Geoffrey ORYEMA – Spirit

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Geoffrey ORYEMA – Spirit
(Saint George / Sony Music)

Il a fallu attendre quatre ans pour voir apparaître (et écouter) le successeur de Night to Night, le troisième album de Geoffrey ORYEMA, qui s’est avéré être aussi le dernier pour Real World / Virgin. Avec son quatrième opus, l’artiste ougandais entame une ère nouvelle. Et pour ceux qui ne l’auraient pas compris, Spirit, sorti au début de l’année 2000 chez Sonopress, ressort en cette fin de même année chez Sony… augmenté de deux titres.

À part ces ajouts, rien n’a changé, ni la pochette, ni l’ordre des morceaux. Mais la signature sur une nouvelle major témoigne de la notoriété acquise par l’artiste ougandais.

Précipitons-nous pour dire de suite que les deux bonus ne sont autres que les deux morceaux chantés en français par Geoffrey qui avaient été écartés de la première édition du disque pour paraître sur un obscur et discret CD single promo… Il s’agit de Lapin au sésame, amusante bluette interprétée par Geoffrey ORYEMA et Loy EHRLICH (fidèle complice qui se commet aussi dans l’excellent HADOUK TRIO) et de John mon frère, version française de Omera John, immanquable composition de l’album au rythme soutenu qui rend hommage au frère de Geoffrey, décédé il y a onze ans. Ainsi son esprit est-il loué par deux reprises dans cette réédition de… Spirit, le très justement nommé.

Car des esprits, cet album n’en manque pas : outre son frère, Geoffrey ORYEMA évoque aussi son père (Spirit of my Father). Il est également question d’un homme hypnotisé par une étoile, d’une pierre magique… 

Les racines de Geoffrey s’expriment toujours aussi fortement, sauf que cette fois il ne s’agit plus d’entretenir la sempiternelle image du réfugié meurtri… Avec cet album, Geoffrey ORYEMA est bien décidé à afficher son goût pour la pop anglo-saxonne. Signes caractéristiques, les percussions le cèdent à la batterie, les guitares électriques s’immiscent entre deux accords acoustiques et les programmations et claviers tissent de nouvelles harmonies sur la guitare acoustique, le lukeme et la calebasse fraîchement débarquée de Geoffrey. 

Un autre indice qui pèse lourd dans la balance est cette reprise inattendue d’un titre des TALKING HEADS, Listening Wind (album Remain in Light), énigmatique à souhait… Il est amusant de signaler que ce morceau est co-écrit par David BYRNE et Brian ENO, et que c’est ce dernier qui devait produire Spirit avant d’être remplacé pour cause d’indisponibilité par Rupert HINE, le vrai responsable de cette transformation sonore (mesurée cependant).

Tant pis donc pour ceux qui espéraient un retour dans la féerique et nostalgique Land of Anaka… Geoffrey ORYEMA plaide en la faveur du métissage ethno-pop-rock, ce qui somme toute, correspond mieux à ce qu’il est aujourd’hui, ce à quoi il s’est ouvert dans ses terres d’adoption (l’Angleterre, puis la France). Qu’il chante en atcholi, en anglais ou en français, Geoffrey ORYEMA – qui affiche sur la pochette un look « guerrier masaï » trompeur et révélateur tout à la fois – continue cependant et par-delà cette production (trop ?) léchée à fasciner par son seul organe vocal, chaud et plaintif, capable d’alterner de puissants graves et de surprenants aigus.

On s’en assurera à l’écoute de cette troublante No Ballads Ballad, la seule qui renvoie éventuellement l’écho de Exile. Geoffrey ORYEMA explique : « Le producteur ne tenait pas à la présence d’une ballade sur l’album. Mais celle-ci était tellement belle qu’on l’a gardée. » Pour paraphraser un proverbe, l’émotion à ses raisons…

Stéphane Fougère

 

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