In Praise of ART BEARS

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In Praise of ART BEARS

art-bears-photo-articleHéritier légitime de HENRY COW, le trio formé de Chris CUTLER, Fred FRITH et Dagmar KRAUSE est au coeur même de l’aventure qui a initié le Rock In Opposition et à l’origine de la création du label Recommended Records. Son apport aux musiques dites nouvelles et progressives d’avant-garde, bien qu’évident, ne semble cependant n’avoir été reconnu qu’à voix basse jusqu’à présent.

Privilégiant le format chanson aux constructions filandreuses, ART BEARS n’en a pas moins bouleversé le genre par ses expérimentations sonores, l’intégration d’éléments rock, de tirades folk, de textures électroniques lo-fi, mais aussi ses climats gothiques, ses tensions dramatiques, ses embardées dissonantes et son inhabituelle méthode de composition où les techniques de studio sont exploitées à loisir, sans oublier les bouleversants timbres vocaux imprégnés de trouble « germanitude » de Dagmar KRAUSE.

La parution du coffret The ART Box est l’opportunité de retracer le parcours de ce groupe au caractère unique, auteur de seulement trois disques et de quelques morceaux égarés. Son empreinte dans les esprits « recommandés » a fait l’objet d’une revalorisation par l’entremise du projet ART BEARS Revisited, dans lequel se sont impliquées de grandes figures du label ReR.

RYTHMES CROISÉS vous propose donc de rendre une nouvelle visite à ART BEARS, d’hier à aujourd’hui…

* ART BEARS… as it was yesterday

In Two Minds : de HENRY COW à ART BEARS

La naissance d’ART BEARS tient quasiment du lapsus. Nous sommes au début de l’année 1978. Après avoir sillonné depuis plusieurs mois les routes du continent européen, parfois sous la bannière de L’ORCKESTRA, créé avec le MIKE WESTBROOK BRASS BAND, HENRY COW, qui vient de rompre son contrat avec la firme Virgin, sent qu’il est temps d’enregistrer un nouvel album en studio ; le dernier, In Praise of Learning, remontant quand même à 1975. Mais le groupe est un peu à court de matériel, mis à part une pièce épique d’une vingtaine de minutes baptisée alors Erk Gah (qui deviendra Hold to The Zero Burn, Imagine sur l’album de Tim HODGKINSON, Each in Our Own Thoughts).

Une demande est faite à Chris CUTLER de réécrire le texte de cette pièce. Compte tenu des trop courts délais pour pareille tâche, CUTLER a proposé d’écrire à la place des textes pour un disque qui serait plus orienté chanson, une idée que Fred FRITH partageait avec lui depuis quelque temps. Le groupe a d’abord acquiessé.

Dagmar KRAUSE, qui avait quitté HENRY COW depuis octobre 1977, fut invitée à assurer le chant durant les séances de répétition et d’enregistrement. Passées celles-ci, Tim HOGKINSON et Georgie BORN ont, lors d’une réunion, fait valoir leur réprobation sur ce matériel fraîchement enregistré qui ne correspondait pas selon eux à la voie dans laquelle HENRY COW devait s’engager. FRITH et CUTLER ont donc pris sur eux de payer la session studio et de sortir un disque sous un autre nom avec les morceaux « rejetés » (à l’exception des instrumentaux Half The Sky et Slice, et de Viva Pa Ubu, qui resteront crédités à HENRY COW ; le premier se retrouvera sur l’album Western Culture et les deux autres échoueront sur la compilation Recommended Records Sampler en 1982). ART BEARS est né.

Ce n’était pourtant pas la première fois que HENRY COW affrontait le « style » chanson puisque pratiquement chacun de ses disques en comportait une, et que sa collaboration avec SLAPP HAPPY a engendré deux albums (Desperate Straights et In Praise of Learning) motivés par le souci de trouver une unité entre textes et musique dans une optique activiste de résistance révolutionnaire et critique. En fait, sur le plan interne, ils ont surtout abouti à une situation mettant en évidence des rapports de force entre différentes aspirations qui ont entraîné l’implosion de SLAPP HAPPY et le retour de HENRY COW à une musique surtout instrumentale.

Mais la naissance d’ART BEARS programmait nécessairement le sabordage de HENRY COW, sabordage qui fut consenti mais juste différé de quelques mois après cette session d’enregistrement en Suisse en janvier 1978. La fin de HENRY COW a été programmée pour en quelque sorte mieux préparer sa renaissance sous une autre forme. Et ce n’est sans doute pas un hasard si le premier concert du mouvement Rock In Opposition s’est tenu à Londres en mars 1978, juste avant que FRITH, CUTLER et KRAUSE ne rejoignent la voie des studios pour enregistrer les derniers morceaux de cet album qui sera baptisé Hopes and Fears.

