que danser était permis.

Car si le FIL fêtait en 2021 ses 50 ans d’existence (en fait 51, mais puisque la pandémie est passée par là…), le HAMON-MARTIN QUARTET célébrait pour sa part ses 20 ans de parcours. Voilà bien une conjonction événementielle de taille ! Pour autant, le HAMON-MARTIN QUINTET n’a pas bénéficié de passe-droit dans cette édition du FIL : lui qui avait concocté pour sa tournée-anniversaire un répertoire couvrant plus de deux heures de concert, il n’a disposé que de cinquante minutes pour jouer sur la Scène Bretagne (il y avait une horloge bien placée sur un côté du devant de la scène !), sous un soleil qui, en cette fin d’après-midi, devenait envahissant autant pour le public que pour les artistes, qui le recevaient en plein dans la poire ! 

Piochant dans (presque) tous ses albums pour concocter un improbable « best of », le HAMON-MARTIN QUINTET a remis en valeur quelques-unes de ses pages musicales qui n’avaient pour la plupart pas été jouées depuis longtemps (même sans tenir compte du hiatus pandémique). Nous avons ainsi eu droit à trois morceaux tirés de l’album Allune (la marche À Dix Carreau, le »tour » La Fille du Grand Monde, et la reprise de Vals An Anaon et Valse de Bardamu, composée par Louis SCLAVIS et François RAULIN) ; à deux compositions de Sylvain GIRAULT enregistrées pour le quatrième album Du Silence et du temps (la mazurka Le Chanteur à la voix d’or et le chant engagé Notre-Dame des oiseaux de fer) ; à un morceau tiré de L’Habit de plumes (la ridée six temps La Fontaine des amants) et au Rond de Saint-Vincent La Nousille, morceau provenant du troisième album, Les Métamorphoses, et joué régulièrement en fest-noz. L’album Kharoub a été pour sa part représenté par le Rêve du Diable (mais sans les frères Basel et Yousef ZAYED), et Clameurs a tout de même été visité avec Cerises d’amour.

Bien que rogné en entournures (le timing serré ne nous a pas permis d’entendre des extraits de l’album Les Vies que l’on mène), le set du HAMON-MARTIN QUINTET a évidemment séduit le public qui n’a pas manqué de se lancer dans la danse, comme on pouvait s’y attendre. L’anniversaire du groupe  a donc été dûment fêté. On n’est peut-être pas sérieux quand on a dix-sept ans, mais quand on atteint vingt ans, on se dit qu’on n’a pas fini de faire « la révolution en chantant ». Car comme l’a rappelé Mathieu HAMON lors du passage aux portes du festival de la manifestation anti-pass sanitaire, « toutes les luttes sont importantes ! ».    

Site : http://alazim-muzik.com
CD : Clameurs

YA !

Dimanche 9 août, le programme de la Scène Bretagne a commencé à l’heure de la digestion du déjeuner avec deux duos de musique à danser.  Le premier à s’y coller fut YA !, constitué de Yann CARIOU à la flûte traversière en bois et d’Alain LÉON à la guitare acoustique.

Le premier est un ancien « pen-sonneur » du Bagad KONK KERNE, a joué dans les groupes SPOUM et KURUN, a collaboré avec le groupe GLAZ (album Holen Ar Bed / Le Sel de la Terre) ainsi qu’avec l’HÉRITAGE DES CELTES sur scène (album En concert). Le second a fondé le groupe KOUN, fut à l’origine du groupe OKTOPUS KAFÉ, et a accompagné les voix de Sofi LE HUNSEC, Louise EBREL et Ifig FLATRÈS.

Dynamique et subtil, séduisant et enjoué, ce duo donnait à Lorient son tout premier concert, bien que les deux musiciens se connaissent depuis longtemps. Créé en 2019, il n’avait en effet pas eu l’occasion jusqu’ici de se produire en fest-noz pour les raisons que l’on sait. Pour son baptême du feu, YA !, marchant sur les pas du duo VEILLON/RIOU, n’a eu aucune difficulté à faire se lever les danseurs avec un joli choix de danses : hanter dro, gavotte, suite de tours, ridée 6 temps, plinn, valse et danse du pays Pourlet. Souhaitons à ce duo d’avoir d’autres opportunités de jouer son répertoire sur scène.

