James MAC GAW : une filiation « zeuhlienne »

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James MAC GAW

Une filiation zeuhlienne

La Fin des Temples est une grande pièce musicale qui  a été composée par James MAC GAW en hommage à la musique de MAGMA et à Christian VANDER. En 2018, James réunit un ensemble de musiciens afin de monter La Fin des Temples  puis de l’enregistrer en vue d’une sortie CD. Les sessions d’enregistrement ont commencé en 2019 et se sont achevées au printemps 2020, James officiant en tant que directeur artistique et producteur du projet.

À l’occasion de la sortie de l’album La Fin des Temples de James MAC GAW, notre rédaction a eu la chance de rencontrer Sébastien ROCQUEFELTE, chant-leader et chef de chœur sur cet album et Daniel JEAND’HEUR, ami de James et batteur au sein de la formation ONE SHOT où James était guitariste tout en étant membre de MAGMA – où il a officié pendant près de vingt ans, avec Philippe BUSSONNET, bassiste lui aussi de MAGMA et de ONE SHOT.

Mis en appétit par le label Soleil Zeuhl de la sortie imminente le 10 décembre 2020 de ce morceau fleuve qu’est La Fin des Temples de James MAC GAW, c’est avec une certaine fébrilité que je place le CD tout frais commandé, au matin du 14 décembre sur ma platine. Et là, je dois dire que cette œuvre – car il s’agit bien de cela – tient toutes ses promesses. Les inconditionnels de MAGMA y retrouveront nombre d’éléments stylistiques propres à ce groupe puisque l’intention ici de James MAC GAW est précisément de rendre hommage à cette formation et à Christian VANDER.

Pour James MAC GAW il s’agit dans cet opus exceptionnel d’énergie et de vitalité de produire, comme l’aurait fait un compagnon du Devoir, son « chef-d’œuvre », présumé intégrer tous les savoir-faire transmis par son maître. Nul doute que le maître adoube son disciple. Mais le disciple est aussi plus que cela : les prestations et les enregistrements du groupe ONE SHOT, qui faisait carrière en parallèle de MAGMA, avec Daniel JEAND’HEUR à la batterie, Philippe BUSSONNET à la basse et, longtemps, Emmanuel BORGHI aux claviers, permettent de découvrir une dimension intense, tantôt sombre, tantôt lumineuse mais toujours passionnée de James MAC GAW, comme guitariste et compositeur d’exception.

Toujours est-il que l’on a bien ici, dans cette Fin des Temples, un florilège de tous les ingrédients magmaïens, avec, cependant, « ce coup de patte » propre à James MAC GAW dont les parties de guitare jouées ici par Louis GODART, égrènent des mélodies délicates ou virtuoses sur une section rythmique digne de MAGMA : et la batterie de Daniel JEAND’HEUR n’est pas étrangère à cette alchimie. La parenté entre les deux batteurs, VANDER et JEAND’HEUR, était déjà palpable dans la formation ONE SHOT. Son jeu puissant fournit un appui virtuose (son jeu de caisse claire est magnifique, les timbres de ses fûts profonds, ses cymbales éclatantes).

Sur ce jeu dynamique se pose la basse bien terrienne d’Anthony LECOMTE, ancrée dans les parties de main gauche des pianos tenus par Antoine THARREAU et Bruno RUDER, tout en faisant des incursions dans les harmonies : le tout donne une section rythmique d’une grande cohésion. Cette trame posée, la partie harmonique est assurée par les pianistes Antoine THARREAU et Bruno RUDER dont le piano Rhodes Fender ajoute à la filiation Zeuhl de La Fin des Temples. Les chœurs sont magnifiques, et ne sont pas sans évoquer parfois la dimension de transe d’un Ëmëhntehtt-Ré, passant de l’intensité soutenue de Chaos par le Vide à la douceur de l’Ouverture qui, étrangement, ponctue cette pièce.