Ce qui devait être le cinquième album de HENRY COW est ainsi devenu, par un de ces singuliers tours du destin, le premier du trio ART BEARS, constitué donc de Chris CUTLER, de Fred FRITH et de Dagmar KRAUSE, soit une portion de HENRY COW, augmenté pour l’occasion de Tim HODGKINSON, Lindsay COOPER et Georgie BORN, soit… HENRY COW au grand complet ! (Il faut noter au passage que la bassiste Georgie BORN est de ce fait singulièrement plus présente sur cet album d’ART BEARS que sur l’ultime disque de HENRY COW, dont elle a pourtant fait partie pendant deux ans !)

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ART BEARS – Hopes and Fears (1978)

À partir du moment où il a été convenu que ce disque ne sortirait pas sous le nom HENRY COW, Chris CUTLER a cherché à élaborer une armature conceptuelle susceptible de relier ces chansons conçues indépendamment les unes des autres. Sur les treize pièces que comporte le premier disque d’ART BEARS, outre celles enregistrées en Suisse au début de l’année 1978, deux chansons existaient déjà du temps de HENRY COW, mais n’avaient apparemment jamais été jouées en concert ni enregistrées (Joan et The Pirate Song). Trois autres chansons (The Tube, The Dance et Piers), auxquelles s’est ajouté l’instrumental Terrain, composé par FRITH, ont ainsi été écrites pour compléter le « tableau » lors d’une nouvelle séance d’enregistrement en mars 1978 au studio Kaleidophon à Londres.

Sur le plan stylistique, ce disque propose un nouveau regard sur le format chanson qui n’a rien à voir avec celui exposé par HENRY COW dans In Praise of Learning et encore moins avec SLAPP HAPPY. Certes, les morceaux enregistrés avec tous les membres de HENRY COW en janvier 1978 possèdent encore des traces de l’esthétique « henrycowienne », versant composition s’entend. On trouve ainsi des relents de structure progressive dans l’instrumental Terrain, le quasi instrumental Moeris Dancing (dans lequel Dagmar se contente de vocaliser) et, surtout, dans la pièce épique In Two Minds, qui contient implicitement un hommage à THE WHO (!).

Mais plus étrange est cependant The Pirate Song, anormalement dépouillée pour une chanson écrite du temps de HENRY COW (avec juste Dagmar KRAUSE au chant et Tim HODGKINSON au piano) !

Pour le reste, nous avons bel et bien affaire en majorité à des chansons totalement affranchies des formats usuels et rendues suffisamment élastiques pour intégrer des séquences instrumentales garnies de dissonances ouvragées, de textures rythmiques ciselées, de phrases guitaristiques alambiquées, de sinuosités pianistiques et de béances bruitistes contrôlées, sur lesquelles la voix de Dagmar KRAUSE flotte miraculeusement, avec un détachement déroutant qui amplifie d’autant la teneur émotionnelle des morceaux. Sur le plan strictement instrumental se lit également l’attachement de Fred FRITH à une inspiration folklorique balkanique, principalement dans The Dance, Terrain et Moeris Dancing, pièces qui devaient donner l’impulsion de base pour son album Gravity.

On remarquera de plus le lien de parenté musicale entre The Dividing Line et Riddle, le premier étant conçu à partir du thème passé au ralenti du second. Ce genre de procédé a orienté ART BEARS vers une méthode de composition peu banale dont l’utilisation a été systématisée par la suite. Ainsi, pour les quatre derniers morceaux qui ont été enregistrés en trio en mars 1978, le studio a été employé comme outil de composition exclusif : pas de répétition, pas de jeu collectif, pas de discussions, pas d’idées préconçues sur les arrangements, mais manipulation et modification de vitesse des bandes, enregistrement spontané par-dessus, collages, boucles etc., bref, un vrai jeu de construction !

De par sa nature hybride, Hopes and Fears a souvent été considéré, sur le plan conceptuel, comme le plus vague, si ce n’est le moins cohérent, des disques d’ART BEARS. Néanmoins, on peut dégager deux constantes thématiques : la mythologie des dédales et des labyrinthes (Maze, Labyrinth…), et la narration à la première personne du singulier. D’observations psychologiques (portrait d’une schizophrénie adolescente dépeint dans In Two Minds) en allégories politiques (chasse aux sorcières évoquée dans Joan, relatant la vie de Jeanne d’Arc, allusion au mur de Berlin dans le lugubre The Dividing Line) ces « espoirs et peurs » pavent un chemin décidément bien tortueux à travers les recoins les plus austères de l’âme humaine. L’ouverture du disque sur une adaptation de On Suicide, un texte de Bertold BRECHT, est assez significative du type de discours que tient ART BEARS : un déni de la résignation et une exhortation à l’action.

