Jean-Luc THOMAS / Ravichandra KULUR – Magic Flutes

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Jean-Luc THOMAS / Ravichandra KULUR – Magic Flutes
(Hirustica / L’Autre Distribution)

JeanLucThomas_RavichandraKulur-MagicFlutesMagic Flutes, ou l’art d’épicer une crêpe bretonne à la cardamome, au colombo, au safran, au tamarin, ou tout autre épice indienne… Ça pourrait a priori avoir un goût bizarre et contre-nature. Mais c’est compter sans le savoir-faire des chefs-cuisiniers ici à l’œuvre, en l’occurrence le flûtiste breton Jean-Luc THOMAS, dont les diverses réalisations sur la label Hirustica attestent du goût du large et des rencontres transcontinentales, et le flûtiste indien Ravichandra KULUR. Ce dernier a été initié à la musique classique carnatique (Inde du Sud) depuis l’âge de six ans, et un certain Ravi SHANKAR en personne a dit de lui qu’il était un « maître de la flûte ». Ravichandra KULUR est aujourd’hui l’un des flûtistes indiens les plus demandés et, pour s’être produit dans une trentaine de pays que ce soit en accompagnant Ravi ou Anoushka SHANKAR, en concert solo ou pour des collaborations world et jazz avec des artistes internationaux tels que Ian ANDERSON (JETHRO TULL), ou Steve SMITH, Ravichandra KULUR correspond on ne peut mieux à l’image du « musicien voyageur » tels que le label Hirustica aime en accueillir sous son giron.

Jean-Luc THOMAS et Ravichandra KULUR ont initié le projet Magic Flutes en 2013 sous la forme d’un simple duo lors du TFE festival de Rudolstadt et ont tôt fait de lui faire prendre la route des Indes pour une série de concerts à Bangalore en 2014, où ils ont commencé à enregistrer. L’enregistrement s’est ensuite poursuivi en Bretagne, cette fois en compagnie du guitariste Camilo MENJURA et du percussionniste Jérôme KERIHUEL. L’album a aussi bénéficié du concours de trois percussionnistes indiens au mridangam (K.U. Jayachandra RAO), au kanjira (G. GURUPRASANNA), et au tabla et à la darbuka (Muthu KUMAR).

Ce disque est la somme de ce parcours entre la pointe du continent européen et le sous-continent indien, mais ce qu’il donne à écouter ne relève en rien de la fusion tirée à grosses ficelles, mais atteste bien plutôt de l’immense complicité et amitié entre les deux flûtistes. La flûte traversière en ébène de l’un et la flûte indienne en bambou de l’autre sont comme main dans la main dans les sept compositions que recèle cet album ; elles jouent de concert, marient leurs mélodies, dialoguent en bonne entente, se laisse parler l’une après l’autre pour mieux se retrouver dans un chant à l’unisson, soutenues avec beaucoup d’à-propos par la guitare et les percussions. Chaque thème est propice à un voyage aux images fortes et colorées dégageant une vitalité, une fluidité et une légèreté sidérantes.

La griserie qui s’empare de l’auditeur dès les premières notes du très enlevé Charukeshi ne le quittera plus jusqu’au bout du disque, s’abreuvant au cadencé Pifano Carioca ou au tournoyant Macidona India, quitte à se muer en douce hypnose lors de passages plus tamisés, comme sur Crossroads, Bhooshini ou Carnaak Nagin. D’ambiances recueillies en danses tournoyantes, de lignes sinueuses en chemins buissonniers, de méditations gondolées en cavalcades haletantes, ces « Magic Flutes » nous baladent dans une géographie sonore qui ne semble pas vouloir s’embarrasser des frontières officielles et des distances inscrites sur les bornes kilométriques. Si les parfums de l’Inde y sont évidemment privilégiés, le talent des musiciens, la magie de l’improvisation et une certaine propension au mirage que distille cette musique nous font entrevoir quelques détours andalous, klezmer, balkaniques, brésiliens et bien entendu celtiques. Vous en connaissez beaucoup, vous, des voyages en Inde qui s’achèvent au Donegal ?

Les musiques de Ravichandra KULUR et Jean-Luc THOMAS ont ce don de distiller des climats aussi aériens que primesautiers, aptes à dégager les esprits de leur pesante gangue matérielle. On aime baguenauder avec ces flûtes et leurs complices de cordes et de peaux dans ces horizons rafraîchissants et conviviaux. Magic Flutes, ou comment la combinaison de deux souffles recréent les paysages culturels en se nourrissant aux racines pour mieux déployer des branches aux feuillages polychromés et chatoyants. Laissez-vous envelopper par les charmes ondulés de la traversière et du bansuri, vos rêves n’en auront que plus de consistance et ne voudront pas s’arrêter de sitôt !

Stéphane Fougère

Sites : http://www.jeanlucthomas.com

https://www.youtube.com/user/fluteravi

Label : www.hirustica.com

 

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