Site : https://www.facebook.com/yamusik

LE BOUR / BODROS

Avec LE BOUR / BODROS, on a affaire à une association de longue date, puisque le duo (Timothée LE BOUR au saxophones et Youen BODROS à l’accordéon diatonique) a été créé en 2006 et a déjà écumé nombre de scènes nationales et internationales. Il a réalisé son premier disque autoproduit en 2011 (Deus pelec’h e teu an avel, avec plusieurs invités), et son dernier remonte à 2016 (Chadenn, chez Paker Prod, en quartet avec Rozenn TALEC au chant et Gaétan SAMSON aux percussions). Il y a eu également une version LE BOUR BODROS en QUINTET, avec Erwan MENGUY (flûte traversière en bois), Erwan MOAL (guitares acoustique et électrique), Erwan VOLANT (basse électrique et basse fretless) et Boubacar « Bari » SOULEYMANE (calebasses) en invité sur l’album paru en 2014.

Issus de la musique traditionnelle bretonne, Timothée LE BOUR et Youen BODROS se sont intéressés à d’autres styles de musiques au sein de diverses formations, ce qui leur a permis d’élaborer un répertoire plus complexe dans lequel on décèle des influences venant du jazz, de musiques d’Europe centrale ou de musiques orientales.

La formule saxophones et accordéon diatonique est donc ici poussée très loin, générant des suites musicales à danser pleines de rebondissements, les deux instruments se livrant à des entrelacements envoûtants. De fait, le répertoire de LE BOUR / BODROS peut capter l’attention d’un public debout comme d’un public assis. C’est indéniablement une belle réussite !

Notons également que Youen BODROS a profité de cette performance au FIL pour attirer l’attention sur la situation critique des écoles Diwan, avec un discours que nous reproduisons ici :

« Aujourd’hui, la langue bretonne se trouve à un tournant de son histoire. Le conseil constitutionnel a déclaré inconstitutionnel l’enseignement par immersion qui est pourtant la seule méthode pédagogique à avoir fait ses preuves en matière de réelle transmission d’une langue.

« Désormais, certaines mairies s’appuient sur cette prétendue inconstitutionnalité pour refuser de soutenir financièrement la scolarisation des enfants dans les écoles Diwan, comme la loi les y oblige. La menace pèse sur la contractualisation avec l’éducation nationale des nouvelles écoles, ce qui oblige les écoles laïques et gratuites Diwan à financer elles-mêmes les salaires des enseignants et enseignants concernés. Le conseil constitutionnel refuse de voir accepter le « ñ tilde » par l’état civil. Depuis 44 ans, des milliers de personnes s’activent à faire vivre la langue et la culture bretonne avec le soutien d’une poignée de politiques et l’attentisme voire l’hostilité de nombreux autres. Quoi qu’il arrive, Diwan continuera.

« Mais pour l’heure nous demandons à nos élus élus politiques : et maintenant, vous faites quoi? Et si vous ne savez pas quoi faire, chers élus, voici quelques suggestions : engagez-vous pour la révision de la constitution, engagez-vous à verser et à faire verser les forfaits scolaires à toutes les écoles Diwan de Bretagne, engagez-vous pour le droit de donner un prénom breton à son enfant, engagez-vous pour que la compétence de l’éducation bilingue et immersive soit exercée au niveau de la Bretagne ; enfin, engagez-vous pour la co-officialité de la langue bretonne. »

CD : Chadenn

PEVARLAMM

Créé par le « piper » Konogan AN HABASK en 2012 suite à son premier album solo qui avait justement pour titre D’ar Pevarlamm, le groupe PEVARLAMM effectuait là un retour sinon attendu au moins mérité, son album Deltu remontant à 2015. Et c’est peu dire que sa performance, en ce premier dimanche de festival, a compté parmi les plus impressionnantes !

Pratiquant une musique bretonne évolutive, PEVARLAMM s’appuie sur les quatre instruments de prédilection de son créateur (bombarde, biniou, uilleann-pipes & low whistles), puise aussi dans d’autres cultures celtiques (irlandaise, mais aussi galicienne, avec le chant très stylé d’Elsa CORRE) et relie les répertoires pour générer des compositions denses et ambitieuses dopées au son et à l’énergie rock n’roll et bénéficiant d’arrangements riches et originaux.

La formation du groupe ne compte du reste que des pointures ouvertes aux expériences musicales audacieuses, que ce soit Konogan AN HABASK aux ueillean pipes, biniou, bombarde et tin whistle, Elsa CORRE au chant (elle chante en breton, en asturien et en galicien ; excusez du peu !), Thibault NIOBÉ à la guitare électrique, Gabriel FAURE au violon et à la mandole, Jérôme KERIHUEL à la batterie (vu la veille avec le VELVET APÉRO KLEUB) et Erwan VOLANT à la basse (c’est la troisième fois qu’on le voyait en deux jours, c’est à se demander s’il n’a pas été cloné !).

