Jordan CAUVIN – Guitarvision

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Jordan CAUVIN – Guitarvision
(Musea)

JordanCauvin_GuitarvisionGuitarvision est l’ultime volume de la collection 6 CD « 1978 – 2015 » de Philippe CAUVIN, et il en porte tout logiquement la lettre « N » du nom CAUVIN. Mais alors, ne manquera pas d’observer le quidam, quel malotru a donc osé profaner l’œuvre de Philippe en commettant l’impardonnable erreur d’avoir fait figurer sur la couverture du CD un autre prénom que le sien ?

Inutile de jeter l’anathème sur le graphiste ou l’éditeur, il y a là rien que de très normal. Le musicien qui s’exprime ici est bel et bien Jordan CAUVIN, le second fils de Philippe CAUVIN. Mais les compositions qu’il joue sont celles de son père. On connaissait déjà le talent du premier fils, Thibault CAUVIN, devenu un concertiste internationalement reconnu ; voici le second, qui se trouve avoir lui aussi un talent d’interprète qui ne demandait qu’à être entendu, donc enregistré. C’est chose faite avec Guitarvision, premier disque solo de Jordan qui clôt simultanément la saga archivistique de son père de par à la fois son lien familial mais aussi musical.

La filiation est de plus soulignée par le choix graphique des pochettes de la collection 6 CD. Chaque CD est illustré par une arabesque guitaristique dont un motif ne se voit pas en entier, l’autre « bout » se trouvant sur le CD suivant, et ainsi de suite… De même, l’illustration de Guitarvision complète le puzzle en affichant la suite du motif amorcé dans le précédent CD de la collection (Philippe CAUVIN EXCEPT), tout en amorçant un autre motif… dont le reste est dévoilé sur le CD Nu, premier volume de la collection qui documentait les dernières aventures solistes du papa.

Guitarvision boucle donc la boucle, mais dans un mouvement pour ainsi dire d’ouverture. En proposant à son second fils de bien vouloir intégrer la collection, Philippe CAUVIN souligne non seulement une filiation, mais aussi une histoire transgénérationnelle. On savait que la musique de Philippe se consacrait volontiers à l’espace, aux espaces. On est désormais assuré qu’elle traverse le temps.

Comme on s’en doute, avec Jordan comme avec Thibault ou avec Philippe, c’est une fois encore la guitare classique soliste qui est mise à l’honneur. Mais il ne s’agit pas pour Jordan de chercher à émuler ou à dépasser son père sur le registre du solo acoustique exposé par Nu (ou même Voie nacrée, son alter ego). Si la pièce éponyme, placée en introduction du CD, démontre la maîtrise mélodique, harmonique et rythmique de Jordan en solo, les morceaux suivants ont fait l’objet d’arrangements qui permettent d’écouter la musique de Philippe sous des angles et des reliefs inédits. Jordan se double ainsi à la guitare basse, au piano, ou encore à la guitare électrique.

Et pour déployer ce nouveau souffle qu’il entend donner à la musique de son père, il a fait appel à des complices de jeu, comme le percussionniste Antoine LAYÈRE, le batteur Jonathan LAMARQUE, et même l’ingénieur du son Guillaume THÉVENIN intervient sur quelques percussions supplémentaires. On sent à travers ces arrangements ce qui lie Jordan à une dimension plus jazz, et parfois même à une pulsation rock (cf. la version électrique de Memento), sans jamais trahir la nature des compositions de son père. En fait, cet album renvoie même des échos de différentes formules explorées par ce dernier, abordées avec la sensibilité propre à Jordan.

Et parce que la famille, c’est sacré (surtout si elle est musicale), Jordan a convié son grand-frère Thibault à le seconder sur la pièce tripartite Azar de Azahar, pour que se répande encore davantage ses fragrances hispanisantes. Cette pièce n’est pas inconnue des fidèles qui ont suivi les concerts solo de Philippe et de Thibault. Sa nature kaléidoscopique autorise des variations en terme de nombre de joueurs et d’instruments, et écouter les deux frangins dialoguer au creux de ce morceau de bravoure en dit long sur la force du lien musical entre les deux héritiers.

Au-delà de la leçon de musique que représente Guitarvision, c’est une leçon de vie, animée par la transmission, qui se manifeste dans ces notes, ces mélodies, ces harmonies… Une vie suit toujours son cours, la musique de Philippe CAUVIN fait de même et se redécouvre infiniment. La vision qu’elle incarne est de celles qui résonnent sur le long terme et savent rebondir. Avec Philippe, Thibault et Jordan, la galaxie CAUVIN emporte loin…

Label : www.musearecords.com

Stéphane Fougère

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