WILLIAM EATON ENSEMBLE – Naked in Eureka

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WILLIAM EATON ENSEMBLE – Naked in Eureka
(Canyon Records)

Les artistes réunis au sein du WILLIAM EATON ENSEMBLE proposent de nous entraîner, avec cet album, dans un voyage musical hors du temps et des normes. Si vous voulez nous suivre, en avant ! On part tout de suite. Et pas la peine d’attacher vos ceintures, aucune secousse n’est prévue.

Le glissement de la lyraharp guitar (instrument de confection artisanale qui combine les sons de la lyre, de la harpe et de la guitare acoustique) débute le premier morceau, Naked in Eureka, bientôt accompagné, tel un train traversant le désert au siècle dernier, par les basse, flûte, violon et djembe, pour se transformer en une pièce mi-country, mi-musique « de chambre du monde ». Violon et lyraharp guitar accélèrent le voyage à grand renfort de cordes, quand retentit le coup de gong destiné à ralentir, pour mieux admirer le paysage qui s’offre à nos yeux (ou plutôt à nos oreilles !).

Car il aurait été dommage de passer trop vite à côté du superbe et majestueux Pollen Dance, où la flûte et le violon virevoltent en chœur et s’entrecroisent tantôt au rythme des congas, tantôt en harmonie avec les cordes. Voici un disque qui aurait pu, se dit-on à cet instant, être enregistré il y a plusieurs siècles, au temps où la musique de chambre était au goût du jour… Mais la présence de ces innombrables percussions tribales (djembe, gourd water drum, congas…) n’aurait sans aucun doute pas été tolérée à cette époque. Et ce disque a le privilège d’être destiné à des publics ouverts aux mélanges aussi différents que les amateurs de musiques classique, contemporaine et de percussions tribales.

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A Stone’s Throw instaure avec beaucoup de bonheur un dialogue entre la flûte de pan, qui vient remplacer la flûte occidentale, et les vocalises surprenantes de Mary REDHOUSE, suivi de Far East, Mid West, qui se présente plus sobrement comme une berceuse jouée à la guitare acoustique, ornée de flûte, violon, congas, et du violoncelle de Rachel HARRIS, invitée également sur Tansen’s Waltz.

Discovering Fire tranche avec cette atmosphère de rêve. L’ambiance est ici donnée par une percussion particulière nommée « gourd water drum » aux sonorités amples et sourdes, accompagnée de « taos drums », qui nous replongent dans l’atmosphère de la guerre du feu : percussion tribales, bientôt rejointes par la flûte et lyraharp guitare, puis par le chant des musiciens.

Cavern of the Wind Spirit nous éloigne de la préhistoire, débutant joliment avec la lyre à 16 cordes de William EATON, doublée par un violon de Allen AMES nommé « Violira ». Les sons purs des deux « lyres », fabriquées par les artistes eux-mêmes, s’harmonisent parfaitement dans cette improvisation. La flûte de pan accompagne Mary dans ses vocalises, le tout étant rythmé par quantités de percussions.

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Longing for Kali reprend un semblant de simplicité grâce à la guitare acoustique, et au chant de Mary qui conduisent cette pièce de toute beauté, bientôt rejoints par un violon aux envolées contrôlées, la flûte et les congas.

Toltecs on the Balcony voit arriver d’étranges instruments appelés « boo bams » (encore de la fabrication des artistes), longs tubes de bambou qui produisent des vibrations. Ce morceau nous entraîne dans une ambiance mystérieuse et mystique, presque « new-age acoustique ».

San Juan Wedding, est guidé par la voix de Mary REDHOUSE, accompagnée des murmures et du chant de Claudia TULIP et William EATON, et reste dans la veine des autres compositions classisantes (lyraharp guitar, flûte, violon, triangle, djembe). Malgré ses intonations fortement sud-américaines, ce n’est pas ce morceau qui vous fera danser.

Diamond in the Sky est une improvisation de Keith JOHNSON enregistrée dans des conditions particulières : Keith regardait s’amuser des enfants lorsqu’il se mit à jouer de la kora (harpe africaine). William EATON, ainsi que le preneur de son de l’équipe, n’ont pas manqué de conserver ce « bijou », ponctué des voix des enfants, sur une bande pour nous en faire profiter.

Tansen’s Waltz, nous emmène cette fois plus loin, en Orient. Ce raga, doublé d’une valse (il fallait oser !) est dédié à TANSEN, musicien indien du XVIe siècle. William EATON utilise cette fameuse « spiral clef » qui possède le son du sitar, agrémenté par la flûte et le violon (cet instrument unique est celui qui figure sur la pochette de l’album).

Nous allons terminer le voyage… en Arizona. William EATON ne nous a pas emmenés au Tibet, il a attendu la venue des artistes. Les Moines de Drepung sont arrivés en septembre 1995 en tournée en Arizona. Durant leur présence, différentes rencontres sur les thèmes de la paix et de la culture avaient été organisées, dont une d’ailleurs sur les similitudes des peintures de sable tibétaines et navajo, des débats et un concert, auquel ont été invités William EATON et son ENSEMBLE, ainsi que le flûtiste traditionnel Amérindien Robert TREE CODY. De cette rencontre est née The Fire Within, une improvisation autour des chants des Moines de Drepung, qui a permis à chacun d’écouter l’autre avec respect afin de mêler les cultures dans une conversation musicale fort intéressante.

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Voilà, nous avons fait le tour du monde en une heure. C’était comme un rêve : nouveau, hallucinant, beau et féérique.

Sylvie Hamon
(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n° 1, novembre 1997)

Lire notre article sur William EATON

Site du label Canyon Records : http://canyonrecords.com

Extraits du CD en écoute

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