Le set de PEVARLAMM était évidemment surtout axé sur son second album, Deltu, dont plusieurs pièces ont été interprétées dans des versions plus rock : l’instrumental Da Heul Iwan, une marche revisitée de Haute Cornouaille, et des morceaux chantés par Elsa CORRE : la suite de chants traditionnels Canto de Anxeriz (en galicien), El Amudar de Trabao (en asturien), Manao de Anxeriz (en galicien), ainsi que Hor Bro (« Notre Pays », un morceau qui parle de la Bretagne et de la langue bretonne, dédiée aux écoles Diwan) qui fut le dernier morceau du concert. Un morceau premier album de Konogan AN HABASK a également été joué, Dibunadec, ainsi que deux nouveautés : Le Sonneur de binioù et Dianken, une pièce évoquant la beauté de la nature issue de la création Entan, qui fut jouée au Novomax de Quimper en novembre 2019, et dont on espère bientôt un album.

Encore trop peu connu hors du landerneau des musiques bretonnes, PEVARLAMM pourrait cependant plaire à un public bien plus large aux oreilles un tant soi peu affûtées et curieuses des mélanges de genres à la fois très enracinés et indubitablement défricheurs.

PEVARLAMM est de retour, et ça ne se rate pas !

Site : https://www.facebook.com/pevarlamm/
CD : Deltu

TRIAD Nolwenn KORBELL

Ce dimanche sur la Scène Bretagne du FIL 2021, entre ce qui a été programmé en début d’après-midi et en fin d’après-midi, on pouvait se demander si on était encore au même endroit, tant le « triad » (trio) de Nolwenn KORBELL nous a téléportés dans une autre dimension des musiques de Bretagne, une dimension qui ne fait pas de concession « folkloriste », ni « celtisante », pas davantage « interceltisante », mais qui est imprégnée d’une indéniable « bretonnité ».

Auteure-compositrice-interprète et comédienne, Nolwenn KORBELL s’est fait une place à part depuis plus de vingt ans sur la scène bretonne, mais son parcours artistique continue d’échapper aux étiquettes trop simples, car en constante recherche d’une modernité artistique ancrée dans la tradition.

Depuis son premier album solo en 2003, N’Eo ket echu, jusqu’à son dernier album avec son « band », Avel Azul (2018), Nolwenn KORBELL a fait montre de sa capacité et de son talent à exploiter un registre vocal très étendu, du murmure au cri, et toutes les nuances possibles entre ces deux extrêmes, et à explorer divers genres musicaux avec une instrumentation inhabituelle et des musiciens pluri-dimensionnels (la pianiste Frédérique Lory, Didier DREO – ex-KERN – et sa « guitare-sitar », le guitariste Soïg SIBIRIL, le percussionniste Antonin VOLSON, la violoniste Floriane LE POTTIER, le guitariste Frank DARCEL du groupe MARQUIS DE SADE…). Et ce n’est pas avec son nouveau trio qu’elle risque de sombrer dans le « pré-mâché ».

Interprétant toujours des textes – les siens comme ceux d’Anjela DUVAL (Piv ?) ou de Xavier GRALL – interrogeant la marche du monde et des hommes, scrutant et auscultant les épreuves de vie auxquelles est confrontée l’âme humaine, Nolwenn KORBELL possède une voix et une présence scénique irrémédiablement magnétiques. Elle fait et donne corps à des histoires où il est question de « tous ces gens qui traversent des pays, des mers… quel sonneur est-ce qu’ils suivent », de ceux « qui croient qu’ils sont plus égaux que les autres », de promenade « au bord de la mer pour oublier le goût de l’eau », ou plus singulièrement de l’Arc de Cupidon, et achevant son set avec une chanson sur le Kintsugi, ou l’art de « faire quelque chose de beau de ses blessures »…

Pour ce concert, Nolwenn KORBELL avait renforcé son pouvoir hypnotique en s’entourant de deux guitaristes électriques, Hélène BRUNET et Stéphane KERIHUEL, qui se partageaient les rôles (harmonique, basse…) et qui engendraient des textures atmosphériques avec un bel arsenal de pédales d’effets.

La musique était à l’image des textes : écorchée, heurtée, hargneuse, bilieuse, rêveuse, caressante… Le »mur sonique » des guitares associé à l’élan impérial de la voix de Nolwenn ont décliné un spectre émotionnel ample, livré sans fard, cru et nu, exprimant l’intime au sein d’un vertige poétique qui ne fait pas de prisonniers et qu’on se prend en pleine poire.

