HUUN-HUUR-TU – Ancestors Call

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HUUN-HUUR-TU – Ancestors Call
(World Village / Harmonia Mundi)

Huun-Hur-Tu_AncestorsCallUn œil attentif à la liste des morceaux de ce dixième album du quartet de la République de Touva sans doute le plus célèbre à l’échelon international convaincra les « die-hard fans » qu’il s’agit d’une compilation du genre « Best of HUUN-HUUR-TU ». De grands classiques du groupe y figurent en effet, de Kongurei à Orphan’s Lament, en passant par Eki Attar et bien sûr Odugen Taïga. C’est même pas moins de huit morceaux de l’album Orphan’s Lament (le deuxième du groupe, daté de 1993) qui se retrouvent sur Ancestors Call.

Mais une écoute scrupuleuse révélera des différences d’interprétation. C’est normal, vu que ce ne sont pas les versions originales qui ont été reproduites, mais bel et bien de nouvelles versions qui nous sont interprétées par Kaigal-Ool KHOVALYG, Sayan BAPA, Alexey SARYGLAR et le dernier arrivé en date, Radik TYULIUSH (ex-YAT-KHA).

Après ses expériences ethno-électro sur Altan Sayaa Tandyy Uula et Eternal (avec Carmen RIZZO), HUUN-HUUR-TU procède à un nouveau vernissage de son répertoire classique, mettant en valeur, par une prise de son très soignée, les saveurs acoustiques de ses luth igil et doshpulur, de ses flûtes byzanchii, de ses percussions et de sa guitare acoustique (seule concession « moderniste »), et magnifiant bien entendu le caractère sépulcral intrinsèque du Khöömei (chant diphonique) et de ses différentes techniques (sygyt, borbannadyr, kargyraa).

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Le résultat s’avère séduisant, enjôleur, délaissant quelque peu les rugosités des versions d’origine au profit d’un son de groupe plus compact et léché, frôlant insidieusement le new age sans y sombrer complètement.

Le livret est lui aussi très ouvragé, proposant pour la première fois des traductions des chants en anglais ET en français ! Difficile également de ne pas s’attarder sur les superbes photos de monts, de steppes et de ciels gouachés, limites abstraits, évoquant une esthétique de la « sombritude » onirique proche de celle des publicités pour les spiritueux d’un certain « Clan » écossais…

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Le fait que le groupe ait changé de label pour cet album explique dans doute aussi cette volonté de « repartir du début » et de permettre aux auditeurs qui ne les connaîtraient pas encore d’avoir une vue assez panoramique de leur répertoire et de ses caractéristiques esthétiques.

L’idée est louable, mais les curieux auraient très bien pu effectuer une première approche tout aussi convaincante avec les deux albums parus en 2001 et 2002, Best Live et More Live, (ou encore le DVD Live in Munich), avec là aussi des versions déjà réarrangées. Et quand on sait que l’album réalisé avec Carmen RIZZO, Eternal, comprenait lui aussi des relectures de morceaux classiques du répertoire de HUUN-HUUR-TU, on en vient à réaliser que ce dernier capitalise depuis une dizaine d’années sur un répertoire qui a une propension à faire du sur-place.

Ancestors Call n’est peut-être pas l’album de la révolution chez HUUN-HUUR-TU, mais il assure l’essentiel (quitte à répéter la même chose que ces prédécesseurs), à savoir qu’il donne une image sincère des résonances élémentales et chamaniques de l’univers sonore du quartet.

Stéphane Fougère

Page : https://www.facebook.com/groups/huunhuurtu

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