Cet enregistrement comporte une véritable révélation : le chanteur Sébastien ROCQUEFELTE apporte ici une saisissante dimension d’intensité et de virtuosité alliant la puissance d’un Klaus BLASQUIZ aux invocations en voix de tête dont Christian VANDER fait montre dans Zëss par exemple mais avec sa couleur bien personnelle et une tessiture impressionnante. Il y fait montre aussi d’un véritable talent d’improvisateur aux couleurs très lyriques.

Enfin il serait injuste de ne pas évoquer la précise intervention de Fabrice FOSSE au marimba, qui assure la jonction entre les dimensions rythmique et harmonique de l’œuvre. La Fin des Temples, inévitablement, raconte une histoire, que balise le choix des titres des différents mouvements qui la composent. Si la langue chantée n’est pas ici à proprement parler (!) du kobaïen comme chez MAGMA, il est clair que les sons chantés correspondent à des couleurs qui renforcent l’atmosphère de chacune des pièces qui constituent l’ensemble de l’œuvre. Il faut ici saluer la belle performance des choristes Mathilde BOESONI, Solène GENDRE et Didier CORBEL passant de la transe à des accords de voix aux timbres les plus délicats.

Dans le premier mouvement, Le Monde des machines, il est assez saisissant d’entendre émerger par moment ce petit leitmotiv de basse que recouvre, comme une respiration métallique, le souffle de machineries que l’on imagine gigantesques. Difficile de ne pas évoquer ici les préoccupations partagées par Jannick TOP sur l’univers des machines, fascinant et effrayant tout à la fois. Et soudainement apparaît l’Introït, où Sébastien ROCQUEFELTE pose son chant lumineux sur les accords fluides du piano de Bruno RUDER, dans un style que ne renierait pas Benoît WIDEMANN.

Puis Le Chaos par le vide – dont l’énergie n’est pas sans évoquer Zombies de MAGMA démarre en trombe pour le voyage intense et passionné que nous propose James MAC GAW entre tension, euphorie et douceur. La batterie de Daniel JEAND’HEUR nous conduit à un train d’enfer dans cette épopée et pourtant, le caractère apparemment binaire de son tempo est aussi une façon swinguée de ne pas rendre flagrant le recours habile à des mesures inhabituelles comme ce magnifique 15/4 des Boussoles des mille dimensions, solennel et grave, et dont la marche harmonique est somptueuse.

L’opus s’achève par une Ouverture qui conclut la pièce comme un chapitre entr’ouvert dont, souhaitons-le, d’autres opus du maître désormais accompli découleront dans les années à venir. Vous l’aurez compris, La Fin des Temples est inévitable.

Entretien avec Daniel JEAND’HEUR et Sébastien ROCQUEFELTE

Cet album est passablement éloigné de la veine créatrice de ONE SHOT par exemple. C’est notamment la première fois que James compose pour des voix. Est-ce une continuité du travail initié dans ONE SHOT ou une parenthèse en forme d’hommage appuyé à MAGMA et à Christian VANDER ?

Daniel JEANd’HEUR : Effectivement, La Fin des Temples est un hommage à MAGMA, formation au sein de laquelle James a été guitariste pendant près de vingt ans. Le fondement de cette composition est, conjointement, le chant et le piano. C’est ce processus qui est à l’origine de La Fin des Temples pour James. Ensuite ce fut un long travail de maturation, avec des phases de pause. Peu à peu la pièce s’est constituée. James avait déjà, depuis 2004, maquetté plusieurs parties de La Fin des Temples et en avait écrit des pans entiers.

Il faut savoir que la collaboration de James dans MAGMA a été l’occasion d’une grande proximité et d’échanges sur le fond avec Christian et que le témoignage de cette filiation s’est certainement concrétisé dans La Fin des Temples. Ce fut un temps de partage musical intense, c’est évident, mais aussi un temps de partage éthique, philosophique pourrait-on dire, à défaut d’employer le terme un peu solennel de « spirituel ».