C’était l’expérience ultime, intense et scarifiante. Et ça faisait du bien. On attend un enregistrement de ce « triad » avec fébrilité…

Site : http://bigbravospectacles.com/artistes/nolwenn-korbell-solo

DUO NIOBÉ / LORIC

Le duo de musique à danser qui a ouvert la programmation de la Scène Bretagne du FIL 2021 l’après-midi du mardi 11 août proposait une combinaison instrumentale peu commune : accordéon diatonique pour Fanch LORIC (programmateur du festival Roue Waroch, fondateur d’IRIS HA PAPAOTRED, KRAF GANG, et artisan possédant un atelier de vente et de réparation d’accordéons) et guitare électrique pour Tibo NIOBÉ (O’TRIDAL, PEVARLAMM,  BODÉNÈS-HAMON QUINTET, DANS ER JEKO).

Les deux instruments étaient de plus augmentés d’effets sonores qui permettaient des variations de la palette sonore et généraient quelques effluves psychédéliques.

Les compositions du duo restaient néanmoins ancrées dans les musiques de danses bretonnes (tour, cercle circassien, gavotte, scottish, laridé, bourrée), avec quelques ingrédients venus d’ailleurs (musiques afro, arabes, scandinaves, asturienne…), de manière à combiner originalité, puissance et subtilité.

La belle énergie dont a fait montre le duo NIOBÉ / LORIC a su contaminer l’entrain des danseurs, sur un set un poil trop court mais néanmoins très dense qui a constitué un excellent démarrage pour l’après-midi.

Peu de temps avant sa performance sur la Scène Bretagne, le duo NIOBÉ / LORIC avait déjà donné un avant-goût de sa musique sur le pouce lors d’une conférence de presse.

Page : https://www.facebook.com/Duo-Niob%C3%A9-Loric-225159318293178

SÉROT / JANVIER ET LA GROOVE CIE

Branle-bas de combat ! Quand la GROOVE CIE déboule, il y a intérêt à faire place ! Le son massif et charpenté de cette fanfare transculturelle sait de toute façon s’imposer partout où elle passe.

Car oui, il s’agit d’une fanfare déambulatoire, qui a donc l’habitude de jouer près de son public, dans les rues, sur les places publiques, etc., comme le faisait du reste il y a quelques années l’ONB de Roland BECKER, dont la GROOVE CIE est en quelque sorte une version « extended ».

Compte tenu de la férule sanitaire actuellement imposée, le groupe n’a pu effectué de déambulation ; mais qu’à cela ne tienne, il en a profité pour donner sa première performance… sur une scène ! Et son effet n’en a pas été diminué pour autant…

Constitué il y a sept ans autour du traditionnel duo biniou / bombarde formé par Philippe JANVIER et Mathieu SÉROT, la GROOVE CIE intègre un saxophoniste baryton (Stéphane HARDY), un joueur de sousaphone (Benoît GAUDICHE) et un joueur de davul (Gaël MARTINEAU). On a vu moins original, non ? Certes, il y a quelques années, L’OCCIDENTALE DE FANFARE, dirigée par Francis MOUNIER puis reprise par Fred POUGET – et à laquelle avait particpé le sonneur breton Ronan LE GOURIÉREC -, avait déjà pavé le terrain…

Puisant dans la musique bretonne à danser, le répertoire de la GROOVE CIE ajoute aussi des éléments rythmiques et harmoniques inspirés d’autres cultures, et le tout donne un cocktail aux couleurs vives et aux saveurs fortes. Ajoutez à cela un sens très prononcé de la bougeotte qui donne à ses performances une allure de chorégraphie tribale, et vous comprendrez pourquoi la GROOVE CIE est le meilleur antidote aux réclusions imposées.

Matthieu SÉROT a du reste glissé ces propos fort généreux : « Une très forte pensée pour ceux qui n’ont pas pu venir, ceux qui n’ont pas le truc… Parce qu’il en manque du monde, par rapport à d’habitude. Une forte pensée pour ceux qui n’ont pas pu profiter de venir jusque-là et qui n’ont pas pu profiter de la culture tout l’été et surtout pour ce qu’il en reste. Envoyez-leur des vidéos, envoyez-leur plein de trucs. (…) Et n’oubliez pas de partager la culture ! »

Site : https://www.mathieu-serot.com/serotjanvier-et-la-groove-cie
et https://www.facebook.com/mathieu.serot

Régis HUIBAN QUARTET

Ça fait une bonne trentaine d’années que Régis HUIBAN sévit dans la sphère de la musique bretonne évolutive avec son art consommé de l’accordéon chromatique, dont il a intégré le swing et le groove imparables à la tradition musicale bretonne.