À défaut de posséder une unité conceptuelle flagrante, Hopes and Fears se lit (et s’écoute) comme un ensemble de points de référence et de lignes d’horizon qui traceraient une carte mentale et sensible, un relevé topographique dans cette quête de connaissance et de vérité que les gens de HENRY COW poursuivent depuis le début. Dans le livret qui accompagnait le 33 Tours d’origine, on pouvait lire : «La meilleure théorie est une carte qui montre tout, qui vous donne les conditions qui déterminent le changement. Cette carte est là où l’explorateur commence.»

À bien des égards, Hopes and Fears peut s’appréhender comme une sorte d’ »opéra de quat’sous » nanti d’une architecture sonore ésotérique et profuse d’où émanent des relents de mystère gothique. Épuré et dense tout à la fois, ce disque, bien que ne relevant pas stricto sensu du modèle structurel progressif tel que HENRY COW l’a exploité, comporte, l’air de rien, bon nombre d’ingrédients qui feront les choux gras des premiers de la classe de l’actuel « prog’ in opposition ». Et enfin, son existence a conditionné la création par Chris CUTLER du label indépendant Re Records, transformé ensuite en Recommended Records, qui allait devenir une mine de référence mondiale de plusieurs démarches musicales libérées des diktats mercantiles.

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ART BEARS – Winter Songs (1979)

Si l’on pouvait encore croire qu’ART BEARS n’était qu’un « side project » avec Hopes and Fears, en raison des conditions qui ont déterminé sa conception hybride, plus aucun doute n’est possible quant à l’identité de véritable groupe qu’il affiche avec Winter Songs. À l’époque où il est enregistré, soit en novembre et en décembre 1978, HENRY COW n’est plus qu’un souvenir. CUTLER et FRITH s’investissent dans ce nouveau disque avec encore plus de détermination et, là où Hopes and Fears en est passé par deux grands stades de conception, Winter Songs a été conçu d’une traite, en une quinzaine de jours. ART BEARS a en effet amplifié son usage de la méthode de composition qui avait servi pour certains morceaux du précédent album. CUTLER a d’abord écrit les textes, les a soumis à FRITH, qui les a mis en musique.

Le trio s’est ensuite retrouvé au studio (en l’occurrence le studio Sunrise, à Kirchberg, en Suisse), a défini une structure d’accords pour chaque morceau puis a conçu une première piste pour la mélodie de chant que Dagmar KRAUSE devait apprendre pendant que les deux autres construisaient les morceaux pour ainsi dire son par son, usant des techniques de studio, avec l’aide inestimable de l’ingénieur du son Etienne CONOD, dont le rôle a été primordial. Aucune répétition n’a été faite, rien que de l’ »overdubbing » !

Pour cet album, Chris CUTLER avait une idée très précise du concept qui devait en définir la tonalité. Il l’a du reste élaboré expressément pour ART BEARS et a ainsi couché sur papier quatorze courts textes inspirés par les bas-reliefs et les sculptures du porche central de la cathédrale d’Amiens, à l’exception de The Bath of Stars, inspiré d’un bas-relief de Notre-Dame de Paris et de Force, inspiré par la tombe de François II Duc de Bretagne, à la cathédrale de Nantes. Des photos de ces sculptures figurent dans le livret en complément des textes des chansons. L’ombre de l’alchimiste FULCANELLI et de son Mystère des cathédrales rôde aussi évidemment dans les arcanes textuelles de CUTLER.

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La surprise est grande par rapport au premier album : aux observations psychologiques et aux revendications politiques exposées dans Hopes and Fears succèdent descriptions de personnages archétypaux figurant dans ces bas-reliefs médiévaux et réflexions pilosophiques. Avec Winter Songs, ART BEARS procède à l’occultation profonde de son discours politique et cherche dans l’ésotérisme de l’ »âge sombre » médiéval les principes fondamentaux de la transformation de la conscience individuelle et collective, indispensable à toute forme de lutte pour la libération.

Les textes volontiers abstrus de Chris CUTLER prennent l’allure de visions censées éclairer un parcours initiatique mais formulées en termes ésotériques, comme il est de tradition. La succession de ces piécettes qui peinent à dépasser les trois minutes en général semble tracer le fil d’une histoire mettant en avant un garçon qui entre dans le monde guidé par une main divine (The Baths of Stars), découvre le pouvoir de l’argent, la pauvreté, la guerre, la révolution et acquiert chemin faisant divers degrés de la connaissance symbolisés par les changements de saisons et de roues (The Summer Wheel, The Winter Wheel) puis accède au degré ultime, l’illumination, exprimé par une troisième roue perçue comme le passage de l’ignorance à la connaissance (Three Wheels). On se perd toutefois en conjectures quant à savoir si cet état est réellement atteint, comme si CUTLER, plutôt que de balancer un « happy end » téléphoné, préférait nous laisser goûter l’expérience et en définir l’issue par nous-mêmes.

