RED CARDELL – La Scène…

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RED CARDELL – La Scène…
(Kas Ha Bar / Avel Ouest / Coop Breizh)

Il y a une intransigeance dans la ligne de conduite du trio breton RED CARDELL que l’on pourrait ériger en définition incarnée de l’honnêteté artistique. En une dizaine d’années d’existence et du fait de son intégration précipitée dans le courant du « rock celtique », le groupe aurait pu succomber à de très tentantes sirènes médiatiques. On en connaît, des formations de rock celtique ou de « world celto-fusion » qui devraient remercier RED CARDELL d’avoir été là avant.

Mais RED CARDELL n’a pas souhaité être solidaire des feux de paille et a préféré tracé son sillon dans la durée, là où d’autres se sont échoués dans le reflux ou ont renié piteusement le navire. Le trio, constitué de Jean-Pierre RIOU (guitares, chant), Jean-Michel MOAL (accordéon) et Ian PRÖERER (batterie), a connu les dépôts de bilan prématurés des maisons de disques, les abandons des sociétés d’exploitation… Las, Ian PROËRER a fini par déclarer forfait en 2001. Cela aurait pu signifier l’implosion du groupe ; il n’en est rien.

Pour ses dix ans, le « fumier rouge », qui n’a jamais manqué de santé, s’en est refait une en s’injectant du sang neuf. C’est en l’occurrence celui de Manu MASKO, batteur du groupe de Niort JOHN DOE, qui a été choisi pour revivifier le rouge intrinsèque du plus tripal des fumiers que la Bretagne ait eu à humer. Et contre toute attente (même si on l’attendait depuis longtemps au point de ne plus y croire…), c’est avec un disque live que RED CARDELL refait surface.

En général, un live a valeur anthologique. Il faut ajouter à celui-ci une vertu régénératrice. Cette dernière est due en grande partie à l’attirail du nouveau venu. Avec sa batterie électronique, ses samples et ses machines (qu’utilisent aussi les deux autres piliers du groupe), Manu MASKO métamorphose la configuration de quelques morceaux-cultes de RED CARDELL (An Dro, Rouge, Conlie, Parliament…), ravivant ainsi ses « trois douleurs rouges » et sa vision du « rock n’roll comédie » tel qu’il s’est plu à les conter jusqu’ici.

La Scène retenue pour cette célébration est celle de « La Tête raide » de Brest, et l’enregistrement s’est tenu en janvier 2002 devant un public envoûté. Cela se ressent à l’écoute du disque : l’hymne We’ve got to be alone est chanté a capella par les auditeurs présents à tue-tête pendant plus de deux minutes ! L’extase…

Sur 27 morceaux joués, seuls 11 ont été retenus sur ce CD. C’est peu, soupireront certains, qui ne manqueront pas de compter les « classiques » absents (tel À Montparnasse) et regretteront le manque de morceaux inédits, comme cela avait été prévu.

Qu’à cela ne tienne, un album de remixes avec des morceaux absents ici est prévu pour bientôt ! Pour les non-initiés, ce live se révèlera être une brillante et exemplaire illustration du « bluesy-breizh-orientalo-groove » dont RED CARDELL a fait sa signature et avec laquelle il trace son chemin, imperturbablement, de routes en scènes…

Druidix

Site : www.redcardell.com/

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°11 – octobre 2002)

 

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