Déjà très présent cette année dans la programmation du FIL avec WIPIDOUP et en duo avec Roland BECKER, Régis HUIBAN se devait de jouer avec son propre quartette, justement en passe de fêter ses vingt ans d’existence, ce n’est pas rien !

Le Régis HUIBAN QUARTET, c’est avant tout l’histoire d’une complicité durable et indéfectible entre les musiciens qui le constituent, la plupart ayant déjà joué auparavant avec Régis dans TAN BAN TI.

Avec le guitariste Philippe GLOAGUEN, le contrebassiste Julien Le MENTEC et le batteur Loïc LARNICOL, Régis HUIBAN a confectionné un univers musical original et sensible constitué de compositions tirant vers le jazz et le musette tout en intégrant des airs de musique bretonne, et ouvertes à l’improvisation, tout en conservant le swing inhérent à son instrument aux mille boutons.

Pour célébrer tout son parcours artistique, le Régis HUIBAN QUARTET a puisé dans son triptyque discographique (Sans sommeil, 1732, Le Train Birinik) quelques-uns de ses fleurons et a livré un set aussi pertinent que généreux, serti de soli inspirés de guitare et d’accordéon, appuyés par une épatante assise rythmique de la contrebasse et de la batterie, avec par endroits des interventions vocales de Régis HUIBAN, dont le chant haut n’a pas manqué de faire son effet.

Indubitablement, le Régis HUIBAN QUARTET a livré au FIL une performance impeccable et stimulante.

Site : https://www.regishuiban.com
CD : Le triptyque Sans-Sommeil, 1732 et Le Train Birinik

Sylvain GirO et LE CHANT DE LA GRIFFE

La programmation des fins d’après-midis sur la Scène Bretagne semble s’être fait un point d’honneur à proposer ce qui se fait de plus audacieux et de créatif dans le vaste monde des musiques de Bretagne. Ce mardi 11 août n’a pas fait exception en programmant Sylvain GirO et LE CHANT DE LA GRIFFE. Sous ce nom aussi inquiétant que tentateur se cache un projet artistique inédit que nous avions eu la chance de découvrir il y a quelques semaines lors de son baptême du feu au festival La Prée en fête de Monterfil.

Fondé sur des compositions de l’auteur-compositeur-interprète Sylvain GirO, LE CHANT DE LA GRIFFE livre une musique à dominante vocale et polyphonique, Sylvain GIRAULT étant entouré par un quartet vocal aux couleurs ouest-et-sud-européennes, constitué d’Elsa CORRE (BARBA LOUTIG, PEVARLAMM, de Hélène BOURDAUD (les SŒURS TARTELLINI), de Youenn LANGE (LUDGÊR, NODET…) et de Sébastien SPESSA (LO COR DE LA PLANA).

LE CHANT DE LA GRIFFE n’est cependant pas une formation entièrement a capella, puisque le multi-instrumentiste François ROBIN colore les compositions de ses violon, veuze, doudouk et textures électro-acoustiques, rien que ça ! Et il lui arrive aussi de mêler sa voix à celle des autres !

Alors on vous l’a déjà dit par ailleurs et on ne peut que vous le redire après sa performance au FIL, LE CHANT DE LA GRIFFE compte parmi les créations musicale les plus originales et « habitées » du moment.

Son impact peut amplement dépasser le seul public amateur de musique bretonne et toucher les oreilles attentives aux singularités artistiques nourries par différents terreaux traditionnels européens mais capables de les transcender pour aboutir à une expérience « fusionnelle » hors normes, de surcroît porteuse d’une expression poétique émouvante et engagée, capable d’attiser les corps et de secouer les âmes. Car les textes de Sylvain GirO sont à l’écoute des effusions et des tourments du monde et suggèrent d’autres voies où l’humain peut retrouver son identité intrinsèque.

Ce mardi 11 août, le soleil commençait à darder sévère sur la Scène Bretagne, aveuglant presque notre ensemble vocal et polyphonique, et même s’il n’a pu jouer son répertoire complet du fait de la durée imposée (une cinquantaine de minutes), LE CHANT DE LA GRIFFE de Sylvain GirO a indubitablement répandu son charme incandescent sur le public du FIL.