C’est ainsi dans une ambiance intimiste que nous immergent ces « chansons hivernales », avec dès l’introduction une nappe d’orgue de rigueur sur laquelle la voix de Dagmar est dédoublée en accent lyrique et en murmure. Puis First Things First procure un frisson d’inquiétude quand on entend Dagmar chanter dans un curieux dialecte kobaïen… Et pour cause, sa voix est passée à l’envers, puis finit par repasser à l’endroit !

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Le climat de recueillement qu’instaure bon nombre de pièces se double généralement d’une sensation de malaise, de doute hyperbolique, d’une tension imperceptible. Fred FRITH tient les guitares, les claviers, le violon et le xylophone, dispensant une grande variété de jeu, de l’atmosphérique au dissonant, du pastoral au grinçant. De même, les parties de batterie de Chris CUTLER peuvent se faire martiales et plombantes (The Slave), ou au contraire déliées, profuses, lorgnant presque vers le jazz-rock (The Summer Wheel). Et quand les sons de percussions sont compressés ou passés à l’envers, et que l’on y mêle des bribes de voix renversées, comme dans Man and Boy, on bascule carrément dans le mirage science-fictionnesque glauque.

Les chansons se suivent avec parfois un art consommé de la rupture atmosphérique. La plus marquante est sans doute celle qui suit The Hermit, sorte de berceuse sur laquelle se greffe un sémillant thème de danse celtisant. Car c’est ensuite Rats and Monkeys qui, sans prévenir de préférence, fait ruer tout le monde dans les brancards. Jamais ART BEARS n’a accouché et n’accouchera d’une morceau aussi hystérique ! Sur une rythmique trépidante quasi techno toutes cymbales volant aux éclats et sur des salves répétées de dissonances violonistiques, Dagmar KRAUSE, métamorphosée en sirène, répète tel un mantra ces deux même phrases évoquant une invasion animale dans une ville en ruines. Un arrêt brutal, puis on en remet une couche avec un coda apocalyptique bien décidé à décimer les éventuels survivants à cet assaut sonique qui a dû estomaquer beaucoup de punks de l’époque.

À l’opposé, mais tout aussi extrémiste, c’est avec une voix presque cassée, fragile, infantile, assez inattendue de sa part en tout cas, que Dagmar KRAUSE entonne Winter, enchaîné à War, dans lequel la frappe « cutlerienne », obstinée autant que précise, et les notes de guitares hypnotiques égrenées par FRITH tapissent un terrain tendu que Force brise dans un accès d’épilepsie aigrie. En clôture, Three Wheels enveloppe tout ce parcours accidenté dans un concert énigmatique de cymbales renversées, de boucles de percussions et de notes guitaristiques suspendues. Tout le long de cette visite des bas-reliefs, contemplations sacrales et furies galopantes jouent à cache-cache, dévoilant un monde disparu aux secrets venimeux. Et si Winter Songs était une hallucination nécessaire ? La prise de conscience a toujours un prix…

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* Out of Seasons Songs… *

art-bears-rats-and-monkeysEn marge de son deuxième album, ART BEARS a réalisé un single avec en face A Rats and Monkeys (!) et en face B un morceau inédit mais lié au concept général de Winter Songs : Collapse. Imprégné d’une ambiance poisseuse aiguisée par les vocaux tourmentés de Dagmar KRAUSE (« le monde est sens dessus-dessous ») et les borborygmes sonores de ses deux complices, ce morceau est lui aussi inspiré d’un bas-relief.

art-bears-all-hailUne autre chanson inédite elle aussi enregistrée lors de la session de Winter Songs paraîtra en flexi-disc au Japon et sera incluse en 1982 dans la compilation Recommended Records Sampler. Il s’agit de All Hail !, sorte d’hymne revigorant au rythme soutenu qui aurait fait sans doute un bon single.

* Bears crowd the cities

Il faudra attendre deux ans pour voir apparaître le successeur de Winter Songs, mais durant cette période ART BEARS n’a pas hiberné pour autant. Mieux, il s’est même montré sur scène ! Eu égard à la façon dont les morceaux d’ART BEARS ont été conçus, les entendre jouer en concert était à priori chose impensable. C’est pourtant ce qui s’est passé en avril 1979, lors d’une tournée qui a commencé par l’Italie, passant inévitablement par Milan, où s’est tenu le deuxième festival Rock In Opposition, s’est poursuivi en France puis en Belgique. (Vous aurez remarqué l’absence de dates anglaises…) Pour jouer sur scène, le trio a fait appel à des musiciens additionnels – l’ami « slapphappyien » Peter BLEGVAD (guitare et basse) et Marc HOLLANDER d’AKSAK MABOUL (claviers, clarinette) – et s’est adjoint les compétences d’ingénieur du son d’E.M. THOMAS, qui avait réalisé les pochettes de disques, et celles de Graham KEATLEY pour les décors et les lumières.

