FAUST – Nobody Knows if it ever Happened (DVD)

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FAUST – Nobody Knows if it ever Happened (DVD)
(Angst Muzik)

Hiver 1996, Londres, le soir du 1er décembre : des pompiers débarquent devant la salle The Garage, d’où émane une inquiétante fumée. Ce sont les premières images de ce DVD. Que s’est-il donc passé ? On revient alors environ une heure et demi en arrière, alors que le groupe FAUST investit la scène de cet antre sombre et bas de plafond. Jean-Hervé PÉRON éructe dans le micro : « Allez vas-y, droit devaaaannnnt ! » C’est le coup d’envoi d’une soirée qui s’avérera phénoménale ! On remarque que la scène est cernée de grillages. Ils sont donc si sauvages que ça, les FAUST ? Un peu, mon neveu, et tu n’as encore rien vu !

Le légendaire groupe allemand, réapparu très sporadiquement sur scène dans les années 1980, puis de manière plus insistante depuis 1994, n’était pas revenu dans la capitale anglaise depuis son concert en 1992 au Marquee, qui avait brièvement fait l’objet d’une publication en CD sur Table of the Elements.

Cette fois, le trio de base Werner « Zappi » DIERMAIER, Hans-Joachim IRMLER et Jean-Hervé PÉRON est augmenté d’un nouveau guitariste, Steven Wray LOBDELL, ainsi que d’une femme sculpteur, Insa WINKLER. Car oui, pendant tout le concert, une sculpture métallique sera montée devant la scène, les travaux de soudure occasionnant de belles giclées d’étincelles et dont les bruitages ajouteront au climat indus-artisanal produit par l’instrumentarium du groupe, qui comprend scie à métaux, bétonneuse, scie circulaire, barres de fer en plus des habituels claviers, guitare, basse et percussions.

Démarrant avec un Hurricane bien nommé et bien azymuté, FAUST a revisité avec une belle vigueur des morceaux antédiluviens comme The Sad Skinhead, J’ai mal aux dents, mais des pièces plus récentes tirées des albums Rien et You Know FAUST, tel Listen to the Fish et Na Sowas, se sont imposées sans problème, laissant augurer d’un retour en grande forme pour le groupe.

Le concert a aussi été émaillé de performances hallucinantes : une récitation d’un poème par Zappi en allemand, doublée par Jean-Hervé en français ; l’attaque à la scie à métaux par le même Zappi d’une énorme citerne, sur laquelle viendra aussi frapper à grand coups de barre le sieur « Cro-Magnon-PÉRON » ; une envolée de feuilles mortes dans la salle ; et, sur un fond de bruitages laissant croire qu’on est en temps de guerre, une incroyable performance d' »action painting » du même PÉRON, à poil pour la circonstance, qui éclaboussera de peinture fraîche un mur de pochettes de disques (les fameuses BBC Sessions collectors) avant de revenir sur scène jouer à la guitare acoustique, les doigts bien peinturlurés, des morceaux issus des FAUST Tapes, à savoir Der Baum et Chère Chambre.

Dans ce capharnaüm sonique, un moment de recueillement quasi surréaliste est imposé par les sons orgue d’église d’IRMLER durant Na Sowas… avant qu’une nouvelle déflagration ne se produise.

Ce sidérant concert-happening s’achèvera de la manière la plus faustienne qui soit : une asphyxiante apocalypse fumigénique qui explique les premières images du film. Ahurissant !

Cinq caméras ont filmé l’événement, et de fort belle manière au demeurant, combinant le professionnalisme et l’artistique. Outre des plans serrés qui permettent de voir tout ce qu’il y a sur scène et tout ce qui s’y passe, de superbes effets « floutés » et de ralenti épousent les mouvements des musiciens. On est vraiment au cœur du concert, et au sein même de l’acte musical dans l’instant.

Le film est accompagné d’un documentaire sur les « coulisses » de FAUST, réalisé par Arthur HOWES, Struktur, qui retrace toute l’installation de son bazar scénique, ainsi que d’un morceau bonus, une interprétation de Flashback Caruso apparemment extraite de la session acoustique de Jean-Hervé PÉRON durant le concert.

C’est en tout cas un DVD à regarder absolument tant il éclaire FAUST sous l’un de ses meilleurs jours, jonglant avec la création et la destruction, faisant faire le tour du cadran à la roue de la vie le temps de sa performance. On sort du visionnage aussi révulsés que ces pauvres spectateurs contraints de quitter les lieux, mais tellement heureux… Pourquoi tant de chaos ?, se demande Jean-Hervé PÉRON à la fin. Tout simplement parce qu’il ne pouvait en être autrement…

Stéphane Fougère

(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°22 – juillet 2007)

Page : https://www.faust.com/music/rock/faust-band/

Distribution : www.orkhestra.fr

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