Site : http://www.sylvaingiro.com
CD : en préparation

Et aussi…

De nombreux autres artistes se sont produits sur la Scène Bretagne le long des dix jours du FIL ; et bien que renforcée et déployée aux quatre vents ou presque, l’équipe de RYTHMES CROISÉS n’a pu assister à tous les concerts. Pour autant, il nous faut saluer l’extrême richesse et la grande diversité artistique de la programmation qui a eu cours sur la Scène Bretagne, laquelle a été particulièrement sollicitée cette année du fait de la thématique choisie pour cette 50e édition du FIL, à savoir précisément « l’année de la Bretagne ».

KRISMENN

En dépît de certaines absences bien compréhensibles (on ne peut tout avoir…), la Scène Bretagne s’est faite cette année le témoin de l’effervescence créative sur la péninsule bretonne. Elle s’en est donnée les moyens en ouvrant dès le début de chaque après-midi (à 14.) durant les dix jours du festival, et ce jusqu’en début de soirée (19h). Puis, la Scène Bretagne rouvrait à 20h. pour d’autres concerts en nocturne, destinés à ceux qui ne souhaitaient pas assister ou n’avaient pas les moyens d’assister aux spectacles des têtes d’affiche à l’Espace Marine. C’est ainsi pas moins de sept concerts qui étaient programmés chaque jour sur la Scène Bretagne.

Hormis ceux que nous avons évoqués plus haut, les autres groupes et artistes à s’être produits sur la Scène Bretagne sont les suivants :

Pour les débuts d’après-midi, il y a eu les duos de musique à danser : Roland BECKER / Régis HUIBAN ; Morwenn LE NORMAND / Ronan PINC ; PINCHARD / VINCENDEAU ; MOAL / SIBERIL ; MIOSSEC / HELLARD et UNIGO / GUICHARD. À ceux-là s’ajoutent les groupes de musique à danser : ARN’ ; ZOÑJ ; DIGABESTR ; NORDET (chants de marins) et BOZ (lauréat concours interlycées 2019).

Les milieux d’après-midi ont généralement donné la part belle aux groupes et artistes de musique trad’ et folk évolutive, à savoir Dom DUFF ; FAEST (Faustine AUDEBERT et Antonin VOLSON) ; Bèrtran ÔBRÉE et son groupe pour sa dernière création discographique Gherizon Papillon ; Annie EBREL QUARTET pour son nouveau répertoire Lellig, centré sur les poèmes d’Anjela DUVAL ; MUGA (trio breton-asturien mené par la chanteuse Clara Diez MÀRQUEZ) ; LUNE BLEUE TRIO a présenté lui aussi le répertoire de son nouvel album, The Other Road ; il y a eu également le TRIO EMPREINTES (Marthe VASSALLO, Gilles LE BIGOT et Jean-Michel VEILLON) ; Brieg GUERVENO ; Élodie JAFFRÉ & Awena LUCAS ; le TRIO CHEVREL / HAMON / PICHARD ; A DAILH et PERYNN & ELISE (lauréat Taol-Lañs 2019).

IVARH

En soirée, d’autres groupes et artistes ont illustré la pluralité des expressions musicales de Bretagne, soit KRISMENN ; FLEUVES ; IVARH ; STARTIJENN ; WIPIDOUP JAZZ BAND ; N’DIAZ ; EBEN ; BARBA LOUTIG ; NOON ; SKY’ZON ; DARHAOU ; AMPOUAILH ; EGÓN ; SkeeQ ; TRIBÉ BRASS BAND ;  SPONTUS ; OLIOLIO ; TALAR ; TiTom ; LES VRILLÉS et Fabien ROBBE & Piala LOUIS (création FIL New Leurenn #4).

Occasionnellement, et ce malgré les difficultés inhérentes à la situation sanitaire qui a rendu difficile l’invitation d’artistes étrangers, les soirées sur la Scène Bretagne ont tout de même pu être honorées par des artistes des autres délégations celtiques, comme les Irlandais de PERFECT FRICTION ; les Galiciens de FAÍSCAS DA PONTRAGA ; les Écossais de HANNAH RARITY ; les Gallois du Gwilym Bowen RHYS TRIO ; les Asturiens de FELPEYU, sans oublier  NEEAR NESAÑ, nouveau projet impliquant le duo breton Lors LANDAT et Thomas POISSON avec deux artistes de l’Île de Man, Mera ROYLE et David KILGALON.