Le répertoire était formé de morceaux des deux premiers albums et de reprises de SLAPP HAPPY en rappel. Les choses ont commencé à se gâter quand Dagmar KRAUSE est tombée gravement malade, l’obligeant à rentrer en Angleterre après un concert à Lille. Elle a toutefois rejoint le groupe pour un concert à Prague qui a bien failli tourner à l’émeute en raison d’un contexte politique difficile. Lart-bears-45-tes autorités policières ne voyaient pas en effet d’un bon œil (ni n’entendaient d’une bonne oreille) le débarquement de ces jeunes révolutionnaires… Néanmoins, on se doute que la présence en Tchécoslovaquie de Fred FRITH, de Chris CUTLER et des autres, eu égard à leur passé et leur « renommée », a ouvert une brèche salutaire pour toute la mouvance musicale underground du pays.

Un 45 Tours transparent conçu exclusivement pour les souscripteurs du troisième album a préservé un « souvenir » de cette unique tournée d’ART BEARS. Il contient en effet une version live, enregistrée lors du concert à Cantu, en Italie, du Coda to Man and Boy, soit une extension instrumentale de ce morceau de Winter Songs qui met en valeur le dialecte guitaristique si particulier de Fred FRITH.

ART BEARS – The World as it is Today (1981)

Fin août 1980, le trio se retrouve de nouveau dans le studio d’Etienne CONOD pour enregistrer un troisième disque. L’heure n’est pas au farniente : outre la canicule qui s’installe, la colère gronde dans les rues de Zurich et les gaz lacrymogènes en parfument l’atmosphère. FRITH, qui venait tout juste d’achever l’enregistrement de son album Speechless, dût écrire la musique du nouveau disque d’ART BEARS en un week-end et l’enregistrement s’est déroulé en encore moins de temps que pour Winter Songs : douze jours ! Ultime coup du sort, les deux compères ont dû de plus transiger longuement pour que le manager de Dagmar KRAUSE (et accessoirement son mari) accepte de la laisser chanter. Un contrat a même dû être signé, bouleversant la donne des relations amicales que les deux musiciens entretenaient avec la chanteuse auparavant.

Tous ces événements ont concouru à rendre l’enregistrement de ce troisième disque assez crispant et intense. Le monde était bel et bien en train de changer, ce qui a poussé Chris CUTLER à écrire des textes délibérément plus directs et explicites que ceux de Winter Songs. Face aux ravages du thatchérisme en Angleterre et du reaganisme aux États-Unis, la critique marxiste avance donc à visage découvert et se fait incisive. Inspiré par l’ouvrage de l’historien médiévaliste Norman COHN Pursuit of the Millenium, par des dessins de l’illustrateur George CRUIKSHANK ainsi que par une affiche situationniste, The World as it is Today est ainsi formé de trois types de compositions : quatre chansons (la chanson des investissements de capitaux à l’étranger, la chanson des martyrs, la chanson des monopolistes, et la chanson de la dignité du travail sous le capitalisme), « six cadavres dans les bouches de la bourgeoisie » (la vérité, la liberté, la paix, la civilisation, la démocratie et la loi), et… Albion, Awake !.

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Finis les labyrinthes, c’est sans détours qu’on fait sa fête, funèbre comme il se doit, au capitalisme ! « Je vide les villages, je brûle leurs maisons, j’installe des usines.. .», entend-on dans The Song of Capital Investment Overseas. « Les forts balayeront les faibles, les timorés disparaîtront, ainsi va le monde… », apprend-t-on dans The Song of the Monopolists. « La faim et la famine poursuivent leurs échanges », déclare-t-on dans (Armed) Peace, tandis que Freedom évoque « les dépossédés, les sans-abris, à qui l’on a dit d’être libres, libres d’être affamés, libres d’être serviles… », avec une Dagmar KRAUSE littéralement enragée, poussant des hurlements glaçants pendant deux minutes, accompagnée par une guitare frithienne habitée par des perversités atonales et une batterie cutlerienne vindicative et appuyée.

Dans ce cortège macabre, la démocratie est présentée comme le venin de scorpions envahissant le monde, sous un déluge sentencieux de cymbales (Democracy), et la Loi est chantée avec un air de cabaret pour comique-troupier (Law) ! Le constat est sans appel dans The Song of the Martyrs : « Les choses sont pires que jamais », et les frappes percussives passées à l’envers pour affermir le malaise.

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C’est sous un climat sombrement orageux et dans la résonance lugubre des cloches de Big Ben qu’est présentée la Civilisation, et c’est quasiment sous les pleurs que Dagmar termine The Song of the Dignity of Labour Under Capital, entraînée par un piano de plus en plus ivre et discordant, avant de se taire définitivement pour l’ultime pièce Albion, Awake ! Un texte avait pourtant été écrit, mais Dagmar le jugea trop violent et refusa de le chanter. Nous en sommes quittes pour essuyer un nouveau cyclone de bruits inversés et de notes trafiquées en guise de conclusion.

