We All Believe in Utopia

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We All Believe in Utopia
(In-Poly-Sons / Musea)

Si la conjoncture économique n’a pas été (on le saura) à la fête en 2009, la conjoncture de mes cheveux blancs, elle, a été plus que florissante. La faute en est à ce temps qui passe et qui célèbre les 40 ans d’untel, les 20 ans de Machin… et voilà que le label In-Poly-Sons s’y met aussi, puisqu’il célèbre également ses vingt années de bons et pimpants services à la gloire des musiques pataphysiques parfois bricolées avec deux bouts de ficelle. Mais le jour où le défrichage des sentiers battus fera son âge, il y aura de quoi s’inquiéter ! Par définition, des musiques rafraîchies et rafraîchissantes auraient plutôt des vertus réjuvénilisantes.

On en aura une fois de plus la preuve avec cette nouvelle compilation thématique d’In-Poly-Sons qui, dans la foulée d’Ubu et la Merdre (la première pierre, premièrement mémorable !), Hardis Bruts, No More, no Mouroir et autres Pechno Hits, vient re-sonner la charge, à l’occasion de « l’âge bête » du label, des ritournelles non décérébrées mais pas prises de tête pour autant.

Et pourtant, derrière cet assemblage hétéroclite de piécettes de rock déglingué ou dégénéré, de musique-jouet, de soundscapes électro ou environnementaux, de bricolo-pop acidulée, de post-rock décomplexé et d’avant-rock théâtralisé, où les jeux de mots fusent bons enfants et les sons ne s’embarrassent pas de domestication stérile, c’est bien un combat sempiternel qui est exprimé, celui en faveur de l’utopie ubuesque, de l’espoir dodelinant, des sourires béats aux dents longues et aux langues bien pendues, bref « du folklore imaginaire, de la rigolade et de la poésie sincère » (sic).

Ils sont venus, ils sont tous là ou presque, ces Utopistes récidivistes que l’on cherche de plus en plus à réduire au silence : ils se nomment KLIMPEREI, Mme PATATE, Rocket MATSU (des PASCALS), Frédéric LE JUNTER, Pierre BASTIEN, Jérôme NOETINGER, LA S.T.P.O., David FENECH, Jean-François PAUVROS, Pascal AYERBE, ITOKEN, Dominique GRIMAUD, et j’en passe… Ils ne parlent pas tous le même langage mais parlent d’une même voix pour vanter leur éphémérité, leur fragilité, leur incongruité, leur ludique lucidité et leur esprit de contradiction face au rouleau-compresseur d’une mondialisation nivellante et raboteuse de rêves.

Plus que jamais, il est temps d’utopiser, et les exemples déployés ici apportent un sacrée rasade d’air non vicié ! On aurait bien imaginé Lars HOLLMER (SAMLA MAMMAS MANNA, ACCORDION TRIBE…) collaborer à cette saine entreprise d’Utopisation : il n’en a malheureusement pas eu le temps, aussi ce CD lui est-il logiquement dédié.

En espérant que les autres absents de ce projet mais qui sont encore de ce monde continueront à œuvrer pour l’azymutage de l’esprit utopisant… « L’utopie se décline mais ne s’incline pas » déclare à juste titre le label. Si c’est pas de l’engagement, ça ! « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans », disait l’autre. Pensez donc : ce n’est pas à vingt ans que ça va s’arranger !

Stéphane Fougère

Label : http://inpolysons.free.fr

(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°27 – décembre 2009)

 

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