JACKY MOLARD ACOUSTIC QUARTET – CD

134 vues
JACKY MOLARD ACOUSTIC QUARTET – CD
(Innacor/L’Autre Distribution)

Un album crédité à Jacky MOLARD, ça fait une paye qu’on l’attendait, qu’on le souhaitait, qu’on le sentait venir… et qu’il ne venait pas ! Ce n’est pourtant pas faute à une quelconque paresse ou manque d’inspiration de son auteur, qui s’est impliqué ces quelque trente dernières années dans bon nombre de projets musicaux parmi les plus palpitants réalisés en Bretagne, et prenant racine dans le terreau culturel breton : OGHAM, SATANAZET, GWERZ, PENNOU SKOULM, DEN, CELTIC PROCESSION, Alain GENTY GROUPE, BAL TRIBAL, BALKANIKS… si vous voulez qu’on en rajoute, il n’y a qu’à le dire, c’est faisable.

La contribution du violoniste à tous ces groupes et toutes ces créations, que ce soit en tant que musicien, compositeur et/ou producteur, a toujours été essentielle. Aussi tous les paris étaient-ils ouverts à la fort alléchante perspective d’un album « solo » de Jacky. Après tant d’aventures musicales, on l’imaginait bien prenant la forme d’une rétrospective de ses plus belles compositions, avec une pléiade d’invités dont la réunion pouvait faire revivre – au moins le temps d’un enregistrement – quelques-unes de ces illustres formations citées plus haut.

Mais Jacky MOLARD a été plus loin que ça. Son album n’est pas tant un regard dans le rétroviseur (même si l’on y retrouve ses compositions déjà éprouvées au sein de CELTIC PROCESSION, BAL TRIBAL ou DEN) que le tracé d’une nouvelle route. Par nature, cette dernière se veut évidemment buissonnière (ou comment, à partir d’un ancrage breton, on peut voyager à travers moult horizons musicaux : celtiques, balkaniques, manouches, orientaux, jazz, improvisation…), mais les matériaux qui la constitue sont en béton armé.

Comprenez par là que Jacky s’est entouré de musiciens avec lesquels il a nourri une entente solide,tant humainement que musicalement. On pourra s’en assurer en visionnant le reportage inclus dans ce CD, dans lequel des extraits de concert alternent avec des scènes de campagne, où « M. Jacky » le jardinier-cultivateur parle plantation, cuisine et musique, sans que l’on sache parfois auquel de ces sujets ses propos se rapportent, tant ils sont interchangeables…

Il en est ainsi du « quartet maison » de Jacky MOLARD, dont la cuisine sonore est sans conteste éminemment raffinée et épicée et tient au corps comme à l’esprit. Avec Yannick JORY aux saxophones, Hélène LABARRIÈRE à la contrebasse et Janick MARTIN à l’accordéon diatonique,Jacky MOLARD s’est autorisé toutes les escapades, a puisé à toutes les sources dont il s’est déjà abreuvé et nous a concocté une musique au son unique, que l’on ne peut raisonnablement pas confondre avec une autre.

Sa richesse, sa compacité et sa complexité sont plus fascinantes que rebutantes, tant le quartet sait rendre cette musique alerte, cohésive et évidente. Sa capacité à glisser avec autant d’aisance entre thème et improvisation, entre jeu soliste et à l’unisson, ses contrepoints, permutations rythmiques,enchaînements, cassures, ses explorations de timbres, et enfin son talent à faire passer pour du traditionnel ce qui est en fait un savant et fluide mélange de genres et ainsi à faire voyager loin, sont autant de facteurs de jubilation dont les effets se mesurent au long cours.

À tous ceux qui croient que l’inspiration et la création en Bretagne traversent actuellement une période de « creux », ce disque, comme une poignée d’autres, prouve instamment le contraire par sa brillance et l’ampleur de sa respiration.

Stéphane Fougère

Label : www.innacor.com

PS : voir aussi notre interview de Jacky MOLARD.

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°29 – janvier/février 2007)

 

YouTube player

 

YouTube player

 

YouTube player
Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.