Le tour du « monde tel qu’il est » selon ART BEARS n’aura duré que 32 minutes, mais laisse des traces indélébiles de sinistrose. C’est presque avec hésitation et embarras que l’on reprend son souffle…

Cet album est clairement le plus engagé du trio, et celui dans lequel le travail de manipulation studio est le plus abouti, une fois de plus grâce à Étienne CONOD. Le climat malsain et l’urgence dans laquelle il a été conçu ont certainement conditionné son poids émotionnel en même temps qu’ils en ont validé le concept. FRITH et CUTLER se doutaient que ce serait le dernier album d’ART BEARS. Il était d’autant moins question de baisser les bras.

* News from ART BEARS

Si l’existence d’ART BEARS a été courte, son inspiration est restée à ce jour déterminante. Du reste, il n’a pas tardé à assurer sa descendance puisque, dès 1984, Chris CUTLER a fondé NEWS FROM BABEL en compagnie de son ancienne collègue de HENRY COW Lindsay COOPER (basson, saxophones, piano), principale compositrice, et de la harpiste Zeena PARKINS. Sur le premier disque de ce groupe paru en 1984, (Sirens and Silences / Work Resumed on the Tower) c’est comme par hasard Dagmar KRAUSE qui assure exclusivement le chant. Sur le second, Letters Home, sorti en 1986, des personnalités vocales de renom sont invitées, comme Robert WYATT, Phil MINTON et Sally POTTER. Les similitudes avec l’univers d’ART BEARS sont flagrantes (exploration dans un format chanson, recherche de timbres), avec cependant un penchant plus prononcé pour les ambiances fluides et introverties, la musique de chambre et les tonalités classiques contemporaines.

Les deux opus de NEWS FROM BABEL sont sans conteste indispensables à tout amateur de chanson avant-gardiste. La filiation avec ART BEARS sera poursuivie en 1992 avec le superbe disque de Chris CUTLER et de Lutz GLANDIEN Domestic Stories, aux colorations électro-acoustiques et qui voit la participation de l’indétrônable Dagmar KRAUSE, mais aussi de Fred FRITH et d’Alfred HARTH.

D’autres formations publiées sur le label ReR Megacorp, telles que THE (ec)NUDES, HAIL, s’inscrivent de même dans cette démarche couplant chanson et expérimentation, jusqu’au premier album de THE SCIENCE GROUP (avec Amy DENIO), que l’on peut considérer comme un descendant légitime d’ART BEARS. Et l’on aime à croire que la liste sera amenée à se prolonger…

* ART BEARS… as it is today

ART BEARS – The Art Box (6 CD) (2003)

art-bears-the-art-boxPublier les œuvres complètes (et même plus) d’ART BEARS dans un coffret, c’est une façon pour le label ReR de rendre un hommage luxueux au groupe qui a suscité sa création. Les 25 ans d’ART BEARS sont aussi 25 ans de disques «recommended», un tiers de siècle d’un réseau de production totalement indépendant et fermement décidé à le rester.

Reste à savoir si la conception d’un tel coffret était véritablement nécessaire. Les trois albums d’ART BEARS avaient en effet déjà fait l’objet d’une réédition CD par ReR en 1992. Celle de Hopes and Fears comprenait en outre les trois morceaux parus en single ou en compilation (All Hail !, Collapse et Coda to Man and Boy). Certes, ces morceaux auraient été plus à leur place en bonus sur Winter Songs, mais on a préféré faire figurer à la suite de celui-ci tout le troisième album, The World as it is Today. On a dû penser en effet que sa courte durée ne justifiait pas une parution CD indépendante. De fait, les oeuvres complètes d’ART BEARS figuraient seulement sur 2 CD. Qu’apporte donc de plus The Art Box ?

Présenté comme la «definitive and complete edition», ce coffret reprend d’abord les trois albums du groupe, mais cette fois ils figurent chacun sur un CD-digipack indépendant, et sans bonus de quelque nature que ce soit. Bref, une réédition puriste fidèle à l’esprit des 33 Tours d’origine. Chaque digipack reprend le contenu des livrets qui accompagnaient les premières rééditions CD, avec textes complets des chansons et illustrations, qui, cela dit, ne sont pas forcément celles d’origine. (Par exemple, la pochette de Hopes and Fears n’est pas exactement celle du disque vinyle, les commentaires qui l’accompagnaient dans un livret ont disparu et ont été remplacés par des citations.)

Il est cependant regrettable que les quelques coquilles commises dans les textes n’aient pas été corrigées pour l’édition en coffret. Pis, d’autres fautes ont été faites, quand ce ne sont pas des phrases entières qui ont disparu ! (Cf. le texte de Three Figures, dans Winter Songs.) En revanche, les erreurs d’indexage des morceaux sur la première édition CD de Winter Songs ont été corrigées, mais la liste des morceaux dans le livret comporte une erreur de numérotation, de même pour The World as it is Today (dix morceaux sont annoncés alors qu’il y en onze, et pourtant tous les titres sont mentionnés !). Ces quelques bourdes sont d’autant plus dommageables que les digipack en eux-mêmes sont réellement classieux.

