Matias AGUAYO & THE DESDEMONAS – Sofarnopolis

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Matias AGUAYO & THE DESDEMONAS – Sofarnopolis
(Crammed Discs)

Sorti il y a quelques mois déjà sur le label Crammed Discs, cette curiosité post-électronique teintée de cold wave et d’un certain esprit du krautrock vaut la peine d’en parler. C’est une découverte comme il y en a parfois dans le vaste univers de la musique : Matias AGUAYO & THE DESDEMONAS va particulièrement séduire les passionnés de rythmes sauvages et entraînants, de mélodies diaboliquement vénéneuses et de chansons accrocheuses  et dansantes.

Matias AGUAYO, chanteur, multi-instrumentiste, né au Chili et basé en Allemagne, est plutôt connu pour être un producteur de musique électronique et un DJ à la solide réputation. Depuis presque vingt ans, son nom est associé au fait d’avoir popularisé la techno minimale.

Ce drôle de groupe est un projet artistique complet à tous les niveaux qui dépasse aussi largement les frontières de la musique.  THE DESDEMONAS est en fait une bande d’ados dans un monde « dystopique » ; leur histoire étant racontée dans les chansons, des B.D. et des vidéos tirées des dessins de Matias.

Ce disque prend ses sources dans le rock le plus sombre qui l’a tant marqué durant son adolescence. Il est accompagné de musiciens assez fabuleux qui ont pu improviser et créer dans une osmose totale : le bassiste, guitariste colombien Gregorio GOMEZ, le batteur italien Matteo SCRIMAL et le claviériste allemand Henning SPECHT.  Le quatuor offre ainsi de solides compositions, dont une reprise des ZODIACS (le magnifique Walk on By dont la mélodie est aussi chaloupée que la démarche d’une féline), le tout ayant été enregistré à Berlin, Cologne et à Göteborg en Suède.

Sofarnopolis est constitué de treize titres et c’est plutôt rare de le dire, mais chacun des morceaux vaut vraiment le détour, possédant une énergie communicative et une ambiance particulière.

L’album débute avec une pièce instrumentale incroyable, très dark et atmosphérique, une parfaite soundtrack pour un film à la David LYNCH : 6am nous fait découvrir un son de basse pénétrant, qui n’a rien à envier à ce qu’a pu faire un groupe comme TUXEDOMOON. Et cette basse sublime va nous accompagner pendant toute la durée de l’album.

Le décor est ainsi planté. Direction Sofarnopolis, une ville fictive, où se déroulent les histoires de ces chansons.  C’est peut-être même un monde parallèle où des groupes (THE DESDEMONAS, SOLID BRASS, COLD FEVER) jouent de la musique dans des clubs. L’univers de ce groupe se veut mystérieux, ombrageux mais aussi très rythmé et non dénué d’une certaine sensualité : il ont ciselé des chansons parfaites, hyper-mélodiques, très dansantes; il y a des origines latinos sur Nervous, cette batterie très NEU! ou plutôt très JOY DIVISION (Sound of Music) sur Supreme, les nappes de synthés lancinantes entre YELLO (I was a Star) et SUICIDE (Supreme) et enfin cette ribambelle de chansons quasi-obsédantes : I was a Star, Cold Fever, l’hypnotique Vocal Arranger, Amiga avec ce son de basse très CURE ou le flamboyant Boogie Drums qui pourrait être qu’ une chanson toute simple telle une ballade entêtante, s’il n’y avait pas ce déferlement incantatoire, cette transe world tribale menée par la batterie et les percussions.

Nous découvrons aussi entre les chansons quelques petites pièces instrumentales vraiment passionnantes qui diffusent une atmosphère bien singulière : The Rabbithole, féérique et étrange creuse de sillons profonds vers un monde des plus secrets.. Tandis qu’After Love est plus dans une tension permanente qui finit par exploser avec la présence rugissante d’Étienne JAUMET au saxo.  Et pour finir ces intermèdes instrumentaux, Dream Sequence donne l’impression d’être plongé dans un rêve, de flotter parmi les nébuleuses lointaines… Avant de revenir sur des ambiances plus sombres avec la chanson finale Antidato, réveillant cette tension quasi-omniprésente et palpable à travers cette intense ligne de basse.

Ce disque paru sur Crammed Discs est un de ses pépites à ne pas rater parce qu’il réveille en nous des souvenirs de ce qu’il y avait de meilleur dans les années 1980. La musique menée de main de maître par cette basse incroyable, les compositions solides et vraiment originales et les voix (le chant parfois coloré/habité de Matias, secondé  par celle, très sensuelle, de Juliana GATTAS) ont vraiment tous les ingrédients pour nous séduire.

Cédrick Pesqué

Label : http://crammed.be/

 

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