Et à partir de 2018, et tout au long de ces derniers mois, James a procédé à la concrétisation de la mise en forme de La Fin des Temples ; la pièce a grandement mûri à travers le travail de collaboration important avec Sébastien ROCQUEFELTE. Ensuite sont venus s’ajouter les parties de piano rythmique enregistrées par Antoine THARREAU. Bruno RUDER a apporté desvparties de piano de soli et des parties improvisées notamment autour des parties solistes de Sébastien qui a assuré le chant « lead » et la direction des chœurs, ainsi que la mise au point de l’orchestration des parties vocales. Sébastien a également participé activement à l’élaboration de certaines parties très libres, très lyriques comme Fission.

James est à la fois le compositeur de La Fin des Temples et il en est aussi le directeur artistique. Pouvez-vous nous parler de cette dimension particulière de James ?

Sébastien ROCQUEFELTE : Ce qui est remarquable chez James, c’est cette capacité exceptionnelle qu’il a de tirer le meilleur parti des musiciens qui interviennent dans son projet. Pour ma part, je ne me suis jamais senti « imposé » de répondre à des attentes à sens unique de sa part. James a le don de faire sortir le meilleur de chaque musicien en adéquation avec son écriture parce que, ce qui le caractérise, c’est un grand respect des musiciens, la grande confiance qu’ils nous a accordés à tous. Il nous a accueillis dans son projet et chacun s’est senti investi d’apporter sa couleur propre afin d’être en osmose avec son œuvre. C’est un tour de force tout en douceur. C’est son grand talent de directeur artistique.

Cette osmose a été possible parce que l’amitié et la confiance qui nous lient ont favorisé ce mode de fonctionnement. Un peu à la manière d’un Miles DAVIS qui savait tirer le meilleur du talent de chacun des musiciens dont il s’entourait : les couleurs et les origines de ses musiciens étaient très diversifiées et pourtant, avec un minimum de directives, il parvenait à créer pour chaque pièce un climat unique. Ici le tour de force de James a été de réaliser son œuvre de façon très cohérente par rapport à son projet initial en faisant appel à la dimension créative de chacun : cela a été très valorisant pour les musiciens de n’être pas que de simples exécutants mais de pouvoir apporter une dimension personnelle sans jamais trahir la finalité de l’intention de l’œuvre de James. C’est plus que de l’habileté, c’est un véritable talent ! (rires)

Et quel a été votre apport dans La Fin des Temples ?

DJ : Pour ce qui concerna la batterie, James avait écrit les parties de batterie et sa longue pratique au sein de MAGMA lui avait permis de bien mûrir ses idées sur ce plan entre autres. Mais il voulait que ce soit moi qui joue sur La Fin des Temples. Et je lui ai dit « d’accord, mais je jouerai la batterie que j’entends pour cette pièce ». Entre James et moi, il y a une grande confiance, nous nous connaissons et jouons ensemble depuis le lycée ! C’est une amitié de trente-cinq ans déjà ! Et puis je suis beaucoup trop jaloux de ma liberté pour me contenter d’un rôle de simple sideman, je n’ai jamais fonctionné comme ça (rires).

Pour qu’il y ait une cohésion entre la basse, le piano, la guitare et le marimba, je me suis efforcé de maintenir une pulsation dynamique bien ancrée, tout en étant assez libre et en participant aux reliefs, nuances et climats des différents mouvements de la pièce. Ma façon de concevoir le jeu de batterie est héritée directement de la notion de section rythmique telle que je l’apprécie et la pratique dans le Jazz, qui est mon école, ma référence. J’ai senti tout de suite comment positionner mon jeu pour obtenir une base cohérente et solide axée sur la batterie, la basse (parfois doublée par la guitare) et le piano remarquablement assuré par Antoine.