Le véritable «bon point» de ces rééditions d’albums réside dans leur remastérisation. C’est, comme on pouvait s’en douter, l’inusable Bob DRAKE qui s’en est chargé, et il faut reconnaître qu’il a su faire ressortir maints détails sonores et insuffler une dynamique et un relief vraiment brillants à ces trois opus. Enfin, il convient de saluer l’excellence du livret de 28 pages qui accompagne The Art Box, avec diverses informations, photos, une note de Fred FRITH, un précieux entretien avec Chris CUTLER, le témoignage de Peter BLEGVAD sur l’aventure scénique du groupe et un pertinent commentaire sur le «making of» d’une chanson, First Things First, qui décortique point par point la méthode de composition d’ART BEARS. C’est ainsi toute l’histoire du groupe qui est mise en pleine lumière, et le travail d’analyse est à cet égard exemplaire.

ART BEARS Revisited

En complément de la réédition remastérisée des albums d’ART BEARS (et sans doute pour justifier la parution sous forme de coffret), la ART BEARS Box contient ce double CD qui, comme son titre l’indique, est une compilation de remixes de morceaux du groupe effectués par divers artistes et formations évoluant dans la sphère des musiques nouvelles, avant-gardistes et contemporaines.

Sans grande surprise, on y retrouve bon nombre de signatures du label ReR ou des sympathisants comme Bob DRAKE, John OSWALD, BIOTA, Otomo YOSHIHIDE, Brian WOODBURY, OSSATURA, Jon ROSE, Christian MARCLAY, Martin ARCHER, THE RESIDENTS, Stevan TICKMAYER, THE KALAHARI SURFERS, etc., …et tant qu’à faire, Chris CUTLER et Fred FRITH. Même le concepteur des pochettes des disques d’ART BEARS, E.M. THOMAS, a remixé picturalement ses oeuvres ! Le projet, prévu à l’origine pour célébrer les 21 ans d’ART BEARS, a pris plus de temps que prévu (6 ans !) en raison du nombre croissant de participants, et arrive à point nommé pour compléter le coffret.

Trois formes de travaux sont ici présentés : de simples remixes, conçus à partir des pistes d’un morceau d’ART BEARS ; des « reworks », eux aussi construits à partir d’une pièce précise mais à laquelle on a ajouté des éléments musicaux nouveaux ; et ce que l’on pourrait carrément qualifier de compositions inédites formées à partir du matériau de plusieurs chansons. On ne s’étonnera donc pas de pouvoir identifier aisément dans certains cas le matériau d’origine, et dans d’autres de ne pas le reconnaître du tout, ou si peu. Vu le contexte, la question de savoir si ces remixes ou reworks sont supérieurs aux morceaux originaux n’a pas vraiment à se poser. ART BEARS est peut-être remixable, mais certainement pas remplaçable.

Cela n’empêchera nullement chaque auditeur de trouver ces « revisites » intéressantes, à un degré ou à un autre, ou au pire distrayantes. Étant donné le pedigree des artistes sollicités, il n’y a de toute façon aucune trace de cette trivialité mercantile souvent inhérente au concept de remix. Ce qui importe, c’est surtout la façon dont chacun s’est approprié la matière musicale proposée. On peut ainsi évaluer toutes les nuances possibles et imaginables entre ce qui relève de l’adaptation et ce qui à trait plutôt au vampirisme, et mesurer les audaces des uns comme les outrages des autres.

Le grand paradoxe de cette affaire, c’est que les résultats, si variés et étonnants soient-ils, sont finalement prévisibles puisque les «remixers» font tous partie de la maison. Mais qu’auraient donné des remixes faits par des gens totalement indépendants de la sphère « recommended » ?

Les réponses eurent été sans doute plus dangereuses (pour ne pas dire catastrophiques), mais probablement aussi pas moins excitantes. S’il y a toutefois un obstacle de choix à la volonté d’accorder de l’attention à ce ART BEARS Revisited, – outre la propension de tout un chacun à répudier ce type d’exercice – c’est évidemment sa durée ! De toute façon, il est clair que ce n’est pas ce double CD qui servira d’argument principal à la décision de se procurer la ART BEARS Box, mais bien davantage les disques et le répertoire original du trio.

