SWELL MAPS – Mayday Signals

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SWELL MAPS – Mayday Signals
(Easy Action Records)

Si vous souhaitez découvrir ce groupe légendaire de la vague punk anglaise, alors ce disque n’est certainement pas pour vous. Quoique !!! Le fameux label anglais nous propose ce fascinant Mayday Signals, soit au total trente-six titres, dont de nombreux inédits, des SWELL MAPS, le groupe qui réunissait Nikki SUDDEN, son frère EPIC SOUNDTRACKS, tous deux disparus depuis déjà quelques années, notre ami Jowe HEAD mais aussi David « Phones » BARRINGTON (aka Phones SPORTSMAN), John « Golden » COCKRILL et Richard « Biggles » EARL. 

Ce disque (existant à la fois en format double LP et CD) est d’un intérêt évident pour nous, car il contient des enregistrements (spécifiquement ceux de la période 1976-1977) ne provenant pas de studios. Il s’agit tout bonnement de « home recordings » réalisés chez eux (chambres, salons) ou dans divers garages, notamment à Solihull.  Le reste (les titres 23 à 36, datant des années 1978-1979) a été enregistré dans des studios à Cambridge puis à Leamington Spa (où nous retrouvons ici le célèbre John RIVERS qui sera un fidèle dans la carrière de SUDDEN et aussi des JABOBITES).

Nous devons signaler que ce disque est un complément à une autre compilation, sortie il y a quelques années, et qui a pour titre Wastrels and Whippersnappers (successivement sur les labels Overground Records puis sur Munster Records, et incluant uniquement des « home recordings » réalisés entre 1974 et 1977).

Aussi, la track-list de Mayday Signals contient par conséquent quelques titres déjà connus. Les SWELL  MAPS n’étaient pas un groupe ordinaire. Leurs influences étaient diverses et multiples et cela se ressentira toujours dans leurs musiques. Ils étaient punks, radicaux, de purs exemples de l’idéologie D.I.Y., mais ils étaient aussi psychés, rocks et  même expérimentaux. Les MAPS brisaient ainsi les frontières sonores ne souhaitant pas se limiter à un genre musical, le punk, et pour l’époque, ils n’étaient pas si nombreux à être aussi aventureux. Il était étonnant de savoir que certains membres écoutaient aussi TANGERINE DREAM ou même Peter HAMMILL. Leur musique était d’une grande richesse.

Et ce Mayday Signals, comme les précédents disques existants du groupe, le prouve de nouveau. Il y a par exemple une surprenante reprise de Chuck BERRY (Almost Grown, une chanson de 1959) parmi d’autres ovnis soniques de quelques secondes, parfois assez « désordonnés ». Nous avons l’impression d’être plongés avec eux dans leur chambres ou leurs garages, et de découvrir des sortes d’ébauches d’un groupe en pleine recherche et en mode total d’expérimentations (cela concerne surtout ici les enregistrements de « fabrication maison »).

Puis, progressivement, nous voyons que quelque chose de plus consistant commence à prendre forme et nous abordons des morceaux, disons plus travaillés, des chansons expéditives et sacrément punks (le fameux Read About Seymour, qui deviendra leur premier single en 1978, International Rescue, Armadillo pour ne citer que ces exemples) mais également des pièces instrumentales surprenantes (Avalanche Prelude avec son côté lourd, métallique, menaçant, très krautrock ou ce Deliverous Mistail, aux intonations plus crimsoniennes – période Red – et krautrock).  Nous pouvons redécouvrir aussi cette petite composition de 1977 avec EPIC, seul au chant et à l’orgue, intitulée Organism, rappelant étrangement l’univers de Robert WYATT. Les deux finiront par travailler ensemble bien des années plus tard.

Les SWELL MAPS étaient un collectif de musiciens dont les goûts allaient de T-REX (SUDDEN était un grand fan de Marc BOLAN), BOWIE à KING CRIMSON (une des nombreuses formations pré-MAPS s’appelait CIRKUS, et regroupait EPIC, Dave et John), V.D.G.G et aussi le groupe allemand CAN (EPIC adorait le style de Jaki LIEBEZEIT). Leur culture musicale était immense.

Il était donc normal alors que ces gamins de Solihull, ayant grandi à une époque en pleine effervescence rock, décident de se retrouver pour répéter et enregistrer là où ils pouvaient (garages, salons, chambres) pendants leurs vacances puis finalement poussés par l’explosion punk qui allait secouer le monde entier, de se mettre à faire eux aussi des disques comme leurs idoles.

L’originalité de leur univers est qu’ils jouaient des instruments basiques (guitares, basse, batterie), mais aussi n’hésitaient pas à explorer le monde infini du son en utilisant tout ce qui pouvait tomber entre leurs mains (objets bizarres, ustensiles de cuisine), arrivant à créer ainsi des pièces à la fois drôles et complexes. Lisez le livret et les notes de Nikki et de Jowe si vous souhaitez en savoir plus sur cette formation passionnante.

À l’écoute de ces morceaux, majoritairement expédiés en moins de 2-3 minutes, leur fabuleuse musique continue de fortement résonner aujourd’hui, car elle est imaginative, variée, énergique, drôle et intense. Le dernier titre de ce disque, Tibetan Bedsprings, en est l’exemple ultime.

De plus, pouvoir entendre ces inédits (dont certains de leurs classiques dans des versions alternatives comme Whatever Happens Next en acoustique ou ce très court et hilarant Secret Island Choir), et surtout retrouver la merveilleuse voix de Nikki,  parfois défaillante et touchante, est un cadeau inestimable pour tous les fans.

Cédrick Pesqué

Site : Easy Action Records – A British Rock ‘n’ Roll Label

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