Il y a eu pour ma part, un travail de préparation surtout avec Antony LECOMTE, Antoine THARREAU et Louis GODART. Les improvisations de Bruno RUDER furent enregistrées quelques mois plus tard et les chants lead et les chœurs en dernier. D’ailleurs cette osmose se sent très bien car, contrairement à ce qui se passe parfois lors de séances de prises de son, en studio ou sur scène, le son de la batterie n’a pas été décomposé puis recréé par l’ingénieur du son : nous avons enregistré toute la partie rythmique en seulement trois prises je crois.

Ensuite James, avec Sébastien, a peaufiné les parties mélodiques. Le recours aux deux pianos d’Antoine et de Bruno a permis d’apporter la couleur de cet instrument dans la partie rythmique de l’œuvre et sur un plan mélodique. Antoine a remarquablement traduit au piano l’écriture de James, et les deux chorus (synthétiseur puis piano) et les fluides habillages de Bruno ont apportés de la souplesse et de la fraîcheur sur l’ensemble du morceau.

Il faut aussi rendre hommage à Alain LEBON de Soleil Zeuhl, qui, a aucun moment, n’a mis la pression sur James, ayant bien compris qu’un certain temps était nécessaire pour formaliser la pièce de la façon la plus fidèle à ce que James avait conçu.

SR : Il faut bien comprendre que La Fin des Temples est une pièce sur laquelle James a travaillé longuement depuis 2004. Nous sommes liés par une belle amitié et l’osmose s’est créée facilement entre nous. Daniel et James ont longtemps collaboré au sein de ONE SHOT et sont des amis de longue date. Quant à moi je suis aussi partie prenante dans le projet ELEPHANT TÔK de Daniel. Quand James m’a fait découvrir les pans entiers de ce qui allait devenir La Fin des Temples, j’ai été très impressionné par la richesse et la complexité de son écriture. Et puis nous avons travaillé ensemble sur les parties vocales et avons même décidé de remplacer des parties de marimba par des parties chorales.

Les sons chantés peuvent parfois s’apparenter à du kobaïen, mais il n’était pas question pour James d’écrire avec ce langage qui est spécifique en propre à Christian VANDER, cependant, immanquablement, exprimer certaines couleurs passait par le recours à des onomatopées,des articulations de consonnes et de voyelles qui peuvent parfois y ressembler.

À côté de ces thèmes vocaux, viennent aussi ces parties chantées où j’interviens comme soliste, accompagné par l’excellent pianiste Bruno RUDER (lui aussi issu de ONE SHOT) : dans ces passages, les couleurs sont plus lyriques. On pourrait parler aussi de la cohésion des chœurs, constitués de Mathilde BORSONI, Solène GENDRE et Didier CORBEL qui sont des amis avec qui j’ai une bonne expérience du travail choral.

Le choix du titre La Fin des Temples est-il une allusion au Quatuor pour la fin des temps d’Olivier MESSIAEN ? Et pourquoi ce titre ?

DJ : La notion de « Fin des Temples » est ici l’indication d’une démarche d’ouverture, de la fin des rigidités formelles, des références obligées, des cadres contraignants. Cette indication est aussi validée par le fait que l’Ouverture se trouve être le dernier mouvement de la pièce, tandis que Fission est un rappel de l’Introït, mais située à la fin du voyage auquel nous convie La Fin des Temples.

Le tandem James / Daniel semble solide comme un roc. Votre complicité à tous les deux ne date pas d’hier visiblement. Pouvez-vous nous en dire plus ?

