MOOD : L’Appel magique des constellations

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MOOD

L’Appel magique des constellations

Depuis le confinement, l’inclassable et singulière artiste MOOD a, en plus de voir annulées ses dates de concerts, dû reporter la sortie de son nouvel album, L’Appel, qui était prévue le 31 mars dernier. Cependant, l’héritière vocale de BJÖRK et de Meredith MONK a tenu à assurer ce concert en direct sur facebook depuis son domicile ainsi que deux autres performances les semaines suivantes, durant lesquelles nous avons pu entendre quelques-uns de ses nouveaux morceaux. Depuis nous avons pu découvrir les deux magnifiques clips tirés de l’album et des extraits de ce mystérieux « Appel » sont dévoilés chaque jour sur les réseaux sociaux sous forme de 13 « constellations » porte-bonheur que l’on retrouve en mosaïque sur sa chaîne Youtube.

En attendant plus de précisions sur l’année blanche qui doit être accordée aux intermittents à la suite de ces deux mois de confinement et de l’annulation des spectacles vivants pour une durée indéterminée, MOOD a bien voulu nous parler de sa situation et de ses projets, ainsi que de la conception de L’Appel, dont le concert de lancement sur les plateformes numériques aura lieu vendredi 22 mai à 21h en direct sur sa page Facebook.

Entretien avec MOOD (Maude TRUTET)

As-tu eu beaucoup de dates annulées avant et depuis le confinement? As-tu le statut d’intermittente du spectacle? Comment ça se passe pour toi?

MOOD : Comme pour beaucoup d’artistes, j’ai quasi une vingtaine de dates d’annulées suite à la crise du Covid-19.

Aucune d’entre elles ne sera indemnisée ou en chômage partiel en ce qui me concerne.

Je suis intermittente du spectacle et je suis en fin de droits (date anniversaire de renouvellement) le 14 juillet prochain.

Seulement, avec ces dates annulées, j’ai perdu les 507 heures que j’avais réussi à obtenir pour renouveler mes droits et le délai actuel mis en place ne décalerait ma date anniversaire qu’en mi-septembre ; or mes dates ne seront pas remplacées d’ici là.

Ce qui signifiait avant la dernière annonce d’E. Macron que je risquais, comme beaucoup, de perdre mon statut si les mesures de délai exceptionnel n’étaient pas réévaluées à la sortie du confinement. Cette annonce représente donc une véritable forme de soulagement en attendant d’en savoir plus.

Cette période reste une grande période d’incertitude comme pour tous les acteurs du spectacle vivant, de la musique, de l’évènementiel, mais aussi de tous les petits commerces et certains de mes employeurs comme les festivals, les petites salles et les cafés concerts. Mais je profite de cette période pour être totalement connectée à ce qui fait sens en moi et à mon identité profonde, à la nature, à l’essentiel, au mouvement de la vie, à de nouvelles formes d’inspirations pour demain.

Tu sors bientôt un disque que tu as mis plusieurs années à préparer. Peux-tu nous parler de sa conception, des musiciens qui t’accompagnent?

MOOD : J’ai décidé de sortir mon album L’Appel à la fin du confinement, le vendredi 22 mai prochain.

C’est un disque qui est effectivement écrit depuis des années. Je l’ai préparé entre 2016 et 2018 et il a failli être enregistré plus tôt deux autres fois avec d’autres réalisateurs, avant de pouvoir être enfin réalisé avec mon ami complice Jacques-Yves LAFONTAINE du Studio Le Rocher, qui a également réalisé mon tout premier album avec mon premier groupe L’EFFET DÉFÉE en 2010.

J’ai enregistré tous les titres en jouant de tous les instruments, puis j’ai fait appel à différents amis musiciens additionnels en post-prodution.