Article et photos additionnelles : Stéphane Fougère
Photos et diaporamas : Sylvie Hamon

La Compile du Festival

Chaque année, à l’approche du démarrage du Festival Interceltique est éditée une compilation permettant de découvrir une partie de la programmation entre têtes d’affiche et artistes moins connus.

L’édition 2021 ne déroge pas à ce rituel si ce n’est que cette fois-ci, c’est un double CD présentant une sélection d’artistes programmés à Lorient depuis cinquante ans qui est parue.

Certains de ces artistes faisaient d’ailleurs partie de la programmation 2021.

Comme dit l’adage, « À tout seigneur, tout honneur » et c’est bien évidemment par Alan STIVELL et son imparable Suite Sudarmoricaine que démarre le CD.

Il n’est évidemment pas possible de commenter les trente-deux titres que comporte ce double disque qui sont au demeurant très éclectiques.

On y retrouve évidemment les grands noms, Gilles SERVAT (incontournable La Blanche Hermine), Dan AR BRAZ (Borders of Salt), TRI YANN (La Jument de Michao), THE DUBLINERS, THE CHIEFTAINS, Sinead O’CONNOR, Denez PRIGENT et Yann TIERSEN, DJIBOUDJEP, Carlos NÚÑEZ, SOLDAT LOUIS, CAPERCAILLIE ou des artistes d’ouvertures comme I MUVRINI, Alain SOUCHON (Le Bagad de Lann Bihoué) ou THE CRANBERRIES (Zombies).

Cette compilation permet également de réentendre des artistes disparus tels que la Grande Cornouaillaise, comme on la surnommait, Brenda WOOTON ou YANN-FANCH KEMENER (la version de Tri Martolod avec Didier SQUIBAN au piano).

RED CARDELL et le BAGAD KEMPER, FLEUVES, LLAN DE CUBEL (Asturies) ou encore CALAN (Pays de Galles) complètent un programme riche et varié.

Un titre inédit et non des moindres termine solennellement le second disque. Il s’agit d’une émouvante interprétation de l’hymne national breton, Bro Gozh ma Zadoù. par Gilles SERVAT et Aziliz MANROW accompagnés de l’Orchestre National de Bretagne.

Présentée qui plus est dans un superbe écrin, cette compilation des 50 ans du FIL démontre, s’il en est encore besoin, la diversité de la musique celtique.

Didier Le Goff

Se procurer la compilation sur le site de Coop Breizh : https://www.coop-breizh.fr

Depuis 1989, Sarah HEYMANN dirige l’agence de communication HEYMANN ASSOCIÉS.

Cette agence est spécialisée dans les domaines de l’art de vivre, du tourisme et de la culture. C’est à ce titre qu’elle est chargée de gérer chaque année la communication du Festival Interceltique de Lorient.

Les bureaux de l’Agence prennent place pour toute la durée du FIL au deuxième étage du Palais des Congrès. C’est le passage obligé pour chaque journaliste souhaitant d’obtenir le fameux badge autorisant l’accès aux salles de spectacles ou désireux d’obtenir une entrevue avec un artiste.

Il était donc intéressant de rencontrer Sarah HEYMANN et d’en savoir un peu plus sur cet envers du décor.

Entretien avec SARAH HEYMANN
Comment s’est faite la rencontre avec le Festival Interceltique ?

Sarah HEYMANN : Un petit peu par hasard, en fait ! Une des mes collaboratrice avait travaillé sur le Festival pendant plusieurs années avec l’ancienne personne qui gérait les relations presse. Elle a été embauchée chez moi et elle a été recontactée par le Festival Interceltique. C’est comme cela que je me suis retrouvé tout à coup à essayer d’imaginer ce qu’on pouvait faire ensemble.

Comment se passe l’organisation d’un festival de cette importance ?

Sarah : Sur une édition normale, on travaille toute l’année. En général, on fait une grosse opération de presse et de relations publiques à Paris au printemps en lien avec le pays invité d’honneur. Très souvent, on a été accueilli dans les ambassades. On a aussi cherché à innover un peu. On a cherché d’autres lieux. Il y a deux ans, on a avait organisé une opération au Pan Piper qui est une salle de concerts à Paris. Ça, c’est une première opération qui permet d’avoir une visibilité au niveau de la presse nationale et d’inviter également toute une partie de ce qu’on appelle les relations publiques, en fait les partenaires.

Ensuite, il y a le gros travail de fond qui est fait régulièrement pendant l’année sur les fichiers puisqu’on est en charge de la partie relation presse et de la partie relation publique. Sauf cette année qui était particulière.