DJ : Nous nous connaissons depuis le lycée, James et moi. Le temps de ONE SHOT fut une belle expérience qui a duré près de dix-huit années, au cours desquelles nous nous sommes produits, notamment aux États-Unis et au Japon. James et Philippe (BUSSONNET) étaient guitariste et bassiste de MAGMA. Ils ont moins cette culture jazz que moi, et j’ai moins qu’eux cette culture rock, mais nous nous retrouvons – comme ce fut le cas dans ONE SHOT – autour de cette notion de section rythmique terrienne sur laquelle viennent se poser les harmonies, puis les mélodies. C’est sur ce plan de la conception musicale que nous nous retrouvons. Outre les expériences de ONE SHOT ou La Fin des Temples, James et moi avons exploré ensemble les musiques traditionnelles des pays de l’Est (Serbie, Bulgarie notamment) et nous avons en réserve la matière d’une bonne quinzaine de projets.

Beaucoup, grâce à l’extraordinaire prestation de Sébastien ROCQUEFELTE, vont découvrir ce chanteur exceptionnel. Comment se sont opérés la rencontre et le choix de ce chanteur ?

DJ : Elle est tout à fait fortuite ! Sébastien et James sont voisins et la musique les a rapprochés. Sébastien est plus qu’un chanteur, et sa voix, certes, est exceptionnelle par sa tessiture et son timbre. Mais c’est aussi un grand improvisateur et un chef de chœur qui a une grande expérience de l’orchestration vocale. Il a été une cheville ouvrière essentielle de La Fin des Temples par une collaboration étroite et intense avec James.

L’ensemble de La Fin des Temples révèle une osmose des plus matures entre les musiciens qui y interviennent. Pensez-vous composer à nouveau pour cette formation comme le laisse supposer le titre du dernier mouvement ? Des prestations sur scène sont-elles prévues pour cet ensemble ?

DJ : Actuellement, cette question n’est pas à l’ordre du jour. La Fin des Temples n’a pas pas été conçue comme une pièce faite pour la scène, même si elle pourrait l’être. C’est un « moment » de création pour James, l’aboutissement d’un projet, très lié à sa volonté de rendre hommage à Christian VANDER et à MAGMA.

D’autre part, une prestation scénique suppose un répertoire plus long, l’ajout d’autres pièces, et ce répertoire n’existe pas. Encore une fois, La Fin des Temples n’est pas à considérer comme le début de quelque chose, mais comme une œuvre ponctuelle dans la démarche de création de James. Ce fut un vrai bonheur de travailler sous la direction artistique de James, officiant en tant que directeur musical dans la pièce de prise de son avec les musiciens.

SR : Il serait en effet prématuré d’évoquer une suite à ce projet qui est plus un aboutissement qu’une base de travail future. Néanmoins le travail de collaboration intense qui a présidé à La Fin des Temples nous a permis d’entrevoir des pistes de réalisations futures, mais rien de formel n’est encore réalisé dans cette direction pour le moment.

La pièce qui précède l’Introït est Le Monde des Machines. Quel message avez-vous souhaité délivrer avec cette introduction où semble survivre en catimini un petit leitmotiv de basse ?

DJ : Ce premier mouvement de La Fin des Temples a été réalisé par James par un important travail de collecte et de mixage. Il a demandé aux musiciens de produire des sons, des bruitages et il a ensuite travaillé seul. On y entend un motif cyclique en filigrane à la basse tandis que le souffle des machines suggère une puissance qui semble avoir sa propre respiration, angoissante et froide.

Bien sûr, l’arrivée soudaine de l’Introït nous fait basculer immédiatement dans la grâce et le lyrisme par ce chant lumineux de Sébastien posé sur les accords limpides des pianos. Puis l’auditeur est emporté avec nous, tambour battant, dans ce voyage. Car c’est bien ainsi qu’il faut comprendre La Fin des Temples dans son ensemble, c’est une invitation au voyage.

Article réalisé et propos recueillis par Philippe Perrichon
– Photos : Paula MacGaw

CD : Jame MAC GAW – La Fin des Temples
(2020, Soleil Zeuhl)

Pour commander le CD physique : www.soleilzeuhl.com

Pour commander le CD numérique : https://jamesmacgaw.bandcamp.com/album/la-fin-des-temples

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