Je suis très fière d’avoir pu inviter mon ami américain William Z. VILLAIN sur le titre Forêt de Croix, Jacques YVES à réaliser de nombreux arrangements synthés, machines, Erwan RAGUENES aux claviers modulaires, Sylvain BAROU le merveilleux Krishna breton aux flûtes, mon père au shenai et aux trompes tibétaines, mon tonton en cello invisible et mon ami « dragon » Stéphane KERIHUEL aux larsens de guitare ; Uriel BARTHÉLÉMI qui joue avec moi en live a réalisé aussi la post pro-électro du titre Out of Body et notre ami HBT (Julien HAGUENAUER) a réalisé celle du titre éponyme L’Appel ; mon amoureux au kamélé n’goni, didgeridoo & cymbales… ce disque est donc aussi une affaire de famille!

Tu as sorti deux clips récemment sur Youtube, pour faire la promotion de L’Appel. Peux-tu nous raconter l’histoire de ces deux clips ?

MOOD : J’ai eu la chance de réaliser les clips de Vénus et de Minuit avec deux réalisateurs surréalistes oniriques extraordinaires et très créatifs: Octave LAURET et Ruby CICERO.

Octave est un ami proche depuis quelques années et il a réalisé l’intégralité de la pochette de cet album, aussi nous avons réfléchi à une véritable charte graphique, ligne guide et symbolique de l’ensemble de ce disque, de cette constellation de chansons, ce conte initiatique divisé en 13 volets. De façon très naturelle, nous nous sommes tout de suite accordé sur le fait de réaliser ensemble le clip de Vénus, autour de l’univers mythologique et charnel de la déesse. Nous avons tourné en une journée, dans l’appartement d’Octave et de sa mère, en plein Paris Saint-Lazare, avec la complicité du réalisateur Raphael SARTORIS, en décembre 2019.

Pour réaliser Minuit, j’ai eu le plaisir de contacter Ruby CICERO que j’ai découvert avec le sublime clip de LA CHICA, The Sea, qui m’avait absolument fascinée. Elle m’a très vite proposé cet univers nippon autour de la vie amoureuse et mystique des geishas. Le tournage a eu lieu dans une véritable maison traditionnelle japonaise dans la région de Montpellier, chez Enzo MANOMAJI – Le Bol et le Tatami – avec une plus grosse équipe, des super acteurs, figurants, des petites mains magiques, un tournage intense de deux jours, avec la complicité du réalisateur Arsène CHABRIER. C’était une super aventure, et j’ai porté pour la première fois un véritable kimono traditionnel doré très lourd! C’était magnifique.

Les vues sur Youtube t’apportent-elles des rencontres, des dates de concert, une rémunération ?

MOOD : Pour le moment aucunement en toute honnêteté… Il en faut des milliards pour que cela pèse un peu. 😉 Mais cela permet de très beaux échanges poétiques avec le public, c’est une autre façon de créer du lien, de façonner les rêves…

Depuis le début du confinement, tu as déjà fait trois concerts en direct. Comment cela s’est-il passé pour toi, techniquement et avec le public ? Envisages-tu d’en faire d’autres?

MOOD : Ces moments de rassemblements virtuels m’ont beaucoup aidé psychologiquement durant cette période. C’est très difficile pour un artiste le sentiment d’inutilité, de ne pas pouvoir partager sa musique en scène, de ressentir une forme de censure… alors même si ce phénomène est international, le fait de « retrouver » le public de cette autre façon redonne un peu de force. J’ai été très agréablement surprise du retour des gens, de leur enthousiasme, de leur soutien et l’expression de leur gratitude… c’était paradoxalement très puissant, de sentir les gens, de les lire dans leur réaction spontanée à défaut des applaudissements, et j’avais un vrai trac!

