Trilok GURTU / ARKÉ STRING QUARTET – Arkeology

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Trilok GURTU / ARKÉ STRING QUARTET – Arkeology
(Promo Music)

L’inter-culturalité, on le sait, est une marotte de Trilok GURTU, dont la science (poly)rythmique lui a permis de donner corps à des projets de rencontres assez diversifiés, que ce soit avec de grands noms du jazz (John McLAUGHLIN, Joe ZAWINUL, Don CHERRY…) comme avec des musiciens de tradition, qu’elle soit indienne ou africaine. Fusions ethniques, world-jazz, banghra, électro-pop, ses aventures changent constamment de décor, et sa nouvelle création le voit frayer un chemin encore inattendu avec un quatuor italien de musique de chambre contemporaine, l’ARKÉ STRING QUARTET, lui-même très à l’écoute de ces musiques provenant d’autres continents ou cultures et ouvert aux mélanges contemporain-jazz, comme en a témoigné son CD Acquario (Egea, 2004).

Au moins, quelles que soient les disparités des traditions d’origine qui ont nourri chacune des parties, les artistes ici réunis partagent une motivation semblable, celui qui pousse à construire une langue commune à partir d’éléments culturels en apparence très éloignés. Du reste, ce n’est pas la première fois que l’ARKÉ STRING QUARTET enregistre avec Trilok GURTU, puisque ce dernier l’avait déjà réquisitionné pour l’enregistrement de trois morceaux sur son album réalisé en 2004, Broken Rythms, dans lequel les cordes du quartet résonnaient avec les chants de gorge de HUUN-HUUR-TU. Ce nouvel album pousse bien plus loin la collaboration, les compositions ayant été écrites par chacun des membres de l’ARKÉ et par le percussionniste indien.

Arkeology est principalement une histoire de cordes et de peaux, à la fois acoustiques et électriques. Les dix compositions de ce CD offrent des mélodies sinueuses et captivantes aux ornementations subtiles et aux atmosphères finement dessinées, enluminées et vivifiées par les pulsations animistes des rythmiques de Trilok GURTU.

Si le drumkit, le tabla et les percussions diverses de celui-ci font voyager du jazz à la musique indienne en passant par les musiques africaines et du Maghreb, la palette de l’ARKÉ STRING QUARTET fait preuve elle aussi d’une belle variété, comprenant violons, viola, contrebasse, mais aussi dilruba, ukulele, guitare basse et kalimba.

Balahto ouvre le disque avec une jovialité contagieuse qui se diffuse également dans Kermansah, bel exemple de construction tortueuse aux accents jazz-rock contemporain.

Nanda et la seconde moitié de Taranta Suite renvoient de fort échos d’influence méditerranéenne, que viennent contraster la langueur toute méditative de Fès ou l’enivrante tension progressive de Folded Hands. Rien ne sent le labeur forcé, tout respire au contraire la simplicité, l’assurance et la foi dans le partage.

L’association cordes classiques et percussions (notamment tablas) n’est certes pas nouvelle (souvenons-nous de la première collaboration du KRONOS QUARTET avec Zakir HUSSAIN dans Kronos Caravan), mais le mélange opéré ici ouvre de nouvelles brèches, joue la carte du panoramique, se pare de riches et plantureux parfums et offre un paysage aux reliefs foisonnants.

Ces « fouilles arkéologiques » révèlent moins un mythique passé enfoui qu’elles circonscrivent les contours d’un territoire inédit et spécifique à ses géniteurs. Et il fait bon s’y aventurer…

Stéphane Fougère

Site : www.trilokgurtu.com

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°31 – avril 2007)

 

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