On gère toute la partie partenariat avec la presse. C’est par exemple toutes les relations qui s’établissent avec France Télévision pour les diffusions des émissions qui ont lieu durant le Festival.

Les organismes contactés ne sont pas obligatoirement en lien avec la culture bretonne ou celtique ?

Sarah : Non, ce sont des organismes qui sont liés à la culture en général et pas forcément à la Bretagne.

On est devenu un des évènements incontournables de l’été au même titre que les festivals d’Avignon ou d’Orange, par exemple.

Ces organismes sont facilement réceptifs ?

Sarah : On a créé des liens qui sont des liens vraiment très intimes maintenant avec nos partenaires. On a un soutien très important de leur part. Ça a été très visible cette année. Ni nous, ni les médias ne savions où nous allions. Des partenaires comme France Télévision, Le Parisien ou Rolling Stone nous suivent parfaitement. C’est également vrai pour l’Express qui est aussi une grosse signature au niveau national.

Certains articles sont parfois assez assassins ! Est-il difficile de convaincre certains groupes de presse ?

Sarah : Je ne dirais pas que certains articles sont assassins ! Je dirais que certains journalistes restent encore à convaincre ! Pour encore de nombreux journalistes, enfin de moins en moins grâce au travail qu’on a effectué, il y a des a priori. Ils pensent que ce qui se passe là-bas en Bretagne ne les concerne pas. C’est un peu différent avec la nouvelle génération de journalistes qui est plus curieuse.

On a des piliers du journalisme qui sont restés très fermés finalement.

Les choses évoluent beaucoup avec les médias sociaux maintenant. On a cette chance-là aussi !

Vous restez régional, national et aussi international ?

Sarah : Oui, on travaille beaucoup sur la presse internationale, évidemment sur les pays qui sont les plus concernés, l’Espagne et la Grande Bretagne, mais également sur plein d’autres pays. Par exemple, on a beaucoup de journalistes qui nous suivent en Italie, en Belgique et bien sur en Australie.

Et une fois arrivé à Lorient, comment cela se passe-t-il ?

Sarah : On arrive en général une semaine avant et on met en place toute l’organisation du service de presse.

Personnellement j’arrive avec une équipe de quatre ou cinq personnes et c’est complété par des bénévoles du Festival qui nous rejoignent chaque année.

Il y a tout à mettre en place.

Il faut contacter les artistes pour organiser les conférences de presse puisque qu’il y a en général deux conférences par jour, une à midi et une à dix-sept heures.

On contacte directement les groupes, les managers, pour leur demander quelles sont leurs contraintes en matière de restrictions photographiques, s’ils veulent bien venir en conférence de presse, s’ils sont d’accord pour jouer un morceau, quelles sont leurs disponibilités. Ensuite, on doit organiser les traductions, les roulages pour qu’ils arrivent à l’heure (rires).

Bien sur, on organise aussi toutes les demandes d’interviews que ce soit les interviews de la présidence, de la direction ou des artistes.

On est sur le terrain le soir aussi lors les concerts pour gérer toutes les problématiques de restrictions photos et de droit.

Le FIL n’est pas le seul évènement que vous couvrez.

Sarah : On est une agence spécialisée dans le domaine de la culture de façon générale. Le FIL est le seul grand festival dont on s’occupe.

Sinon, on travaille avec beaucoup de musées, des salons, des fondations, des clients privés également. Mais essentiellement dans les domaines cultures et tourismes.

Et à titre personnel, la musique celtique, cela te parlait avant de venir au FIL ?

Sarah : Oui ! Je vais entrer dans quelque chose d’un peu intime mais j’avais un amoureux quand j’avais seize ans qui était breton et qui m’avait fait découvrir Alan STIVELL. On était dans les années 76. Ce mouvement-là me parlait mais très honnêtement je ne connaissais pas énormément.

Et maintenant, que penses-tu de cette atmosphère ?

Sarah : Je trouve que c’est un festival qui est extrêmement attachant. On y fait de belles rencontres, on y fait de belles découvertes. C’est une très belle énergie et pour moi, c’est devenu un rendez-vous incontournable.

C’est vraiment devenu une étape importante pour l’agence ?

Sarah : Je dirais que c’est une étape importante en termes d’organisation, de travail mais aussi d’affect, finalement.

Site : https://www.heymann-associes.com

Entretien et photo : Didier Le Goff

Un grand merci à l’agence de communication HEYMAN ASSOCIÉS et en particulier à Sarah, Laetitia, Ophélie et Manon.

 

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