Est-ce la raison qui a poussé à faire figurer, à la fin du premier CD de ce double album, les versions originales des morceaux d’ART BEARS non disponibles dans leurs disques, Collapse et All Hail ! ? Autant se procurer la première édition CD de Hopes and Fears, sur laquelle ils sont présentés en bonus. Un autre argument plus tentateur est la présence, sur la fin du second CD de Revisited, d’un court morceau parfaitement inconnu et inédit d’ART BEARS, Rebirth, créé pendant la session de Winter Songs mais jamais terminé, et qui apparaît ici dans sa version finalisée. On aura incontestablement beau jeu de penser que cette chanson, tout comme les deux autres précitées, n’ont rien à faire dans ce contexte, si ce n’est de servir de faire-valoir… Ah ! et pour gâter le tout, il y a, concernant l’ordre d’apparition du remix de Stevan TICKMAYER, dans le second CD, une erreur de communication entre la jaquette et le livret. Précipitation, quand tu nous tiens…

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CD Bonus

art-bears-cd-bonusL’ultime surprise du coffret, c’est qu’il contient un CD Bonus. Cela signifie que les autres CD risquent d’être bientôt disponibles séparément à la vente, mais que celui-ci est exclusivement réservé aux acheteurs du coffret. En dépit de sa courte durée (34 minutes), il s’avère assez indispensable pour le fan puisqu’il contient des morceaux live d’ART BEARS, curieusement mélangés à d’autres remixes (au cas où ceux du double CD Revisited n’auraient pas suffi !) de Bob DRAKE, Fred FRITH, John OSWALD, BIOTA et Yasushi UTSUNOMIYA.

Une autre curiosité digne d’intérêt est cette remarquable version live de The Song of Investment Capitol Overseas, jouée trois ans après la sortie du dernier album d’ART BEARS (1984) lors d’un concert particulier donné à Berlin et intitulé « Music and Politics » par une formation assez exceptionnelle, DUCK AND COVER, regroupant les membres d’ART BEARS, de CASSIBER et quelques autres tel Tom CORA et George LEWIS, excusez du peu ! Ce n’est pas exactement un inédit, puisque la performance live de ce collectif est déjà parue dans le Volume I, N°2 de la revue créée par Chris CUTLER, ReR Quarterly.

Ce concert était en fait fondé sur une structure conçue par Heiner GOEBBELS utilisant des fragments de plusieurs morceaux mêlés à des séquences d’improvisation. Par conséquent, on regrette que le concert n’ait pas été restitué ici en intégralité (27 minutes), car il comprenait notamment une version live de l’épileptique Rats and Monkeys et des chansons empruntées au répertoire de Bertold BRECHT et d’Hanns EISLER qui s’inscrivaient fort bien dans le contexte d’ART BEARS.

On y retrouve ainsi la version live du Coda to Man and Boy déjà parue en single, mais aussi quatre morceaux live totalement inédits, peut-être enregistrés lors du concert de Charleville en avril 1979, mais on n’en est même pas sûrs ! La qualité sonore, si elle n’est pas de premier ordre, reste honnête mais la voix de Dagmar KRAUSE est hélas un peu noyée. C’est sans doute ce petit défaut de qualité qui a décidé à ne faire paraître que quatre extraits de ce concert au lieu de son intégralité. On a ainsi droit aux deux premiers morceaux joués (The Riddle, First Things First) et aux deux derniers (un extrait de The Dance, et The Hermit). C’est ce qui s’appelle se contenter des miettes qui laissent évidemment sur sa faim…

Si ce CD Bonus contient donc son lot de pépites, c’est la gestion de son contenu pour le moins hétéroclite qui est évidemment discutable, à moins d’envisager qu’une interprétation live est aussi une forme de remix ou de rework. Cela dit, il eut été à coup sûr plus logique de regrouper tous les remixes dans le double CD Revisited et de réunir les pièces rares d’ART BEARS (Collapse, All Hail !, l’inédit Rebirth) et les morceaux live d’ART BEARS et de DUCK AND COVER sur ce CD Bonus.

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Au total, il faut bien avouer que ce coffret est un objet conseillé pour la découverte comme pour la redécouverte d’un groupe dont la singularité et l’apport aux musiques dites nouvelles bénéficient ici de l’éclairage qu’il leur manquait jusqu’à présent. On en déplore d’autant l’accumulation de petites erreurs et incohérences relevées ça et là qu’une relecture générale plus consciencieuse aurait permis d’éviter mais que de trop courts délais de fabrication et de parution ont manifestement escamoté. Cela n’affecte en rien la valeur du contenu musical, encore que de nombreux fans auraient certainement préféré avoir, en complément des trois albums légendaires, davantage de matériau live inédit et se seraient largement contentés d’un seul volume de remixes.

À cet égard, The Art Box reflète toute l’ambiguité de la notion d’édition « définitive et complète » et sa paradoxale connotation d’inachevé. C’est une façon de dire qu’on n’en aura peut-être jamais fini avec le cas ART BEARS.

Site : https://en.wikipedia.org/wiki/Art_Bears

Label : www.rermegacorp.com

Article réalisé par Stéphane Fougère
(originellement publié dans TRAVERSES n°11 – juin 2004)

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