Techniquement ça a été un véritable challenge, car jamais je n’avais fait cela ; et j’ai la grande chance d’être confinée avec mon compagnon (Jonathan CESARONI) qui est mon régisseur son /lumière /vidéo, aussi nous avons appris beaucoup sur les technologies de streaming et notre deuxième live (Festival Chauffer part en Live le 3 avril organisé par Chauffer Dans La Noirceur / Tour2Chauffe) était une vraie révolution technique par rapport au premier live (sur Concert en Direct On Air le 31 mars). Sur le troisième et dernier live (le 12 avril sur 8000 Tambours) j’ai tenu à expérimenter le concert en version minimale et acoustique, seule sans technicien avec une configuration plus légère et c’était intéressant aussi. Je n’avait pas envie d’alimenter la sur-abondance de propositions et d’en faire trop, mais je peux déjà annoncer que je referai un dernier live web pour fêter la sortie du disque sur les plateformes vendredi 22 mai et j’en suis ravie!

Nous t’avons vue à cette occasion jouer de la guitare et des percussions. Envisages-tu d’intégrer de nouveaux instruments à tes spectacles?

MOOD : Peut-être oui. Toutes les réactions sur la guitare, c’était adorable et ça me donne envie d’essayer plein de choses ! Cette période donne envie de nouveauté, de renouvellement et de réinvention, et j’en profite comme d’une résidence de création en ce sens, et à l’écriture du troisième album. Je projette aussi de commencer à maquetter mon troisième album dans les semaines à venir.

As-tu eu l’occasion de répéter le spectacle de L’Odyssée Intérieure en trio par internet?

MOOD : Absolument pas, mais nous avançons sur la forme solo avec une nouvelle création mapping vidéo avec Jonathan, avec L’Odyssée Intérieure pour Les Dominicains de Haute-Alsace où nous sommes artistes associés.

Est-il facile de trouver des dates de concerts pour la rentrée de septembre et les mois suivants? As-tu déjà des projets en cours pour la fin de l’année ou pour l’année prochaine?

MOOD : Difficilement… Ce temps d’arrêt planétaire concerne tous les domaines, et le domaine du spectacle vivant très concrètement. Entre les élections municipales non effectuées et le corona, il n’y a plus aucune visibilité / possibilité de prospecter, et la saison prochaine (si elle a lieu et selon les structures d’accueil, car certaines sont très clairement menacées) va être une année de report de certaines dates annulées… Mais de là à projeter quoi que ce soit c’est à l’heure actuelle impossible, même si j’ai déjà confirmation de certains reports sur l’automne.

Mais je suis contente de cette respiration pour la planète et je souhaite de tout cœur que la vie d’après pourra redémarrer en meilleur intelligence avec le Vivant et les lois de la nature, quelle que soit la situation…

L’excellente nouvelle est que la date de « release party » est reportée le 08/10/20 aux Trois Baudets ! Je serais aussi le 29 septembre au Festival La Voix est libre avec Alain DAMASIO et Yan PÉCHIN, le 8 novembre à l’aquarium de Nancy… Toutes les surprises à venir sur www.mood-mood.com 😉

Par ailleurs, je peux te dire que cette saison 2020-2021 devrait voir éclore une nouvelle création très particulière et chère à mon cœur, une rencontre en duo avec la vocaliste iconoclaste touvaine Sainkho NAMTCHYLAK, en partenariat avec la complicité de Philippe LeGOFF à Césaré, Centre de création musicale à Reims. Un rêve d’ado pour moi!

On croise les doigts, la première de la création aurait lieu le 17 avril 2021 à Césaré pour le Festival La Magnifique Avant Garde…

Le mot de la fin ?

MOOD : Prenez soin de vous et ouvrez-vous à vos rêves, jardinez vos cœurs, vos vies, vos envies, vos maisonnées, transformons ce monde vers ce que nous rêvons pour tous en nous transformant de l’intérieur.

Entretien réalisé par Sylvie Hamon
Photos : captures vidéos

 

Site MOOD : www.mood-mood.com

Un exemplaire dédicacé peut être commandé en contactant MOOD sur son site www.mood-mood.com

 

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