Thierry ZABOITZEFF – Alice

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Thierry ZABOITZEFF – Alice
(Atonal)

thierryzaboitzeff_aliceCinquième opus solo de Thierry ZABOITZEFF, Alice est aussi la troisième réalisation de son époque « after-artzoydienne », caractérisée par une collaboration étroite avec la chorégraphe autrichienne Editta BRAUN. Au même titre que Heartbeat et India, Alice est une œuvre de commande, mais qui a cette fois servi pour une production française de Stéphane VÉRITÉ, le spectacle Alice, c’est merveilleux non ?

L’allusion à l’œuvre de Lewis CARROLL n’aura échappé à personne, mais le spectacle comme sa bande musicale sont loin d’être une illustration stricto sensu du roman original. (Remarquez, la version « cartoon » de DISNEY non plus !)

L’album ayant pour sous-titre Les Chants d’Alice et du vieux monde, la chanson et la récitation de textes y sont très présents, alternant avec des pièces instrumentales dont la matière musicale est faite à base de boucles mélodiques minimales, de rythmes ethniques « soft », beaucoup de sons de piano, de claviers, mais peu de guitare ou de basse, quelques vents, et un égrenage de bruitages subreptices, de voix samplées, des rires, des pleurs, le tout dépeignant des ambiances douces-amères au mieux poétiques, au pire soporifiques, baignant par endroits dans la naphtaline.

Sans support visuel, la musique d’Alice capte difficilement l’attention de l’auditeur sur la longueur (près d’une heure quand même), ce qui n’était pas forcément le cas des deux précédentes musiques de spectacle de ZABOITZEFF. C’est comme si ce dernier avait dilué le vin et le sel de ses idées, tant l’ensemble apparaît trop sage, limite exsangue. Si certaines séquences musicales distillent encore des climats ambigus, les chants en français – et en voix « normale » – et les récitatifs plombent définitivement l’écoute de l’œuvre, d’autant que l’accompagnement musical est plutôt « light », statique, froid, traînant parfois en longueur (notamment sur la pièce la plus… longue !).

Certes, le thème du spectacle est très éloigné des ambiances du cinéma d’horreur impressionniste dont le Dr. ZAB s’était fait naguère l’illustrateur sonore. Au moins, on ne pourra pas dire que ZABOITZEFF fait dans la redite ou qu’il s’est endormi sur ses lauriers de « pionnier artzoydien ». Il fait ici valoir d’autres facettes de son langage sonore mais de façon trop unilatérale et déconcertante. De fait, ce CD est en deçà d’India et de Heartbeat.

On aurait aimé que les rêveries d’Alice tournent un peu plus au cauchemar, histoire de rééquilibrer la balance et de moins souffrir du décalage tant horaire qu’artistique. L’autre côté du miroir n’est pas celui qu’on croyait…

Site : www.zaboitzeff.org

Stéphane Fougère
(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°7 – octobre 2000)

 

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